Sri Lanka National Handball Team

Sri Lanka National Handball Team
Titre original:Sri Lanka National Handball Team
Réalisateur:Uberto Pasolini
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:19 août 2009
Note:
A Colombo, le barman Manoj et son ami Stanley font les démarches afin d'obtenir un visa pour l'Allemagne. Mais leur demande est refusée, puisque seule leur volonté de mieux gagner leur vie à l'étranger motive leur souhait d'immigration. Découragés, ils tombent par hasard sur l'invitation à un tournoi international de handball en Bavière. Même s'ils n'y connaissent rien à ce sport, ils forment une équipe, faite d'amis de fortune et d'autres opportunistes, et soumettent à nouveau leur dossier au consulat allemand.

Critique de Tootpadu

Le ton a beau être léger, cette première réalisation du producteur Uberto Pasolini est avant tout un hymne déchirant à l'inventivité et à l'esprit de persévérance et d'initiative, face à la précarité. En cela, ce film se démarque sensiblement des autres comédies sportives à caractère estival, comme Rasta rockett de Jon Turteltaub, Satreelex The Iron Ladies de Yongyooth Thongkonthun, et Esprit d'équipe de Robert Ingi Douglas. Ici, le sport n'est qu'un prétexte pour les athlètes imposteurs, afin d'être admis dans le pays de leurs rêves. Leur but initial n'est pas d'affirmer leur identité et leur différence par le biais de la formation d'une équipe redoutable, mais tout simplement de duper l'administration réticente avec une série de ruses ingénieuses.
La force du désespoir les pousse ainsi à l'impensable, un peu comme les chômeurs dans The Full Monty de Peter Cattaneo, dont Uberto Pasolini avait assuré la production à l'époque. Le schéma narratif s'apparente en effet largement au film anglais, où l'effort commun avait porté des fruits insoupçonnés. A la différence notable près que le cadre relativement préservé des métropoles industrielles désaffectées, typiques de l'Angleterre, est remplacé ici par la misère matérielle et morale des bidonvilles du Sri Lanka. En comparaison avec le marasme existentiel oppressant que cherchent à fuir Manoj, Stanley et leurs amis, les déboires de Gaz et ses copains paraissent comme des inconvénients mineurs qu'apporte une oisiveté imposée par le chômage. Cependant, la mise en scène ne tombe jamais dans la surenchère dramatique pour souligner la misère, comme le faisait par exemple si lourdement le récent Slumdog millionaire de Danny Boyle. Le piège potentiel d'un misérabilisme facile est adroitement contourné ici, grâce au ton globalement optimiste et à la description sans préjugés des conditions de vie des personnages.
Petit à petit, le drame humain de ces milliers de réfugiés, qui tentent chaque année d'avoir accès aux miettes de notre propre aisance matérielle, prend ainsi une forme concrète à travers le sort guère exceptionnel de ces aventuriers des temps modernes. Sans disposer d'énormément de détails sur chacun des personnages, nous ressentons néanmoins l'essence de leur dignité humaine, qui subsiste en dépit des esquives parfois humiliantes qu'ils ont trouvées pour survivre dans la précarité qui définit leur existence. Par conséquent, la très belle leçon d'humanité qu'est Sri Lanka National Handball Team nous a fait couler des larmes chaudes de compassion et d'émotion, plutôt que de provoquer le rire face à une situation d'inégalité des chances qui n'a strictement rien d'amusant.

Vu le 2 juin 2009, à la Salle UGC, en VO

Note de Tootpadu: