Slumdog millionaire

Slumdog millionaire
Titre original:Slumdog millionaire
Réalisateur:Danny Boyle
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:14 janvier 2009
Note:
Le jeune Jamal Malik de Mumbai, un orphelin issu des bidonvilles qui travaille comme servant dans un centre d'appels téléphoniques, est l'improbable candidat au jeu télévisé "Qui veut gagner des millions ?". Il répond correctement à chaque question, jusqu'à ce que la police l'interpelle sur un soupçon de tricherie. Alors qu'il est attendu à la reprise de l'émission le lendemain, où il devra répondre à l'ultime question qui lui rapporterait vingt millions de roupies, Jamal raconte à l'inspecteur comment il a pu arriver jusque là.

Critique de Tootpadu

Notre petite tradition personnelle, par rapport aux films pressentis pour figurer parmi les favoris aux Oscars et qui nous déçoivent profondément, est hélas une fois de plus sauve cette année, avec ce coup de coeur supposé du public, que nous qualifierions plutôt comme de la manipulation pure et simple, dégoulinant de bons sentiments. Les Lost in translation, Babel, et autres Into the Wild ont donc trouvé de la compagnie aussi désagréable qu'eux en ce deuxième essai raté de Danny Boyle, après Millions, avec un film qui tourne autour d'enfants et d'une forte somme d'argent.
Ce n'est pas tant le regard d'un étranger sur l'Inde qui dérange ici qu'un dispositif narratif extrêmement lourd et artificiel. Même si nous étions prêts à admettre que Slumdog millionaire ne soit qu'un conte à la Dickens, situé de nos jours dans le monde foisonnant des mégapoles indiennes, la structure de son intrigue sans le moindre naturel et soumise à une finalité mélodramatique et sucrée jusqu'à l'indigestion nous tiendrait définitivement à l'écart des quelques enjeux du film potentiellement dignes d'intérêt. Comme si le cadre du jeu télévisé populiste ne suffisait pas pour encombrer la narration, le récit de Jamal au commissariat, avec ses innombrables retours en arrière et ses sauts mentaux, l'enferme au delà de tout espoir d'une rédemption formelle dans la prétention la moins supportable. Chaque tragédie, grande ou petite, de l'existence de Jamal se trouve magnifiée jusqu'à l'excès par cette double perspective tortueuse, qui souligne encore le caractère manichéen de l'histoire.
Car la mise en scène de Danny Boyle et le scénario de Simon Beaufoy se montrent aussi peu scrupuleux dans ce qu'ils racontent, que dans la façon alambiquée à travers laquelle ils tentent maladroitement de faire passer leur message. L'histoire du film dans son ensemble, de sa conception laborieuse jusqu'aux thèmes développés sans finesse, répond à des exigences très consensuelles, qui privilégient invariablement les solutions les plus aptes à colporter sa vision misérabiliste du monde. Dans tous les domaines, de la photo clinquante à la bande originale triviale, le trait forcé instaure ainsi un tel sentiment d'artifice et de manipulation ciblée, que l'histoire universelle de l'homme idéaliste, qui poursuit son rêve et son amour malgré et contre tous, en perd toute sa saveur.

Vu le 10 décembre 2008, à la Salle Pathé Lamennais, en VO

Note de Tootpadu: