Va, vis et deviens

Va, vis et deviens
Titre original:Va, vis et deviens
Réalisateur:Radu Mihaileanu
Sortie:Cinéma
Durée:148 minutes
Date:30 mars 2005
Note:
Au début des années 1980, quelques milliers de juifs éthiopiens sont menés au Soudan pour être rapatriés en Israël, la terre de leurs ancêtres qui est enfin prête à les accueuillir. Pendant la longue marche, un tier des refugiés périt en raison de l'épuisement, de la faim ou des maladies. Dans le camp de transition, une femme chrétienne, refugiée elle aussi, voit une femme juive perdre son enfant, du même âge que le fils de la première. Elle oblige alors ce dernier à se faire passer comme juif, afin d'échapper à la misère et à la mort probable qui l'attend s'il reste avec sa mère chrétienne. Sous le nom de Schlomo, le garçon fera sa vie en Israël, adopté par une famille juive progressiste. Mais il n'oubliera jamais sa mère qu'il a dû abandonner.

Critique de Tootpadu

Pourquoi un pays qui a le plus grand mal à trouver un semblant de paix produit-il des films en nombre important qui promeuvent une humanité modérée et tolérante ? On ne parle évidemment pas ici de l'hystérique Prendre femme, ni du péplum tiède de Ridley Scott, mais des petits films sympathiques qui nous proviennent d'Israël depuis un certain temps. Que ce soit Le Voyage de James à Jérusalem, Bonjour, Monsieur Shlomi ou Tu marcheras sur l'eau, toutes ces oeuvres mettent en scène une société israélienne en pleine transformation, qui s'interroge sur ses origines autant que sur son avenir. Une démarche qui est encore approfondie dans ce film émouvant, qui ne sait malheureusement pas s'arrêter à temps.
Le parcours de Shlomo, aussi exceptionnel soit-il, est en effet traité en longueur ici. A travers trois temps clefs de sa vie, symbolisés par trois comédiens différents, nous suivons ce jeune homme au secret bien gardé. Ce secret justement, il est l'inversion d'un subterfuge historique, qui permettait à quelques juifs de survivre du temps de la persécution par les nazis (cf. à ce sujet Europa, Europa d'Agnieszka Holland). Toutefois, cette honte de ses origines est temporairement supplanté par des considérations d'ordre racial. Pendant ses deux heures et demie, le film fait preuve d'une volonté excessive de se charger de tout - le judaïsme, la race, la perte de la mère, les problèmes sentimentaux - pour finalement s'approprier aucun de ses sujets. Organisé comme une biographie filmique ample et majestueuse, il ne fait pas assez confiance aux courts instants intimistes qui font pourtant sa force.
Si l'on est ainsi ému jusqu'aux larmes lorsque le jeune Shlomo commence doucement à s'intégrer dans sa nouvelle vie (symbolisée par la nourriture), la fin ultra-prévisible n'arrive non seulement au bout de trop de revirements dignes d'un feuilleton de télé, mais elle constitue également la seule véritable maladresse formelle du film.

Vu le 10 mai 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16, en VO

Note de Tootpadu: