Le dernier voyage

« j’ai gardé l’idée que l’humanité va droit dans le mur, et que le héros ne se reconnaît plus en elle » - Romain Quirot

Après deux cent jours de fermeture, les salles de cinéma peuvent enfin réouvrir en France et on ne dira jamais assez qu’un film doit d’abord être découvert au cinéma et ensuite revu chez soi pour en saisir toutes les subtilités et surtout revoir les moments qui nous ont fait aimer un film en question. Pour ces retrouvailles tant attendues, nous avons pu nous immerger totalement dans l’une des salles de notre cinéma préféré en France (celui de Los Angeles reste celui du ArcLight Hollywood qui a fermé ses portes) pour découvrir un film de science-fiction français soit une rareté tant le dernier en mémoire reste celui de Luc Besson Valérian et la Cité des mille planètes (Valerian and the City of a Thousand Planets) (2017). 

Le dernier voyage co-écrit et réalisé par Romain Quirot qui signe ici son premier long en adaptant son court métrage le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R se révèle certes imparfait mais remporte aisément notre attention car on sent la présence derrière la caméra d’un réel passionné de cinéma autant français qu’américain. Cette passion dévorante se ressent non seulement par le soin autant porté aux effets spéciaux (tous réussis) mais aussi à la musique qui accompagne le récit. Il en ressort un film certes assez court mais qui nous tient en haleine pendant tout le récit et surtout nous propose une réelle immersion dans un futur pas si éloigné dans lequel la terre vit à première vue ses derniers jours.

L’action se déroule ainsi dans un monde dévasté et qui semble mourir suite à la négligence des humains. Alors qu’une lune rouge exploitée sans vergogne par les humains pour son énergie et qui se trouve près de la terre, un cri d’alarme inquiétant annonce que celle-ci a changé sa direction et se dirige droit sur la terre. La collision de cette lune rouge avec la terre entrainerait la fin de notre planète. Le seul pouvant réussir à détruire cette lune rouge est un certain Paul W.R qui suite à son refus d’accomplir cette mission prend la fuite et se retrouve en plein désert poursuivi par un étrange personnage mais aussi par des sortes de robots. Paul va pourtant faire la rencontre d’une jeune adolescente, Elma qui va non seulement changer sa manière de percevoir le monde mais aussi avoir un rôle important. 

Certes le scénario n’est pas totalement original et on sent bien l’influence de nombreux réalisateurs comme David Cronenberg, Luc Besson (la présence du comédien Jean Reno n’est pas fortuite), Georges Lucas (Star Wars), Steven Spielberg, Ridley Scott sur la manière d’appréhender le récit du réalisateur Romain Quirot. Pourtant pour son premier film, celui-ci se révèle assurément surdoué pour tirer le maximum de moyens que l’on sent limité. Tenant parfaitement la distance par rapport à certains blockbusters américains et surtout bénéficiant d’une très belle photographie, Le dernier Voyage (The Last Journey) est assurément un film fait pour être vu au cinéma tant il réussit à créer une véritable ambiance inquiétante et apocalyptique. 

Le dernier Voyage (The Last Journey) s’impose aisément par sa volonté de reposer sur d’excellents comédiens comme Hugo Becker (parfait dans le rôle principal de Paul W.R), Paul Hamy (Elliott W.R), Lya Oussadit-Lessert (Elma) mais aussi dans des rôles secondaires importants Jean Reno (Henri W.R), Philippe Katerine (Animateur radio) et Brunot Lochet (Cesar). Ce casting parfaitement maitrisé donne au film une réelle fraicheur et un souffle nouveau  et surtout témoigne de la volonté du réalisateur de placer l’histoire au centre même du film et d’avoir des comédiens prêts à s’investir dans le premier film d’un réalisateur remarqué jusque là pour ses courts métrages ambitieux. 

Une autre réelle surprise du film Le dernier Voyage (The Last Journey) sont les nombreux effets spéciaux de Digital district qui donne à ce film une aura toute particulière. Que cela soit les voitures volantes (clin d’œil évident à Blade Runner), ces plans de l’espace, ceux apocalyptiques qui jalonnent le récit. Tout concorde assurément le grand soin porté par le réalisateur Romain Quirot de s’entourer d’une excellente équipe aussi bien devant que derrière la caméra. Assurément, depuis les films de science-fiction de Luc Besson, on n’avait rarement vu en France une telle approche aussi réussie de ce genre.

Contrairement à certains confrères comme Télérama qui ne semblent pas avoir saisi totalement la portée de ce film, on ne peut que défendre celui-ci qui montre bien que le cinéma français est capable de donner vie à des films de science-fiction aussi ambitieux que réussis. Assurément, Romain Quirot est un réalisateur à suivre et dont Le dernier Voyage (The Last Journey) marque assurément des débuts très prometteurs.

Le dernier Voyage (The Last Journey)
Réalisé par Romain Quirot
Produit par David Danesi et Fannie Pailloux
Ecrit par Romain Quirot, Antoine Jaunin et Laurent Turner
Avec Hugo Becker, Paul Hamy, Lya Oussadit-Lessert, Jean Reno, Philippe Katerine, Émilie Gavois-Kahn, Bruno Lochet, Jean-Luc Couchard
Musique : Étienne Forget
Directeur de la photographie  : Jean-Paul Agostini
Montage : Romain Quirot
Sociétés de production : Apaches Films
Distribué par Tandem (France)
Date de sortie : 19 mai 2021 (France)
Durée du film : 87 minutes

Vu le 19 mai 2021 au Gaumont Disney Village, Salle 10 place A18 

Note de Mulder: