Spotlight

Lorsque le cinéma devient un véritable plaidoyer pour la liberté d’expression de la presse et nous livre un thriller haletant aussi fort émotionnellement que parfaitement interprété on ne peut que le soutenir et encourager à qu’il soit reconnu et apprécié à la hauteur de ses qualités. Tom McCarthy réalisateur et co-scénariste (avec Josh Singer) a pu trouver la tonalité parfaire pour adapter sur grand écran cette enquête qu’a mené le Boston Globe en 2002 afin de mettre à jour un réseau pédophile au sein de l’église catholique. Le film retrace donc la minutie de ces journalistes faisant honneur à leur profession et rassemblant le maximum d’informations pour dévoiler l’un des plus grands scandales de ce début de siècle. On pense évitablement en découvrant ce film à celui d’Alan J Pakula Les Hommes du Président (1976) même si le traitement de Tom McCarthy diffère par sa volonté d’éviter tout sensationnalisme et nous livrer une véritable reconstitution sans fard.

Loin de sa dernière comédie avec Adam Sandler The Cobbler Tom McCarthy revient à définir réellement ce que devrait être la profession de journalistes actuellement. Ces personnes s’engageant totalement dans leur métier montre que le journalisme au fil du temps a perdu de sa consistance. Dans la recherche permanente d’augmenter ses tirages ou d’améliorer son audience, il devient pratiquement impossible d’avoir de tels résultats dans notre contexte actuel. Comme le montre si bien le film, certaines affaires ne sont pas approfondies par la presse voire laisser en jachère faute de pouvoir retenir l’attention du public. Dans la concurrence accrue actuelle entre la presse écrite et le web de plus en plus de sujets ne trouvent plus leur place. En cela Soptlight est une réussite totale, un rappel à notre morale et surtout le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à ces héros de temps modernes.

La dimension politique du film sous-jacente dresse un portrait assez glaçant de notre société actuelle. Une société gangrènée par l’argent moyen de faire oublier certains méfaits en évitant de les rendre public. Le constat que dresse le générique de fin nous montre bien que le mal est toujours présent et ne s’arrête pas à la ville américaine de Boston. Pour trouver un tel réalisme les véritables journalistes qui ont pu dévoiler ces agissements néfastes de l’église catholique ont été consultants et permettre au film de trouver sa propre entité. Spotligh est non seulement un grand film mais surtout un divertissement captivant qui rend hommage à ces grands films à thèses.

Le réalisateur bénéfice également d’un casting prestigieux qui rappelle bien qu’un excellent scénario est l’élément central de la réussite d’un film. On retrouve ainsi Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams et Liev Schreiber dans les principaux rôles. Spotlight témoigne de la force du cinéma indépendant américain (production Participant Media, Anonymous Content, Rocklin / Faust,First Look Media) pour nous livrer de grands films sur des sujets d’actualité. Certes le rythme du film tranche avec les productions récentes et nous renvoient plutôt à celui des années 70/80 et les nombreux dialogues renforcent la profondeur des personnages et évite de recourir à toutes scènes d’action spectaculaires. La minutie des détails, le jeu des comédiens parfait et un véritable regard de réalisateur donnent à Spotlight une platine millésimée. Spotlight s’impose comme l’un des meilleurs films de ce début d’année à voir et revoir.

Vu le 29 janvier 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 8, en VF

Note de Mulder: