
Titre original: | 3h10 pour Yuma |
Réalisateur: | James Mangold |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 123 minutes |
Date: | 26 mars 2008 |
Note: | |
Démobilisé de la guerre de Sécession avec une seule jambe, Dan Evans a le plus grand mal de faire vivre sa femme Alice et ses deux fils sur sa petite ferme. Alors que les dettes s'amassent sur sa tête à cause d'une longue période de sécheresse et que ses créditeurs emploient la manière forte pour récupérer leur argent, Evans craint pour l'avenir de ses terres et de sa famille. Après le braquage sanglant d'une diligence, le bandit célèbre Ben Wade est arrêté à Bisbee, avec l'aide de Evans. Puisqu'il manque des hommes pour transférer Wade à Contention, d'où le train des prisonniers devra l'emmener à Yuta, Evans n'hésite pas une seconde avant de se faire engager pour une forte somme d'argent. Mais les hommes de Wade ne tardent pas à se mettre aux trousses du convoi pénitentiaire improvisé.
Critique de Tootpadu
Ce n'est pas parce que le genre du western s'est fait particulièrement rare ces dernières années qu'il faut sauter de joie face au premier exemple venu de ce pilier du cinéma hollywoodien des années 1950 et '60. Mais lorsque le retour vers l'Ouest est mené avec autant de sérieux que dans ce septième film de James Mangold, il ne nous reste plus qu'à souhaiter que les studios deviennent plus entreprenants dans ce domaine trop longtemps délaissé ! Car ce remake du film de Delmer Daves est le western le plus abouti depuis l'Open range de Kevin Costner.
Sans la moindre fioriture inutile, James Mangold plonge dans l'action dès les premières minutes du film, pour ne plus en ressortir avant la fin. Le rythme soutenu de la narration ne se base toutefois pas exclusivement sur des fusillades explosives et une traque de plus en plus oppressante, au fur et à mesure de l'élimination des gardiens de Wade. Le fond psychologique de l'histoire s'avère en effet au moins aussi fascinant que les échanges de feu, au mixage sonore à toute épreuve.
Le regain de confiance et de respect d'un protagoniste, qui n'avait rien de héroïque au début, fonctionne ainsi comme le fil rouge peu ordinaire de l'intrigue. Mais ce rachat ne s'opère guère facilement. Le profil psycholgique des personnages principaux est en effet plutôt complexe, jusqu'au revirement du dernier acte qui voit un changement d'attitude de la part de Wade pas dépourvu d'interrogations problématiques. En même temps, ce retournement de la dynamique entre Evans et Wade confère à leurs rapports une complexité, qui renforce encore la richesse thématique du film.
Enfin, techniquement parlant, 3h10 pour Yuma n'est pas loin d'être une révélation, dans les domaines de la musique originale de Marco Beltrami, justement nommée aux Oscars, de la photo et du montage, ainsi que du son. Parmi les interprétations, c'est surtout Russell Crowe qui intrigue, avec un rôle dont la perfidie se trouve aux antipodes des héros exemplaires qu'il incarne habituellement.
Vu le 4 mars 2008, au Club 13, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Je dois reconnaître que, jusqu'à présent, je pensais que le genre du western était définitivement enterré, surtout après la merde absolu de Jan Kounen, Blueberry - l'expérience secrète. Pourtant, ce genre a connu son heure de gloire dans les années 1970 et 80. Les films de Sergio Leone (Le Bon la bête et le truand, Il était une fois dans l'Ouest) continuent à être vus avec le même plaisir, malgré leurs multiples diffusions. Et le western a même connu son renouveau par l'intermédiaire de Kevin Costner et de son chef-d'œuvre Danse avec les loups.
3h10 pour Yuma est le remake du film éponyme réalisé en 1957 par Delmer Daves. Dans l'original, Van Heflin interprétait le personnage de Dan Evans, tenu dans la nouvelle version par Christian Bale. Glenn Ford jouait quant à lui Ben Wade, incarné cinquante ans après par Russell Crowe. Le film de 1957 était resté dans nos mémoires pour l’excellente composition de Glenn Ford. Le film est donc une nouvelle fois un remake, dont les Américains sont friands, et se laisse voir avec un certain plaisir, même si le tempo du film est plutôt lent et l’action plus psychologique que physique. Reste que cet excellent western est vraiment très intense, par l’échange de jeu de Russell Crowe et de Christian Bale, une nouvelle fois convaincants.
Le semi échec du film sur le territoire américain (57 millions au box office) explique le fait que ce film a mis sept mois avant d’arriver dans nos salles et que le DVD import était déjà disponible à la vente. Reste que les Américains nourris au « fast food » et au coca sont guère friands de films mûrs et réfléchis. Ce film plaira plus aisément aux spectateurs européens.
Ce film est du point de vue critique une nouvelle réussite pour James Mangold, après ses excellents films qu’étaient Copland (un des meilleurs rôles de Sylvester Stallone), Identity et Walk the Line. Ce réalisateur peut apparaître comme un excellent directeur d’acteurs, qui réussit surtout, de film en film, à garder son intégrité et à faire de ses films des œuvres marquantes.
Enfin, une nouvelle fois, je réitère toute mon admiration pour Christian Bale, qui est selon moi le meilleur acteur de sa génération. Il sait être présent à la fois dans des grands blockbusters (Batman begins) et dans de petits thrillers espagnols (The Machinist). Steven Spielberg avait vu juste en lui confiant son premier rôle en 1988 dans L’Empire du soleil.
Vu le 29 mars 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 9, en VF
Note de Mulder: