Batman begins

Batman begins
Titre original:Batman begins
Réalisateur:Christopher Nolan
Sortie:Cinéma
Durée:139 minutes
Date:15 juin 2005
Note:
Batman begins explore les origines de la légende de Batman et la naissance du Chevalier Noir qui se bat pour faire régner le bien dans Gotham. A la suite du meurtre de ses parents, Bruce Wayne parcourt le monde pour combattre l'injustice et ceux qui font régner la terreur dans le monde. De retour à Gotham, il devient Batman, justicier masqué qui utilise sa force, son intelligence et un arsenal d'instruments high-tech pour combattre les forces du mal qui menacent la ville.
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Le Dark Knight est de retour et quel retour fracassant

En 1978, Richard Donner nous permis de voir Superman sur un grand écran et concrétisa le rêve de beaucoup de fans, c'est-à-dire nous faire croire qu’un homme pouvait voler. Ce film reste à ce jour une des meilleures adaptations de comics. En 1989, Tim Burton nous imposa sa version de Batman et on comprit que son attirance était plutôt tourné du côté des «vilains». Certes son joker fut interprété avec brio par Jack Nicholson mais la relecture burtonienne ne respectait pas du tout la création de Batman et surtout la mort du Joker à la fin de premier Batman fut l’une des plus grosses erreurs que l’on puisse faire en adaptant un comics sur un écran. Le Joker étant l’équivalent inversé de Batman, le tuer c’est poignarder le mythe du dark knight. Batman le défi en 1991 était certes plus réussi mais pratiquement tout le côté violent du film avait été supprimé. Je passerai volontairement sur les versions de Joel Schumacher qui supprima toute la virilité de Batman en lui imposant un associé (Robin) … Puis vint Blade qui fit de Marvel la société la plus prolifique en adaptation de comics à l’écran (X men 1&2, Spider-man 1&2, Daredevil, Hulk…). Et bien, très mauvaise nouvelle pour Marvel, Warner Bros et DC comics ont réussi la meilleure adaptation de comics à l’écran, loin devant Superman, Spider-man 2 et X men 2. Les raisons pour lesquelles j’affirme que ce film est la meilleure adaptation sont nombreuses et je vais les présenter maintenant.

Je dois, pour commencer, dire que je suis un mordu de Comics, au point d’avoir notamment tous les comics Batman depuis 1940 jusqu’à maintenant. Pour réaliser un bon comics sur un écran, il faut tout d’abord éviter de faire un film tout public si le sujet ne le permet pas. Les versions de Burton et de Schumacher avaient comme unique raison de faire un film tout public, celui de Christopher Nolan est de respecter réellement le côté très noir du comics tout en montrant que Batman est bien qu’un homme contrairement à tous les mutants. Le fait qu’il soit milliardaire lui permet d’avoir accès à tous les gadgets possibles. Ce film nous montre donc comment un enfant unique issu d’un milieu social privilégié est devenu un véritable surhomme par sa volonté de se surpasser. Les premières 45mns au même titre que le Superman de 1978 nous expliquent comment Bruce Wayne est devenu Batman, comment il a construit son costume de justicier et surtout d’où viennent tous ces gadgets. …Pour réaliser un tel prologue il fallait oser aller contre la mode de ces blockbusters où l’action commence dès la première scène et surtout avoir un grand acteur au charisme énorme pour que dès la première scène on sache que le rôle était fait pour lui et ici c’est le cas. Christian Bale est le meilleur choix car non seulement le côté très sombre lui colle à la peau (Equilibrium, Machinist, American psycho..) mais en plus en tant que Batman il s’impose tout naturellement.

C'est ici le cinquième film de la saga mais réellement le premier d’une toute nouvelle saga. Ce film réussit à échapper à l'infantilisation du spectateur. Christopher Nolan transcende le canevas d'origine par l'intelligence suprême d'un script qui fuit comme la peste les facilités et la maestria d'une mise en scène qui, malgré des scènes d'action surdécoupées, reflète les états d'âme, la confusion intérieure et la vie schizophrène d'un héros fragile et tourmenté. Rares sont les films qui parviennent à tenir de telles ambitions et à montrer autant de respect envers leur public. Ce respect vient surtout de l’excellent travail de David S Goyer qui est - on le sent tout de suite - un mordu de comics depuis son enfance.

La réussite de ce film tient aussi à l’ambiance sombre et pessimiste à souhait, psychologie des persos soignée et surtout réalisme sont les maîtres mots de ce nouveau volet. Nolan réussit le tour de force de rendre l'univers de l'homme chauve-souris très réaliste. Tout, les lieux, les personnages, semblent être ancrés dans une réalité si proche de la nôtre qu'elle pourrait être la nôtre. Un très gros travail graphique fut donc consacré et cela se voit à l'écran.

Le film contient aussi beaucoup de passages jubilatoires, conduite en batmobile (la meilleure voiture vu à ce jour sur un écran, la meilleure course poursuite également), combats filmés de manière barbare, et bien sûr les sorties de Batman. C'est astucieux, insultant par sa beauté froide et sale et en même si passionnant et prenant. On savait bien sûr que cette version serait moins naïve que les autres, mais là, surprise, elle est débordante de maturité, de philosophie, sans pourtant délaisser le spectacle d'un visuel impressionnant.

Exit donc la folie fantaisiste, poétique, gothique, de Tim Burton, place à l'adaptation ultime du chevalier de la nuit. Certains trouveront le film assez spécial au niveau de sa narration, pour ma part je trouve cela jubilatoire. Dans Batman begins, on retrouve tous les genres cinématographiques: l'horreur (le domaine de la peur est beaucoup traité), le drame, le fantastique, l'épique, la comédie, et l'aventure.

Enfin, pour ceux qui se posent les questions "Batman Begins est-il meilleur ou moins bien que ceux de Burton ? Bale est-il meilleur que Keaton ?" Pour moi la réponse est oui. Nolan et Bale ont réussi à les faire oublier. Bale arrive à faire passer la révolte intérieure du personnage et nous la faire partager et comprendre. Le monde dans lequel évolue Batman semble aussi plus réaliste. La force physique du personnage, ces accessoires ne nous sont pas amenés tout d'un coup. Chaque chose est bien expliquée peut-être trop pour certains. Même les personnages secondaires sont bons même si parfois ils font un peu figuration. Mentions spéciales pour Michael Caine dans le rôle du majordome et Oldman dans celui du commissaire Gordon.

Tous les acteurs sans exception, sont à fond dans leur rôles et nous proposent des compositions épatantes ! Christian Bale en tête évidemment qui campe ici un Bruce Wayne/Batman qui nous fait oublier les prestations lamentables de Val Kilmer et Georges Clooney! Il est Batman, il est une évidence tant sur le plan psychologique que physique du personnage. La voix de Christian Bale quand il est Batman est stupéfiante. Puissante, intense, violente et noire, l'action atteint parfois des sommets sans tomber dans la surenchère et suit toujours le parti pris de départ, à savoir une vision naturaliste qui transcende le réel pour montrer ce surhomme devenir une légende aux yeux des citoyens de Gotham.

Le seul point négatif concerne les scènes de combats. Elles sont confuses et ne reflètent pas le côté sans pitié de Batman. "Normalement", quand il donne un coup c'est vraiment dans l'intention de faire mal, pour montrer qui est le plus fort et ainsi inspirer la crainte. Dans le film, c'est une bataille un point c'est tout.

Enfin, l’idée géniale est d’avoir réalisé ce film en plus de sa version en 35mm normale, également en format IMAX. C’est donc dans ce format que je viens de voir 2 fois ce superbe film et je pense encore y retourner ne serait-ce pour le voir en version originale.. N’allez donc pas voir Batman Begins, courrez-y. La seule chose que je déconseille aux porteurs d’une carte est de voir Les Poupées russes juste après Batman car vous risquerez d’être totalement déçus, comme moi…

Vu le mercredi 15 à la séance de 22h10 salle 11 et revu le vendredi 17 à 19h10 dans la même salle au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Bruce Wayne a peur des chauves-souris. La vengeance et la justice sont deux choses différentes. Et chaque métropole florissante a été détruite, depuis la nuit des temps, par un ordre obscur. Voilà, à peu de choses près les vérités essentielles et vitales que ce cinquième film de Batman vous apprendra. Il rentre ainsi parfaitement dans une tradition, qui ne date pas de La Revanche du Shit, qui consiste à affubler les héros des gros films américains de l'été avec des philosophies pompeuses, censées cacher le creux de l'action ultra-prévisible et ultra-stéréotypée. Il ne déroge en effet pas non plus au manichéisme intrinsèque de ces adaptations de bande dessinée qui ne font aucun effort de trouver un langage proprement cinématographique pour traduire cet art visuel.
Esthétiquement, ce retour dispensable de l'homme chauve-souris nous a laissé complètement indifférents, voire déçus, tellement les rares sursauts d'intérêt se perdent dans la médiocrité sans inspiration, ni rythme, de l'ensemble. Au moins, la période d'anémie ne perdure que jusqu'à ce que Wayne devienne Bat. Mais puisque cette transformation inévitable prend plus d'une demie-heure, le début est à rejetter en bloc. Ce qui ne signifie en rien que la suite borde à la perfection, au contraire. Faute de méchants convaincants, et avec un héros si furtif que la caméra a beaucoup de mal à le cadrer, sans oublier le montage particulièrement défaillant lors des scènes de combat, le film ne se relève jamais. N'en déplaise à la bande originale et au son tonitruants, qui apportent un minimum d'énergie au ton mollasson.
Après Memento qui intriguait surtout par son scénario et son montage astucieux et Insomnia qui était incapable de tirer un profit maximal de son cadre polaire, il devient de plus en plus clair que Christopher Nolan ne dispose pas de l'oeil d'un réalisateur visionnaire. Sa mise en scène manque de souffle et d'un concept visuel qui rendait les deux premiers Batfilms de Tim Burton aussi irrésistibles. Chez lui, le côté obscur de Gotham ne dépasse jamais des décors miteux et des effets spéciaux approximatifs. Et au lieu d'accorder un peu plus d'attention aux personnages, coincés éternellement au stade de stéréotype et de faire-valoir aux acteurs à la mode (Caine, Neeson, Watanabe, Freeman), il laisse passer une structure narrative sans élan, ni enjeux.
Christian Bale avait déjà prouvé qu'il sait porter un film d'action (Le Règne du feu, Equilibrium), mais comment allait-il se glisser dans le costume noir ? En tout cas, la concurrence n'était pas trop rude puisque, à notre humble avis, aucun acteur n'a encore su personnifier Bruce Wayne au même point que Christopher Reeve sera à jamais lié au personnage de Superman. Toutefois, son interprétation est loin d'être impressionnante et s'il dispose d'une certaine force lorsqu'il est déguisé, son apparition civile est d'un sérieux presque ennuyeux. Sans l'appui d'une réalisation impliquée, il campe ainsi un héros qui n'est supplanté par les méchants que grâce au manque d'éclat de ces derniers.

Vu le 16 juin 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: