Inglourious basterds

Inglourious basterds
Titre original:Inglourious basterds
Réalisateur:Quentin Tarantino
Sortie:Cinéma
Durée:153 minutes
Date:19 août 2009
Note:
En 1941 dans la France occupée, Shosanna Dreyfus échappe de près au colonel nazi Hans Landa, un chasseur de juifs redoutable. Trois ans plus tard, elle s'est installée à Paris sous le nom d'Emmanuelle Mimieux et y exploite un cinéma de quartier. La rencontre avec le soldat Frederick Zoller, dont les actes héroïques sont le sujet d'un nouveau film allemand de propagande, va obliger Shosanna d'organiser la première prestigieuse de ce film, La Fierté de la nation, dans sa salle, en présence du ministre Goebbels. Elle compte se venger du massacre de sa famille, en mettant le feu au cinéma ce soir-là. Mais une unité spéciale de l'armée américaine, surnommée "les bâtards", qui collectionne les scalps des soldats nazis, s'est également fait convier à la fête, par le biais de l'agent double et vedette du grand écran Bridget von Hammersmark.

Critique de Tootpadu

A chaque nouveau film de Quentin Tarantino, nous avons l'impression d'écrire essentiellement la même chose : qu'il sait mettre sa cinéphilie hors pair au service d'un hommage consacré à des pans méconnus de l'histoire populaire du cinéma, et qu'il s'acquitte de cette tâche avec plus ou moins d'adresse et d'ingéniosité formelle. Vu que le réalisateur se nourrit tant de tout ce qui l'a précédé, l'appréciation de ses films devient problématique, en raison de leur facture à mi-chemin entre la continuité d'une oeuvre personnelle et riche en références et le pillage répétitif et opportuniste de genres au mérite artistique controversé. Peut-être l'oeuvre de Quentin Tarantino divise-t-il autant la critique, parce que sa démarche de créateur d'un cinéma à la fois facilement accessible et respectueux envers ses confrères d'une autre époque le rend si caractéristique de notre temps, profondément indécis entre le progrès et les leçons à tirer du passé ?
Toujours est-il que son nouveau film, couronné au dernier festival de Cannes par le prix d'interprétation masculine amplement mérité pour Christoph Waltz, excelle une fois de plus dans la résurrection d'un divertissement caduc - en l'occurrence les films de guerre italiens et autres westerns spaghettis des années 1960 et '70 - avec des moyens conséquents, dont les réalisateurs d'antan ont seulement pu rêver. Tarantino ne rend pas simplement hommage en évocant de façon superficielle quelques codes du genre, mais en les sublimant un par un, bien au delà de leur origine commerciale première. Les chapitres successifs de Inglourious basterds s'apparentent ainsi à un enchaînement de morceaux de bravoure isolés, à une sorte de patchwork filmique dont les éléments pris séparément paraissent plus réussis que la globalité du récit.
La frénésie de la citation se ressent d'emblée, avec cette longue première séquence, qui colle presque trop au rythme pondérant de Sergio Leone pour dégager une dynamique dramatique personnelle. Et l'exercice se répète encore et encore, avec parfois des scènes qui interpellent surtout par leur aspect dispensable, comme l'introduction du lieutenant Hicox. L'exécution formelle est bien sûr toujours très soignée et elle sait préserver le plus souvent l'équilibre précaire entre la beauté plastique et la transmission d'informations nécessaires à la progression de l'intrigue. Mais avant que les fils disparates de l'histoire ne se réunissent en un point culminant lors de la soirée au cinéma, le souffle épique est confiné consciencieusement à l'intérieur de chaque unité du scénario. L'établissement d'un lien entre ces dernières est rendu d'office impossible par le traitement distinct que Quentin Tarantino réserve à chaque chapitre.
Du coup, on ne s'ennuie rarement ferme devant cette histoire de guerre, dont le côté le plus violent est indubitablement l'aisance avec laquelle elle dispose de ses personnages, bien plus imprévisible et radicale que l'évacuation scénaristique des acteurs de renom dans le récent Démineurs de Kathryn Bigelow. Le fait de ne jamais trop savoir qui va s'en sortir, dans ce théâtre de guerre partiellement fictif, nous garde au moins autant dans un état d'esprit alerte, que les choix musicaux anachroniques et d'autres écarts formels passablement osés.
Enfin, le point continuellement exceptionnel de ce film plutôt inégal et décousu, c'est évidemment l'interprétation de Christoph Waltz. Son colonel Hans Lada joue constamment avec nos nerfs et ceux de ses adversaires, sans révéler à aucun moment combien il sait ou anticipe réellement. L'interprétation subtile de ce personnage hautement machiavélique apporte une continuité fort appréciable au sein d'un film, qui s'inscrit, pour le meilleur et pour le pire, dans la démarche artistique à double face de Quentin Tarantino.

Vu le 21 octobre 2009, au Publicis Cinémas, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

A Tobias, Ludovic, Robin et Sylvain

Certains films ont le grand mérite de pouvoir être découverts au cinéma et revu en DVD avec le même plaisir.

Chacun des films de Quentin Tarantino se regarde avec le même plaisir coupable, car non seulement ce réalisateur est un surdoué, mais également un excellent scénariste et directeur d' acteurs.

Ce film fait se juxtaposer à notre plus grande joie deux histoires : celle de la vengeance de la directrice d'un cinéma et d'une armée américaine prenant plaisir à scalper et à tatouer des nazis. Quentin Tarantino a l'art de raconter des histoires pleines de rebondissements et surtout suffisamment structurées, afin de ne laisser aucun temps mort inutile.

De film en film, le style de Quentin Tarantino ne cesse de mûrir et à chercher par tous les moyens possibles à étonner les spectateurs. Ce film, sans être aussi révolutionnaire qu’Avatar, réactualisé une nouvelle fois la manière de mettre en scène un film de guerre. Quentin Tarantino est un passionné de cinéma et ses films tirent leur influence de tout ce que ce réalisateur a pu ingurgiter. Les références aux films de Sergio Leone, appuyées par la reprise d'un air d’Ennio Morricone, aux 12 salopards et à d’autres classiques du genre sont ici nombreuses.

Ce film repose sur un casting fort attrayant et permettant à chacun des protagonistes de nous livrer une interprétation mémorable. Brad Pitt, Mélanie Laurent et surtout Christoph Waltz irradient l'écran de leur présence. Le réalisateur a l'art de relancer la carrière en déclin des stars (John Travolta) ou de faire découvrir des acteurs inconnus en dehors de leur pays d'origine (Christoph Waltz).

La grande force de ce film est également de reposer sur de longues tirades remplies d'ironie et d'une force incroyable (scène dans l'auberge au début du film). La scène d'ouverture de Pulp fiction commençait autour d'une table, ce film en fait de même. Quentin Tarantino part donc de situations que l'on pourrait caractériser comme issues de la vie normale pour les dynamiter peu à peu. Ce constat peut se vérifier dans l’excellent Reservoir Dogs et Jackie Brown.

Inglourious basterds s'impose comme une nouvelle réussite de l'un des plus grands réalisateurs américains. Si vous l'avez raté en salle, je vous conseille de vous précipiter sur le DVD ou Blu-ray.

Vu le 22 août 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 2, en VF
Revu le 11 février 2010, en VOD

Note de Mulder: