Que le spectacle commence ...

Que le spectacle commence ...
Titre original:Que le spectacle commence ...
Réalisateur:Bob Fosse
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:25 mai 1980
Note:
La vie de Joe Gideon, célèbre réalisateur et chorégraphe à Broadway, est sur le point de s'écrouler. Surmené par les répétitions d'un nouveau spectacle, le montage de son dernier film et ses conquêtes amoureuses, l'artiste s'approche sciemment de la mort, en forme d'un malaise cardiaque et d'une belle femme en blanc.

Critique de Tootpadu

Respectant sa règle de danser pour soi-même et non pas pour plaire au public à la lettre, le cinéaste Bob Fosse à créé avec cette oeuvre narcissique, primée d'une Palme d'or à Cannes, une véritable montagne russe cinématographique. On peut ainsi aduler ou détester cette réflection décousue sur le monde du spectacle, mais il est pratiquement impossible de rester indifférent devant ce déluge tonitruant à la gloire de l'excès. Peu soucieux du confort de ses spectateurs, le film se complaît à associer et à dissocier, à surcharger et à épurer à volonté. L'état d'esprit créateur fou furieux est d'ailleurs bien plus représentatif des années 1970, qui avaient vu deux autres films marquants de Fosse (Cabaret et Lenny), que de la décennie terne qui allait commencer directement après la sortie de cette oeuvre démesurée. Toutefois, le cinéaste reste avant tout fidèle à lui-même, avec quelques séquences à l'influence sensible de Chicago et un refus absolu de la convention et du goût respectable. Son dernier chef-d'oeuvre se dévoile alors autant comme un coup raté, inégal et déroutant, que comme l'affirmation d'un talent sans compromis qui se sacrifiait au spectacle tout en connaissant les pièges et les ficelles.
Par sa structure, ce film est étonnamment proche d'une autre biographie filmique et musicale, plus récente. Il partage en effet avec De-Lovely le cadre onirique, entre la vie et la mort, à partir duquel l'artiste contemple son existence. Seulement, là où le dispositif est pesant et maladroit sous la direction d'un tâcheron comme Irwin Winkler, il contribue à la fusion artistique et débordante du kaléidoscope de Fosse. Nous ne considérons pas ces moments orchestrés par l'angélique Jessica Lange comme les plus réussis, même s'ils gagnent en profondeur à l'approche de la mort. Mais le dernier numéro musical justement, une célébration morbide de la disparition, est à des années lumière de l'exécrable dernière ovation à Cole Porter.
Enfin, Roy Scheider joue dans cette comédie cynique son meilleur rôle, se défendant fort bien des attaques du montage inhabituel, pour ne pas dire expérimental, et des frasques formelles. En dessous de cette débauche stylistique, son artiste condamné inspire autant d'admiration que de regrets.

Revu le 10 mars 2005, en DVD, en VO
Revu le 16 novembre 2006, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: