Chacun sa nuit

Chacun sa nuit
Titre original:Chacun sa nuit
Réalisateur:Pascal Arnold, Jean-Marc Barr
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:20 septembre 2006
Note:
Pierre a disparu. Sa soeur Lucie s'inquiète pour lui, tout comme ses potes Sébastien, Baptiste et Nicolas, qui formaient, tous les cinq, un groupe d'amis soudé. Lorsque le corps de Pierre est retrouvé, Lucie met tout en oeuvre pour trouver les assassins, même après que la police a clos l'affaire.

Critique de Tootpadu

Pour poursuivre leur collaboration cinématographique après la trilogie sur la liberté, Pascal Arnold et Jean-Marc Barr ont choisi le genre très usé ces derniers temps du drame d'adolescents. Et ils le côtoient avec une telle fraîcheur et une telle liberté de ton que nous ne le reconnaissons presque plus.
Les deux réalisateurs ne réinventent certainement pas les problèmes, les doutes et la rage propres à cette période de la vie. Mais ils se les approprient avec une grâce et une délicatesse proprement poétiques. Ainsi, le flux narratif du film, découpé en maints petits morceaux de trois moments différents, s'articule avec une aisance fascinante et une mélancolie apaisante. Un peu comme dans Presque rien de Sébastien Lifshitz, cet enchevêtrement kaléidoscopique des temps de la narration apporte un recul bienfaisant, face à des événements douloureux. Chacun sa nuit coule alors comme un doux poème sur les turbulences d'un âge difficile, jusqu'à ce qu'un revirement majeur ne mette en cause l'harmonie du passé. Depuis Caché, nous n'avons pas ressenti un coup filmique au ventre aussi brutal. Le doux mélodrame devient alors une tragédie, le troisième temps de la narration, auparavant abstrait, se dévoile en tant que pénible retour à la vie, désormais dépourvue d'insouciance.
Enfin, la liberté des trois films précédents des réalisateurs a survécu d'une façon poétique et délicate ici. La sensualité des corps y est toujours présente, sans que les personnages ne sachent exactement quoi en faire. Ce film très beau et incertain se dresse par conséquent tel un pamphlet enchanté sur le passage doux-amer à l'âge adulte.

Vu le 21 août 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées

Note de Tootpadu: