Walk the Line

Walk the Line
Titre original:Walk the Line
Réalisateur:James Mangold
Sortie:Cinéma
Durée:136 minutes
Date:15 février 2006
Note:
En retraçant le destin du chanteur country-rock Johnny Cash, Walk the line évoque la naissance d'un nouveau style d'artiste, celle d'un homme qui au-delà de ses colères, des ravages de la dépendance et des tentations du statut de star, a tout dépassé pour devenir une icône. C'est aussi le parcours d'un homme qui, du fond de la période la plus noire de sa vie, a été porté par une histoire d'amour fusionnelle avec June Carter. Leur passion a nourri son art tout au long de sa vie. Cette saga est marquée par les thèmes qui feront la force de la musique de Cash et de son style minimaliste : la mort, l'amour, la trahison, le péché, l'espoir et la foi.
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Walk the line permet de mieux faire connaître un chanteur qui aurait mérité de faire une plus grande carrière internationale (il est pratiquement inconnu au plus grand nombre en dehors des USA, ce qui explique toutes les sorties dvds et cds de nos disquaires préférés en ce moment). Johnny Cash (interprété avec brio par Joaquin Phoenix) est un personnage très intéressant et dramatique en soi. Enfant, il voit son grand frère mourir devant ses yeux suite à un accident survenu dans une scierie. De cet accident, son père lui en voudra énormement tout au long de sa vie en lui ressassant le fameux "où étais tu Johnny Boy?". Issu d'un milieu très pauvre, il s'engaga dans l'armée afin de voyager (en Allemagne notamment). Par toutes les blessures que la vie lui infligea, il trouva de l'inspiration pour ses superbes et poignantes chansons. Lors de nombreuses tournées, il fit la connaissance de June Carter, une chanteuse divorcée (sublime Reese Witherspoon) qui deviendra sa deuxième femme. Toutes les chansons de Johnny Cash sont marqués par des thèmes emprunts à la mort, le péché, l'amour, l'espoir et la foi.

Voici en résumé l'histoire de ce film commencant et finissant à Folsom. Comme Ray, film basé sur la vie d'un génie nommé Ray Charles, ce film incorpore en son personnage une dimension dramatique expliquant la soif de s'en sortir de ce musicien hors pair. Une telle vie nécessitait la présence derrière la caméra d'un grand réalisateur et c'est le cas ici avec James Mangold. Ce réalisateur a pratiquement un parcours sans faute en ayant taillé son style à travers différents genres (le film policier Copland; le drame Une vie volée; le thriller excellentissime Identity). Il fallait aussi trouver les 2 acteurs collant le plus à Johnny et June et capable de chanter et de jouer de la guitare. C'est le cas ici avec Joaquin Phoenix (il mérite de recevoir l'Oscar du meilleur acteur, même si l'année dernière Jamie Foxx l'emporta pour Ray) et avec Reese Witherspoon qui nous montre qu'elle est capable de jouer dans de vrais bons films et non pas uniquement dans des comédies insipides du genre "Et si c'était vrai"....

Non seulement vous ne verrez pas passer les 2h15 de ce film mais il vous sera difficile de sortir de la salle car le film vous aura captivé, les chansons du film sont intemporelles car elles parlent de thèmes forts comme l'amour, la seconde chance....

Film à voir absolument au cinéma en attendant de le voir triompher aux Oscars...

Vu le lundi 13 février 2006 à 19h00, en vo, Salle 15 au Gaumont du Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Le genre de la biographie filmique s'appuie sur des repères très figés, des passages obligés qui rendent la vie du sujet facilement accessible. Cette démarche, largement copiée, voire inspirée par des téléfilms à fort potentiel larmoyant, ne s'applique bien sûr pas aux rares exceptions (Ali de Michael Mann, Alexandre d'Oliver Stone) qui cherchent à dynamiter coûte que coûte les règles écrasantes de ce sous-genre malgré tout très populaire. L'engouement du grand public pour ces récits biographiques consensuels s'explique peut-être par le désir d'être proche des grands de ce monde, d'assister à leurs joies (succès professionnels) et leurs peines (démons personnels ou obstacles insurmontables) tout en ayant la certitude que tout se terminera ou bien, ou par l'ascension de la vedette au panthéon des légendes.
Même si le sixième film de James Mangold n'a point de lien avec le cinéaste Taylor Hackford, il se place néanmoins très confortablement entre deux oeuvres semblables supervisées par ce dernier. A mi-chemin entre La Bamba et Ray, il s'inspire très fortement du schéma narratif convenu de ces deux divertissements relativement respectables. Très peu de choses dérogent au train-train habituel de l'existence d'un artiste célèbre, puisque l'on peut en toute sécurité et en toute prévisibilité cocher les cases successives des différentes étapes d'une vie. Il est d'ailleurs fort dommage de voir la carrière d'un Johnny Cash, comme avant lui celle d'un Ray Charles et d'un Ritchie Valens (uniquement "sauvé" du traitement uniforme par une disparition précoce), engoncée dans la même suite de clichés interchangeables. Quelle paresse créatrice et quelle réduction abusive de vouloir nous faire croire, film après film, que la vie d'un homme ou d'une femme se résume à deux ou trois moments clefs (ici, l'accident du frère aîné et la relation tumultueuse avec June Carter) et que le reste peut être rempli par de la guimauve réconfortante ! Certes, les oeuvres plus ambitieuses affichent toujours un aspect désordonné, un cafouillage formel et stylistique qui ose ne pas réussir à chaque tentative. Mais nous préférons mille fois cette rage débridée à la gentillesse pimpante qui se range docilement du côté de la convention.
Walk the Line n'est cependant pas un mauvais film, juste un rejeton de plus d'un flux incessant de films qui prétendent célébrer les génies de la musique populaire, alors qu'ils n'existent que pour resservir encore et encore les mêmes poncifs fatigants. Ainsi, la photo est très jolie et la bande son agréablement dynamique, comme il se doit pour un retour dans les années 1950 et '60. Enfin, l'interprétation du couple vedette est très convaincante, ce qui ne va par contre pas sans ses petits désagréments. Joaquin Phoenix remplit bien son contrat d'homme qui culpabilise toute sa vie et qui se réfugie dans l'alcool et la drogue dès qu'il rencontre un obstacle majeur. Mais Reese Witherspoon est tellement brillante dans son rôle de la partenaire réticente qu'elle détourne régulièrement l'attention du personnage qui devrait être le centre d'intérêt. En même temps, le scénario ne se préoccupe pas assez d'elle pour lui permettre de devenir réellement un des moteurs de l'histoire. Une drôle de situation qui trouvera très probablement sa confirmation lors des Oscars, où Reese devra remporter le prix de la meilleure actrice, alors que Joaquin est quasiment assuré de revenir bredouille. Toujours est-il que les deux comédiens ont l'occasion malheureusement trop rare d'interpréter eux-mêmes les chansons qui ont rendu le duo Carter/Cash célèbre aux Etats-Unis, et qui sont très peu connues en France. Là au moins, le film commence à exceller, ce qui est trop peu pour le sauver.

Vu le 16 février 2006, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: