Radio Prague, les ondes de la révolte

Le film Radio Prague, réalisé par Jiri Madl, débute avec quelques images d’archives en noir et blanc permettant ainsi brièvement de montrer le contexte politique de la Tchécoslovaquie. Ce bref rappel est nécessaire pour les spectateurs qui ne connaîtraient pas l’atmosphère pesante qui régnait depuis les années 50 sous le régime d’une démocratie populaire et république socialiste. 

Tomas Havlik, un jeune homme résidant à Prague, part comme à l’accoutumée à son travail, il ne sait pas que cette matinée va prendre un tournant inhabituel. A peine installé à son bureau, son responsable hiérarchique lui demande de partir rapidement afin de se présenter pour un entretien à l’antenne Radio Prague. C’est ainsi qu’il est reçu par le haut responsable M. Hoffman qui gère les médias, en quelque sorte le ministère de l’information. 

Personnage assez obtus, maître de la censure, où toutes les informations doivent passer par lui avant toute divulgation à l’antenne. Tomas est bien accueilli par le groupe de journalistes dont Milan Weiner est le rédacteur en chef. C’est une radio particulière qui a réussi à imposer de travailler avec la presse étrangère dont l’AFP et Reuters. Ces journalistes n’hésitent pas à se rendre sur place pour rencontrer des étudiants dans une université suite à des courriers reçus à la radio, mais qui vont s’avérer des faux rédigés par le gouvernement. Milan Weiner donne souvent, au péril de sa vie, à l’antenne des informations subversives refusées par la censure, pour lui seule la vérité compte, il le doit à ses auditeurs. 

La suite de la réalisation nous transporte dans l’intimité de Tomas, il est en charge de son jeune frère Paja, mineur, étudiant, la tension est palpable puisque Tomas se sent observé depuis quelques temps, suivi dans ses déplacements, sans doute dû au fait que la censure lui a demandé de travailler pour eux au sein de la radio, et qu’en cas de refus il pourrait ne plus avoir la garde de son frère. Il doit trouver un chemin détourné pour rester fidèle à ses valeurs sans mettre en danger la vie de son frère et de ses collègues.

Le film tourne à son paroxysme avec plus de violence, la police secrète surveille, vient à l’improviste, fouille chez les journalistes en quête d’information, nous avons la peur au ventre pour eux. La mise en scène est à son summum d’angoisse, que peut-il arriver à ces travailleurs ? Peuvent-ils s’en sortir ? Seront-ils arrêtés et jugés ? Heureusement l’entraide règne dans cette équipe soudée.

La colère gronde parmi les intellectuels, les habitants ne veulent plus vivre dans l’angoisse, la peur, c’est ce qui va déclencher le fameux Printemps de Prague en mars 1968. Nous voyons à nouveau à l’écran quelques archives avec le nouveau gouvernement présidé par Alexander Dubcek qui se veut réformateur tout en restant communiste mais vouloir se détacher de l’emprise de Moscou.  Le film relate bien cette période de joie où partout souffle un vent de bonheur retrouvé, avec écrit partout «Svoboda »  liberté, liberté d’expression. Ces moments forts donnent des frissons, pour un peu on se croirait avec les tchèques parcourant les rues, animés d’une énorme ferveur. Jiri Madl a su dépeindre avec émotion et réalisme les états d’âme des habitants et retranscrire leur quotidien.

Cette réalisation d’une durée de 100 minutes permet de survoler les années qui ont marqué Prague, une période noire, de peur, de méfiance pour parvenir enfin à une espérance de vie normale, sans police secrète, ni fausses informations. Mais hélas suivie d’une période à nouveau sombre avec l’arrivée des chars à Prague en août 1968. Ce film est un vibrant hommage à la recherche de la liberté, avec des combats menés par des hommes et des femmes journalistes courageux, idéalistes, à la Radio de Prague, qui malgré les épreuves ont su et voulu tenir au courant les habitants malgré les menaces de la censure.

La musique accompagne certains moments du film avec l’apparition de groupes étrangers occidentaux que les jeunes parviennent à se procurer. Très bonne interprétation des acteurs, excellent documentaire sur cette période et permet ainsi à des spectateurs plus jeunes de découvrir ce moment d’histoire, d’imaginer la vie sous un régime totalitaire, et a le mérite de donner envie de se plonger dans ses livres d’histoire. 

Radio Prague, les ondes de la révolte
Écrit et réalisé par Jirí Mádl
Produit par Monika Kristlová, Wanda Adamík Hrycová
Avec Vojtech Vodochodský, Tatiana Pauhofová, Stanislav Majer, Ondrej Stupka, Martin Hofmann, Vojtech Kotek, Marika Soposka, Tomas Mastalir , Matyás Reznícek , Jacob Erftemeijer, Igor Bares, Tomás Weber, Petr Lnenicka, Hana Kusnjerová, Daniel Tuma , Petr Halícek
Musique de Simon Goff
Directeur de la photographie : Martin Ziaran
Montage : Filip Malásek
Sociétés de production : Dawson Production, Wandal Production, Télévision tchèque, Radio et Télévision slovaques, Studios Barrandov
Distribution : ARP Sélection (France)
Date de sortie : 19 mars 2025 (France)
Durée : 116 minutes

Vu le mercredi 26 février 2025 au siège du distributeur ARP 

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