Scream 4

Scream 4
Titre original:Scream 4
Réalisateur:Wes Craven
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:13 avril 2011
Note:
Le jour du dixième anniversaire des horribles meurtres de Woodsboro, Sidney Prescott, une des rares survivantes du massacre, retourne dans la ville qui l’a rendue célèbre pour y présenter son nouveau livre. Elle y retrouve l’ancienne journaliste Gale Weathers, désormais l’épouse du shérif Dewey Riley. Leur réunion est vite endeuillée par de nouvelles attaques de l’assassin qui appelle ses victimes avant de les trucider. Sa prochaine cible paraît être Jill Roberts, la cousine de Sidney Prescott.

Critique de Tootpadu

Un membre incontournable de la même génération des maîtres de l’horreur à laquelle appartiennent également John Carpenter et George A. Romero, le réalisateur Wes Craven est assez lucide pour savoir que ses meilleurs jours sont loin derrière lui. Contrairement à ses contemporains, exilés aux extrémités du cinéma de genre, où ils sont condamnés à se répéter à l’infini, voire contraints à la retraite anticipée tout court, le père des Griffes de la nuit a su se réinventer au moment opportun, par le biais d’une série de films d’horreur mi-terrifiants, mi-amusants, qui vivent justement de leur discours sur le genre et son penchant à tout refaire. Scream et ses suites ont au moins le mérite de s’interroger sur leur propre raison d’être, là où un univers comme celui de Saw ne se ressource que d’un recyclage stérile. En somme, Wes Craven avait accompli jusqu’à présent avec une certaine élégance le grand écart entre une expérience terrifiante à l’ancienne, avec des tueurs sans merci qui surgissent quand on s’y attendait le moins, et une leçon édifiante dans le second degré, par lequel jure exclusivement notre civilisation occidentale, tellement blasée par la face désagréable de la réalité qu’elle lui répond avec un mélange narcissique d’ironie et de cynisme.
La recette n’a guère changé en dix ans, depuis Scream 3. La mise en boîte est toujours aussi astucieuse, par exemple à travers une longue introduction, qui nous fait passer par deux faux départs, avant que le massacre ne puisse réellement commencer. La narration s’amuse visiblement à jouer avec les attentes des spectateurs, et si nous savons apprécier pareils clins d’œil dépourvus d’une réelle mesquinerie, ils empêchent le récit à être plus qu’une resucée convenable d’une formule au point dès la révélation Scream. Tous les efforts de la part du scénario de Kevin Williamson de remettre la traque du tueur au goût du jour, en faisant amplement référence aux réseaux sociaux virtuels et autres formes de représentation de soi dans notre ère de la célébrité au rabais, sonnent un peu désespérés, dans le cadre d’une intrigue malgré tout très conventionnelle, jusqu’à la conclusion à rallonge dans la plus pure tradition du cinéma hollywoodien des années 1990.
Scream 4 constitue donc un chapitre supplémentaire plus que satisfaisant dans une saga, qui s’était fait voler quelque peu la vedette par Saw et compagnie ces dernières années. A l’image du trio d’acteurs principaux, plutôt bien conservés, mais eux aussi complètement perdus de vue depuis au moins un lustre. Pour se remettre dans le bain, Wes Craven ne lésine pas sur les apparitions éclair rapidement zigouillées – sans doute en hommage au rôle emblématique de Drew Barrymore –, puisqu’il se sert d’une façon très expéditive d’actrices comme Anna Paquin, Heather Graham, ou encore Mary McDonnell. Le réalisateur paraît en outre avoir désigné son héritier légitime, puisque la série de films d’horreur dans le film, d’ores et déjà arrivée jusqu’au septième épisode, est signée Robert Rodriguez.

Vu le 11 mai 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 24, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Souvent, les critiques de cinéma classifient le cinéma de genre, comme le film d'horreur, en tant que sous-genre. Il n’en est pourtant rien. De grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock (Psychose), Sam Raimi (Evil dead), John Carpenter (Halloween) et surtout Wes Craven (Scream, Les Griffes de la nuit) ont bâti une grande part de leur notoriété en clouant littéralement les spectateurs dans leur fauteuil tout au long de la projection de leur film. Retenir l'attention du spectateur est ce que recherche tout réalisateur qui se respecte, car cela signifie obtenir une adhésion totale à son œuvre. Les « slasher movies » occupent une part prépondérante dans la classification des films d'horreur et permettent au spectateur d’assister aux premières loges à des meurtres originaux en toute impunité et en ayant réellement peur. Des films comme Vendredi 13 et Halloween ont porté à leur paroxysme ces dits films d'horreur, où la peur profonde découlait de rebondissements multiples et d'une musique angoissante. Ils s'opposaient donc au renouveau du genre commencé dans les années 2000, quand de nombreux réalisateurs, comme Eli Roth, Marcus Nispel, Quentin Tarantino, et Robert Rodriguez, préféraient tout montrer dans le but de choquer les spectateurs et plus les effrayer. Pourtant, un réalisateur réussit l'amalgame de ces deux épiphénomènes en imposant les pires outrages au spectateur tout en l’effrayant par la même occasion. Hormis le film La Musique de mon cœur qui détone dans sa filmographie, Wes Craven s’est donné corps et âme au cinéma d’horreur et est devenu de film en film un véritable maître de l’horreur (La Dernière maison sur la gauche, La Colline a des yeux, Shocker et la saga Scream).

En 1997, Scream avait littéralement renouvelé le genre et avait surtout permis aux « slasher movies » de toucher un plus grand public. Ce premier film de la saga inspirée de Wes Craven était le plus bel hommage qu’un réalisateur puisse rendre au cinéma d’horreur, en y dégageant les règles pour rester en vie et surtout éviter une mort inévitable et subite. Le premier opus sur un scénario ciselé à la perfection permit non seulement de révéler Kevin Williamson et d’établir sa notoriété, juste avant d’être le créateur de la série culte « Dawson ». Il permit surtout de mettre en exergue Neve Campbell comme la Laurie Strode des années 1990. Le second opus dépassa nos attentes en imposant un film d’horreur culte, puissant et superbement mené. Neve Campbell, David Arquette et Courteney Cox reprenaient leurs rôles et étaient entourés de jeunes talents, issus du monde des séries (Sarah Michelle Gellar, Omar Epps, Joshua Jackon). Par la faute d’un scénario pas suffisamment élaboré, le troisième fut une semi-réussite et mit fin à la saga pendant onze ans. Ce nouveau opus était donc attendu avec une grande impatience. En dix ans, le film d’horreur classique a laissé place à des films produits à la chaîne, sans réelle profondeur (Hostel, Destination finale, Saw).

Scream 4 dépasse nos attentes à bien des égards. Kevin Williamson a réussi une nouvelle fois à se surpasser en remettant à jour et en rendant hommage aux deux premiers opus. La technologie et les nouveaux médias sont donc à l’honneur dans ce nouvel opus au succès à venir certain. Wes Craven nous livre un excellent thriller où l’identité du ou des tueurs est un véritable rebondissement et ne se laisse pas découvrir facilement, hormis si vous êtes un vrai geek. Neve Campbell est de nouveau resplendissante et son jeu électrise tout ce long-métrage. La réussite de Scream 4 tient aussi aux seconds rôles solides, aux différents clins d’œil à plusieurs classiques du genre, et à des preuves d’humour très bienvenues. Enfin une nouvelle fois la bande musicale du film nous fait découvrir de nouveaux talents.

Ce film est donc un thriller horrifique digne d’un plaisir coupable total. Nous n’avons qu’une envie : que la saga puisse continuer en présence de certains des trois acteurs principaux.

Vu le 12 avril 2011, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder: