
Titre original: | Munich |
Réalisateur: | Steven Spielberg |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 164 minutes |
Date: | 25 janvier 2006 |
Note: | |
Dans la nuit du 5 septembre, un commando de l'organisation palestinienne Septembre Noir s'introduit dans le Village Olympique, force l'entrée du pavillon israélien, abat deux de ses occupants et prend en otages les neuf autres. 21 heures plus tard, tous seront morts, et 900 millions de téléspectateurs auront découvert en direct le nouveau visage du terrorisme.
Après avoir refusé tout compromis avec les preneurs d'otages, le gouvernement de Golda Meir monte une opération de représailles sans précédent, baptisée "Colère de Dieu". Avner, un jeune agent du Mossad, prend la tête d'une équipe de quatre hommes, chargée de traquer à travers le monde onze représentants de Septembre Noir désignés comme responsables de l'attentat de Munich. Pour mener à bien cette mission ultrasecrète, les cinq hommes devront vivre en permanence dans l'ombre...
(Source Allociné)
Critique de Mulder
Chaque personne, même sans le vouloir consciemment, est manipulée
et manipulable. Ainsi est fait l'être humain. Chaque personne peut se faire
facilement abuser par les informations qu'on lui communique, par ses
convictions religieuses, économiques, par son entourage, par la société
qui l'emploie. Ce film montre bien que le mal et le bien peuvent
coexister et se heurter constamment dans la même personne, tel est le
cas ici de l'agent du Mossad Avner...
Revenons, avant de continuer notre critique, sur les évènements
concernés dans cet excellent film. Comme nous le savons tous dans la
nuit du 5 septembre 1972, un commando de l'organisation palestinienne
Septembre Noir s'est introduite dans le Village Olympique et tués tous
les 9 sportifs israeliens. Plus de 900 millions de téléspectateurs auront
découvert en direct le nouveau visage du terrorisme. Le gouvernement de
Golda Meir monta donc une opération de représailles baptisée "Colère de
Dieu". Avner, un jeune agent du Mossad, prit la tête d'une équipe de
quatre hommes, chargée de traquer à travers le monde onze représentants
de Septembre Noir désignés comme responsables de l'attentat de Munich.
Pour mener à bien cette mission ultrasecrète, les cinq hommes devaient
abandonner leur existence et devenir des fantômes et vivre en permanence
dans l'ombre...
Le principal mérite de Steven Spielberg, c'est d'être le seul
réalisateur actuel à pouvoir alterner véritable Blockbuster mondial
(comme ce fut encore le cas pour l'excellent "Guerre des mondes") et films
d'auteur ("Le Terminal", "La Liste de Schlindler", "Il faut sauver le soldat
Ryan", "La Couleur pourpre") tout en gardant le meilleur niveau de qualité.
Spielberg a choisi de raconter cette histoire parlant de l'oppression
des juifs à Jérusalem et leurs revendications pour une terre "juive" ...
Sujet qui lui tient à coeur étant donné qu'il est lui-même juif.
Cependant, comme ce fut le cas dans l'excellent "Lord of War", il ne
prend aucune position sur les activités de l'un comme de l'autre des
camps (cf la très belle scène se passant dans l'escalier d'une planque).
Pour appuyer son sujet, Spielberg se sert comme pour chacun de
ses films sur un très bon casting. En tête du cortège, Eric Bana témoigne
de ses talents réels de comédien (à l'opposé de sa prestation
minimaliste dans "Hulk" de triste mémoire). On retiendra aussi le jeu
d'acteur de Mathieu Kassovitz qui nous montre bien qu'il est un des
acteurs français les plus doués de sa génération. Pour le casting
français, Steven Spielberg s'est entouré pour les seconds rôles des
meilleurs acteurs de notre pays: Mathieu Amalric, Michael Lonsdale,
Valeria Bruni-Tedeschi, Stéphane Freiss et Yvan Attal. Ce film nous
permet aussi de voir dans le rôle d'un espion (et oui déjà), Daniel
Craig.
Tout le film se passe à travers le monde et nous permet de
suivre les représailles du Mossad et les différents moyens terroristes
pour tuer les opposants et ceux qui ont (ou n'ont pas) commandités les
assassinats des sportifs israeliens. Au fur et à mesure, le personnage
d'Avner va se rendre compte qu'il n'est qu'un pion pour le Mossad et
que les personnes que sa troupe assassine sont aussi vite remplacées que
tuées. On ne peut en effet pas mettre fin au terrorisme par le
terrorisme comme de la même manière on ne peut pas tuer l'hydre à 9
têtes...
Steven Spielberg signe donc là un vrai film d'auteur, nous
montrant l'évolution et la montée du terrorisme mondial. Le dernier plan
de ce film se passant juste devant les Twin Towers (bel effet spécial),
nous montre que son pays (son fameux "home") ne pourra jamais se
remettre de son 11 septembre infâme.
Au vu des nouvelles menaces terroristes prononcées récemment
contre les Etats-Unis, le dernier chef-d'oeuvre de Spielberg s'insère pleinement dans notre actualité politique.
A voir donc sur grand écran et sans manger de pop corn, car ce
film n'est pas un film commercial, c'est un film à polémique, un film
émouvant, un nouveau joyau dans la filmographie du réalisateur qui m'a
appris à aimer le vrai Cinéma.
Vu le mercredi 25 janvier 2006 à 14h30 salle 01 au Gaumont du Disney VillageNote de Mulder:
Critique de Tootpadu
Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur Munich et la polémique ne cessera pas de sitôt, en vue du nouveau chapitre qui vient de s'ouvrir dans le conflit israélo-palestinien après les premières élections en Palestine. Au moins un poids qui pesait sur les épaules du film a pratiquement disparu, puisqu'il n'est plus du tout le favorit pour la course aux Oscars. Mais il reste toujours des éléments intéressants à évoquer face à un film très inégal, qui ne visait peut-être finalement pas si haut dans le firmament des controverses et des idéologies brusquées.
Munich dispose naturellement d'une dimension politique, sinon un cinéaste du statut et de l'importance de Steven Spielberg ne se serait pas attaqué à un sujet aussi brûlant de l'histoire relativement récente. En même temps, l'aspect historique doit obligatoirement se ranger dans un contexte narratif qui vise avant tout le divertissement, une caractéristique propre à chaque film hollywoodien. Du coup, Spielberg se retrouve en train de jongler avec ces deux impératifs primordiaux, alors que son sujet en lui-même est d'une complexité extrême. Et c'est justement cette complexité qui est traitée d'une manière peu convaincante. Le réalisateur ne prend parti qu'à un degré très élémentaire, puisqu'il obéit au choix obligatoire d'un personnage principal, qui est en l'occurence un agent du Mossad. Toutefois, ce refus de choisir clairement son camp est bien entendu une qualité du film en termes d'intelligence et d'impartialité, mais il l'affaiblit du côté de l'efficacité et de l'impact. Car à force de vouloir démontrer à quel point le terrorisme est une voie sans issue et de rendre le plus humain possible tous les intervenants, la machine spielbergienne, autrefois parfaitement huilée, s'enlise partiellement.
Il est alors très réconfortant pour nos théories personnelles du cinéma que Spielberg ne sait toujours pas terminer correctement ses films. Nous visons ici surtout la scène expiatoire, qui associe par un procédé d'assez mauvais goût l'acte sexuel au massacre des athlètes (le point le plus bas du film, avec musique évocatrice, ralentis et douche de sueur compris), mais même la toute dernière séquence est peu satisfaisante, bien qu'elle condense subtilement les deux conceptions opposées du judaïsme des anciens alliés. Tout l'épilogue du film, longuet et assez inutile, ne sert d'ailleurs qu'à ça, à rappeler encore une fois à quel point la mission meurtrière a ébranlé la santé mentale du héros.
Revenons en maintenant à la partie centrale du film : la traque et l'assassinat systématique des commanditaires de la prise d'otages de Munich. Elle se répartit essentiellement en trois éléments, la préparation des attaques, leur exécution et des discours d'intention plus ou moins travaillés. Pour les deux premiers, pas grand-chose n'est à y redire, tellement Spielberg suit consciencieusement les conventions du genre. Il existe donc une forte impression de déjà-vu, suscitée par l'enfilement de tous les cas de figure possibles d'un attentat. L'efficacité y est, pour une fois, bien présente et l'on se croirait presque replongé dans les thrillers politiques des années 1970, qui exploitaient exactement la même trame narrative. Par contre, toute la partie qui cherche par tous les moyens à trouver une base idéologique à ces agissements se dresse tel un glacier hostile dans une étendue d'eau docile. Cela commence avec l'allocution de Golda Meir, trop lourde de sens, et cela se poursuit épisodiquement tout au long du film. On peut y voir l'empressement maladroit des scénaristes d'ancrer la partie spectaculaire du film dans une grande interrogation existentielle, sur l'état d'Israël, sur le terrorisme, et sur l'injustice de la vengeance. Néanmoins, l'incapacité de Spielberg d'insérer ces passages obligés de la bonne conscience plus imperceptiblement dans le récit figure parmi les quelques faiblesses du film.
L'aspect visuel du film est très loin des prouesses antérieures de Janusz Kaminski chez Spielberg. Outre quelques séquences particulièrement ensoleillées, le film semble progresser sans style visuel précis. Les couleurs les plus chaudes, comme lors de la visite à la maison de campagne et la promenade dans le jardin, se retrouvent ainsi, comme par hasard, à côté d'autres plans assez quelconques. Et même le montage de l'éprouvé Michael Kahn s'avère moins infaillible qu'auparavant (le raccord peu fin avant qu'Avner ne monte dans la voiture du général). Enfin, la bande originale de John Williams est presque ennuyeusement fidèle à elle-même, puisqu'elle intègre, comme d'habitude, des thèmes folkloriques.
La distribution française est assez conséquente, il convient donc de la mentionner. Si les rôles de Mathieu Kassovitz, Mathieu Amalric et Michael Lonsdale sont tout ce qu'il y a de plus corrects, il se passe un véritable gâchis avec d'autres acteurs tout aussi talentueux. Toute une foule d'interprètes de renommée se retrouvent ainsi dans de petits rôles assez insignifiants. De Stéphane Freiss à Marie-Josée Croze, en passant par Yvan Attal, Valéria Bruni-Tedeschi et Hiam Abbass, il vous faudra vraiment être vigilant pour ne pas rater leurs apparitions éclairs.
Vu le 27 janvier 2006, au Max Linder, en VO
Note de Tootpadu: