Titre original: | Alexandre |
Réalisateur: | Oliver Stone |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 175 minutes |
Date: | 05 janvier 2005 |
Note: |
Vu le 13 janvier 2005, au Max Linder, en VO
A la deuxième vision de ce film toujours aussi excellent, outre une meilleure compréhension des rapports entre les personnages et de l'apport des seconds rôles, il se dégage surtout un meilleur aperçu de la structure fondée sur la dualité. Alors que les oppositions entre le père et la mère et entre la peur et le courage étaient évidentes dès le début, la relation entre le soleil et la lune a gagné, pour nous, en cohérence et en intérêt. Dans ce contexte, l'éclairage de la photo ajoute une souche supplémentaire à l'existence mi-ténébreuse, mi-lumineuse d'Alexandre. A de nombreuses reprises, ce dernier apparaît en effet entouré d'une sorte d'auréole intégrale, s'il ne naît pas carrément de la lumière. C'est cet apport quant à la construction de l'image (y compris le positionnement révélateur des personnages) qui confirme notre première impression d'une mise en scène magistrale.
Enfin, Alexandre est sans aucun doute un film typiquement stonien, puisqu'il persévère dans la conception personnelle du réalisateur en vue des rapports de force et des enjeux politiques. Injustement considéré par certains comme un penchant vers la paranoïa, cette foi en un mode précis de fonctionnement des relations humaines à travers les âges nous semble plutôt la patte d'un visionnaire, qui se fourvoie sans doute parfois, mais qui n'en reste pas moins intrigant et attachant !
Revu le 14 janvier 2005, au Max Linder, en VO
Au programme de la troisième vision de cette épopée qui s'affirme de plus en plus comme notre film préféré depuis la rentrée : le constat et la vérification d'une structure basée sur la figure du double et de la répétition. En effet, les trois heures de métrage sont organisées par une reprise de quasiment chaque séquence, sous une autre lumière ou en dégradation constante. Il s'y trouve alors deux batailles, deux apparitions du père, deux discours devant les guerriers, deux moments de tendresse avec Héphaïstion, deux séquences de danse, deux orgies, deux lettres de la mère, ... Cette dualité morcelée, qui mélange les renvois, qui fait passer un thème sous une autre forme dans une entité différente, est encore plus perturbée par les rares occurences de triples répétitions. Au nombre de trois, si l'on exclut l'apparition du récit cadre du vieux Ptolémée, celles-ci forment en quelque sorte le noyau du film, la mise en perspective de quelques thèmes charniers de l'oeuvre (la mère, le père, l'amant). Mais cette compréhension de la construction du film va invariablement buter contre l'infime partie de séquences qui n'ont pas de double (celle après la bataille de Gaugamèles, celle du répit à Hindi Kush). Il n'en reste pas moins qu'Alexandre est une oeuvre bien plus intelligente et aboutie dans son caractère heurté et perturbé que le laisse supposer la raillerie dont il est tombé victime outre-atlantique (où il a "récolté" six nominations aux Razzies qui "distinguent" les plus mauvais films de l'année) !
Revu le 24 janvier 2005, au Max Linder, en VO
Note de Tootpadu:
Lorsque Oliver Stone, cinéaste ne bénéficiant pas de la liberté financière d’un Spielberg ou d’un Ridley Scott depuis Gladiator, annonça qu’il allait réaliser un film sur Alexandre le Grand, on avait du mal à y croire. Poutant sous la forme d’une coproduction européenne (initiée en Allemagne, financée par la France et l’Angleterre), ce film est aujourd’hui une réalité. Ce film indépendant car non hollywoodien est une œuvre à la fois classique et atypique. Délaissant le spectacle des batailles au profit de la tragédie grecque, ce film atteint une dimension profondément humaine.
Cette épopée nous narre la vie du Grand Alexandre, de son plus jeune âge à sa mort, à travers le point de vue unique de son metteur en scène. Donc Après JFK, voici le nouveau pamphlet stonien. Alexandre est donc un film foisonnant, bruyant, boursouflé, hargneux, démesuré, confus mais aussi malgré tout un même champ lexical : l’excès. Oliver Stone est l’ambassadeur d’un cinéma violent, agressif, voire prétentieux et démonstratif.
Cette biopic nous plonge dans un univers malsain, rempli de haine, d'amour de traîtrise. Le jeu des acteurs dans ce film est particulièrement réussi, tous sont au sommet de leur art et la prestation de Farrell impressionne au plus haut point. Beaucoup vont rapprocher ce film à Troie pourtant, il ne s'agit pas d'un péplum comme les autres. Dans ce film, la mythologie est très présente, l'aspect historique parfaitement reconstitué mais Oliver Stone est avant tout un réalisateur, un historien à sa façon, qui veut déranger et faire réfléchir. Alexandre n'est donc qu'un prétexte pour lancer une réflexion politique sur les conquêtes et par extension aux valeurs démocratiques. On assiste donc à des parallèles fréquents avec notre époque, ce qui écarte le film d'un simple blockbuster. On est plus dans l'analyse psychologique d'un personnage à l'esprit complexe. Alexandre n'est donc pas un film facile mais est incontestablement un film magnifique tant par les décors que par l'histoire. Le film est à l'opposé des blockbusters américaines en ce sens qu'il choisi la rigueur historique plutôt que le politiquement correct spectaculaire. Il choisi aussi la sobriété des prestations d'acteurs (Farrell, Leto) au glamour (Brad Pitt, Léo DiCaprio) qu'envisageaient Scorsese et Luhrmann, en lice aussi pour la réalisation d'Alexandre.
Pourtant, Alexandre n'arrivera pas à marquer l'esprit du spectateur comme l'a fait dans le passé Gladiator de Ridley Scott, il n'en restera pas moins un bon divertissement. Ce n'est donc pas le meilleur film d'Oliver Stone, ni le meilleur peplum vu sur un grand écran (ma préférence actuelle reste Gladiator et surtout pas Troie). Mais on retrouvera néanmoins la patte du réalisateur: réflexions sur le pouvoir, et un subtil jeu de lumière lors de la bataille en Asie qui n'est pas sans rappeler le montage de 'Tueurs nés'. Le problème avec Alexandre , c'est que ça sent à plein nez le film pour lequel le réalisateur a tourné de nombreuses autres séquences qu'il aurait voulu intégrer , mais qu'il a du zapper pour éviter de faire un film de 9h. C’est logique et dommage à la fois, car de nombreux aspects de sa vie sont passés sous silence ou expédiés sous la forme de résumé ptoléméen. Stone aborde des sujets sensibles et inhabituels dans ce genre de film (notamment ses relations avec les hommes). Stone prend certes des risques et ne nous livre pas un film bourrin dénué d’émotions, bien au contraire. Alors, si Alexandre est certes un film un peu bancal et surtout trop long et qui n'a pas tenu toutes les promesses de ses ambitions, il n'est pas mauvais pour autant.
Vu le lundi 03 janvier à la séance de 19h30 salle 01 en vo au Gaumont de Disney Village
Note de Mulder: