Concert (Le)

Concert (Le)
Titre original:Concert (Le)
Réalisateur:Radu Mihaileanu
Sortie:Cinéma
Durée:122 minutes
Date:04 novembre 2009
Note:
Il y a trente ans, Andreï Filipov était le chef d'orchestre acclamé du Bolchoï de Moscou. Mais son refus d'exclure les musiciens juifs lui avait coûté son poste, en plus de lui attirer les foudres de Brejnev. Depuis, il travaille comme homme de ménage dans les mêmes murs qui avaient vu ses plus grands succès. Par hasard, il intercepte un fax du Théâtre du Châtelet, qui cherche de toute urgence un remplacement pour l'orchestre de Los Angeles qui lui a fait faux bond. Filipov flaire alors l'occasion rêvée depuis des lustres pour enfin diriger le concert de Tchaïkovski. Grâce à l'aide de ses amis et des anciens musiciens du Bolchoï, il rassemble un orchestre de fortune et s'envole avec lui à Paris, où il doit rencontrer la soliste française Anne-Marie Jacquet, dont il suit attentivement la carrière depuis longtemps.

Critique de Tootpadu

Les imposteurs sont de retour. Trois mois après qu'Uberto Pasolini évoquait les aventures des joueurs de handball improvisés dans son Sri Lanka National Handball Team, voici un autre conte abracadabrant sur des amateurs, qui se font passer auprès des instances européennes du sport ou de la culture pour des pros. A la différence près que le retour sur le tard d'un chef d'orchestre humilié procède à un chantage émotionnel bien plus voyant et artificiel que l'odyssée des réfugiés sri lankais. De même, la tâche énorme de rassembler à temps et en dépit de nombreuses embûches les participants nécessaires à l'aventure laisse bien trop vite la place à une histoire de filiation larmoyante et inutilement alambiquée.
En gros, pour son quatrième film, le réalisateur Radu Mihaileanu n'a pas lâché une seule des ficelles narratives et formelles avec lesquelles il opérait déjà si laborieusement dans Va, vis, et deviens, le succès public de longue haleine d'il y a bientôt cinq ans. Et comme dans son film précédent, la conclusion déborde de bons sentiments et de dispositifs filmiques peu élégants. Même si ces retrouvailles dans l'esprit et l'harmonie s'accompagnent du sommet musical du Concert, c'est la célébration dévergondée d'un folklore hétéroclite auparavant, qui a su nous séduire davantage. Les préjugés sur les juifs, les gens du voyage, l'oligarchie russe, et les communistes, pour ne citer qu'eux, fusent certes de tout bord. Mais le ton débridé du film aide efficacement à faire passer la pilule. Tout son entrain s'avère par contre inoffensif, lorsqu'il s'agit de rendre crédibles, faute d'être supportables, les retours en arrière réguliers, qui dénaturent encore un peu plus le récit.
La nature extraordinairement fourre-tout de ce film très inégal se retrouve en toute logique dans sa distribution franco-russe, qui surprend surtout du côté hexagonal. Même les rôles les plus insignifiants sont tenus par des comédiens de renom, qui ne produisent point d'étincelles avec le peu de matière que leur fournissent leurs personnages. On est ainsi étonné de voir apparaître brièvement Eric & Ramzy dans un film, qui n'a strictement rien en commun avec les comédies débiles dans lesquelles ils s'aventurent habituellement. Par contre, le jeu une fois de plus navrant de Miou-Miou ne fait que prolonger la longue série de mauvais choix de la part d'une comédienne, qui ne nous enthousiasme plus depuis longtemps. La jeune garde ne fait guère mieux, puisque Mélanie Laurent est très loin ici de l'intensité qu'elle a su développer dans son rôle, pas plus consistant que celui d'Anne-Marie Jacquet, dans Inglourious basterds de Quentin Tarantino.

Vu le 27 octobre 2009, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après l’excellent A l'origine déjà distribué par Europa Corp, il semble que la société de distribution de Luc Besson a décidé de redorer son blason et de ne plus produire exclusivement des films commerciaux, estampillés public de banlieue comme Taxi ou Banlieue 13. Non seulement, cette firme réussit à nous livrer des films d'actions réussis comme Transporteur 3 et Taken, mais aussi à distribuer des œuvres solides et intéressantes.

La manière dont Radu Mihaileanu a élaboré son film nous rappelle en quelque sorte le classique The Full Monty. En effet, la plupart de ces 55 musiciens russes, qui viennent jouer au Théâtre du Châtelet à Paris sous la direction du grand et intègre chef d'orchestre Andrei Filipov avaient abandonné leur carrière de musicien, car il était mal vu en Russie de laisser une troupe juive jouer au Bolchoi. Les temps changent : la perestroïka, les nouveaux riches (envers lesquels le réalisateur semble avoir une rancœur personnelle). La Russie s'ouvre ainsi vers l'Occident comme ce film le montre. En associant des comédiens et comédiennes russes à des acteurs français, comme l'excellente Mélanie Laurent (sûrement à l'heure actuelle l'une des plus grandes actrices françaises), François Berléand (qui semble mener sa carrière de main de maître), Miou-Miou (une erreur de casting évidente ici), et même Ramzy (autre erreur, sa scène n'amenant rien à l'intrigue), le réalisateur nous livre un film fort sympathique et surtout réussit à capter toute mon attention pendant la durée de son film.

Nous passons donc de moments comiques à des moments dramatiques et surtout, nous avons droit à la fin du film à une des plus belles scènes de concert classique que le cinéma ait pu nous livrer depuis fort longtemps. Ce film pourrait être vu comme une montagne russe, sur laquelle, après avoir difficilement atteint le cap le plus haut (soit sa fin), nous avons le droit d'assister à un grand moment de cinéma. Les scènes de confrontation entre Mélanie Laurent et Aleksei Guskov sont de grandes scènes, car ces deux personnes se sont réellement investis dans leur rôle et sont capables de transcender les faiblesses du scénario de ce film pour gagner toute mon attention. A l'heure actuelle, les films français réussis sont trop rares pour être ratés. Il est donc primordial de se rendre dans nos salles pour découvrir ce beau film. Au vu de l'excellent résultat au box-office cette semaine, ce film est donc non seulement un succès critique mais également public.

Vu le 7 novembre 2009, au Gaumont Disney Village, en VF

Note de Mulder: