
Titre original: | Buenos Aires 1977 |
Réalisateur: | Israel Adrian Caetano |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 103 minutes |
Date: | 27 juin 2007 |
Note: | |
En 1977, le gardien de but Claudio Tamburrini est arrêté chez lui, par des agents au service du gouvernement militaire. Soupçonné à tort d'être un rebelle, il est conduit à la "Maison Seré", un centre clandestin d'interrogation et de torture. Pendant de longs mois, il doit subir le traitement humiliant de la police, jusqu'à ce que l'occasion d'une évasion se présente.
Critique de Tootpadu
Lorsqu'on filme l'horreur d'un des aspects les plus abjectes de la nature humaine tel un film de genre, comme le révendique haut et fort Israel Adrian Caetano dans le dossier de presse, n'enlève-t-on pas justement la dimension humaine à la torture ? L'intensité insoutenable avec laquelle commence ce film argentin, en compétition au Festival de Cannes l'année passée, est en effet petit à petit remplacée par des priorités de l'ordre de la fiction. Le souvenir des séquences des interrogatoires éprouvants avec ses cris sans soulagement résonne encore, lorsque le caractère usant de la détention a déjà pris le dessus. L'extrême dureté de la première partie du film impose, en somme, un climat d'oppression douloureuse, qui justifiera la trame moins violente, mais toujours aussi intense, qui suivra.
Après avoir exposé la torture dans tout ce qu'elle a d'inhumain, le scénario se livre à une guerre des nerfs plus classique, mais pas moins éprouvante. Appuyée par une mise en scène très stylisée et une photo pas plus dépouillée, qui rappelle celle de Munich, l'histoire traduit toujours avec la même nervosité le combat de survie des quatre détenus. Toutefois, le cadre très travaillé et clairement fidèle aux conventions formelles du film d'horreur atténue quelque peu l'impact difficilement soutenable du début. Buenos Aires 1977 se trouve alors, en fin de compte, assis entre deux chaises : ni vraiment un thriller politique, puisque le personnage principal n'affiche aucune ambition dans cette direction, ni évidemment un film d'horreur, il subjugue par son intensité viscérale, mais le côté humain a du mal à subsister à la mécanique parfaitement huilée de l'horreur.
Enfin, c'est déjà le troisième film cet été, après Dérive mortelle et Old Joy, qui montre des scènes de nudité, sans le moindre sous-entendu érotique. Si ce goût pour les corps dénudés sans sensualité continue, on aura vu beaucoup de chair au cinéma d'ici la rentrée, sans en avoir tiré un véritable plaisir charnel.
Vu le 14 juin 2007, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: