
Titre original: | Dreamgirls |
Réalisateur: | Bill Condon |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 131 minutes |
Date: | 28 février 2007 |
Note: | |
Effie, Deena et Lorell forment les Dreamettes, un trio de chanteuses qui galèrent sur le circuit amateur au début des années 1960. Grâce à Curtis Taylor Jr., un vendeur de voitures ambitieux qui devient leur agent, elles ont l'occasion d'accompagner le chanteur vedette James "Thunder" Early. Mais Taylor voit encore plus grand pour ses protégées : lorsque Early ne réussit pas à percer parmi le public blanc, les chanteuses poursuivent une carrière indépendante et deviennent les Dreams. Leur succès a toutefois un prix élevé.
Critique de Tootpadu
D'un point de vue musical, cette adaptation sur grand écran de la comédie musicale à succès de Broadway du début des années 1980 regorge de morceaux galvanisants, dotés d'une force vocale et émotionnelle qui ne laissera personne indifférent. Dans ce contexte, le cinquième long-métrage de Bill Condon nous réserve une de ces révélations que l'on ne rencontre que très rarement dans la vie d'un cinéphile : Jennifer Hudson dans le rôle d'Effie, la voix en or au sale caractère, nous fait frissonner dès qu'elle commence à chanter. Ses quelques numéros sont d'une énergie qui n'a rien d'hystérique ou d'affecté. Au contraire, son interprétation sur scène de cette diva malmenée nous subjugue à tous les niveaux. C'est elle qui brille de mille feux lors des chansons glamoureuses et c'est elle, également, qui met toute son âme et toute sa souffrance dans les ballades plus tortueuses. En comparaison, Beyoncé Knowles, la vedette initiale du film, constamment à la pointe du succès, ne s'approprie réellement que la chanson "Listen", une des trois spécialement composées pour le film.
Cependant, le glamour indéniable de la plupart des chansons ne dispose pas vraiment d'un support cinématographique digne de son exubérance. Bill Condon s'avère une fois de plus n'être qu'un metteur en scène serviable, sans faux pas, mais sans éclat ou style personnel non plus. Son approche des nombreuses séquences musicales démontre ainsi une sagesse de rythme coincée quelque part entre l'ennui et l'arbitraire. Fluide dans l'ensemble, sa narration se refuse toute prouesse, en suivant docilement les traces laissées par des dizaines d'oeuvres similaires sur le monde impitoyable de la chanson. Dreamgirls perpétue alors, sans trop se démarquer, la tradition de la comédie musicale à forte teneur biographique, ressuscitée ces dernières années par des films tout aussi conventionnels, comme Ray ou Walk the Line.
Les personnages de ce spectacle, pas aussi euphorisant qu'il aurait pu et dû être, ont beau être fictifs, leur sort s'apparente de près à celui de dizaines d'autres qui les ont précédés sur la montagne russe de l'économie de la chanson. De succès en échec, de retour sur le tard en déchéance morale et physique, tous les poncifs du genre trouvent leur place dans le scénario guère original. Car l'intrigue en elle-même, si l'on fait abstraction des interruptions musicales pétillantes et intenses à la fois, épouse fidèlement le cours d'un roman de gare quelconque sur les aléas du show-business.
Derrière l'écran de fumée luxueux et parfois stylisé jusqu'à l'exaspération, laissé par les chansons pour la plupart mémorables, cette comédie musicale dévoile bien trop d'imperfections ou de paresses narratives (les montages pour indiquer le succès) pour nous enthousiasmer réellement. Ce qui est fort dommage, puisqu'elle se range du coup plus du côté d'un artisanat honnête, mais guère excitant comme le pratiquent Taylor Hackford ou James Mangold, les réalisateurs des deux films cités plus haut, que d'une vision originale et électrifiante à la Bob Fosse. Bill Condon ne tarit pas de références et d'hommages au réalisateur de Cabaret, comme l'apparition de John Lithgow dans un rôle qui reflète celui qu'il tenait dans Que le spectacle commence ..., mais son style trop sage n'égale aucunement les accents téméraires laissés par celui-ci.
Vu le 9 janvier 2007, à la Salle UIP, en VO
Revu le 18 février 2009, en DVD, en VO
Revu le 14 mai 2009, en DVD, en VO
Revu le 30 mars 2010, en DVD, en VO
Revu le 16 juin 2011, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: