Un taxi mauve

Un taxi mauve
Titre original:Un taxi mauve
Réalisateur:Yves Boisset
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:25 mai 1977
Note:
Le journaliste français Philippe Marchal s'est exilé en Irlande pour soigner une maladie cardiaque et fuir le souvenir de la mort accidentelle de son fils. Il passe son temps à parcourir le beau paysage de l'île pour chasser en compagnie de Jerry, un Américain, fils de millionnaire, qui a été envoyé au pays de ses ancêtres après des incidents malheureux qui ont dégénéré. Un jour, ils sont interpellés par Traubelman, un voisin lointain étrange qui aime la provocation et la mise en scène de sa propre personne. Jerry tombe vite amoureuse de la fille de Traubelman, tout aussi mystérieuse que son père, alors que Marchal se laisse séduire par Sharon, la soeur mondaine de Jerry qui s'attache à tout ce qui est passager.

Critique de Tootpadu

Encore une découverte agréable dans le cadre du festival "Paris cinéma" qui se positionne de plus en plus comme L'événement cinématographique de l'année dans la capitale, tellement sa programmation est riche - en fait même trop riche pour en profiter en si peu de temps - et variée.
Voici donc une petite perle assez mal connue, qui se ternit parfois sous le poids de trop de paroles et pas assez d'action, mais qui se démarque par son ton particulier et son cadre splendide. Effectivement, l'Irlande n'a que très rarement été plus belle et plus mystérieuse, et seule La Fille de Ryan de David Lean, a su nous rapprocher réellement auparavant de sa nature à l'aspect sauvage et pluvieux. Cette béaute se prolonge, voire s'amplifie dans l'assemblage de personnages très particuliers qui peuplent le film. Il est sûr et certain que l'on aura droit à des individus et des rapports singuliers, lorsque la conscience du film, son analyste éveillé et optimiste est interpreté par un Fred Astaire en médecin qui visite ses patients avec le véhicule inhabituel qui donne son titre au film. Car tous les autres rôles sont accablés d'un humour caustique, d'une perversité soit naïve, soit calculatrice, et d'un manque de direction finalement très salutaire. Ne regarder que des personnages au caractère fort, qui déjouent allègrement les conventions pour accéder à un niveau de singularité appuyée, c'est en quelque sorte y reconnaître la vie dans toutes ses facettes et ses gens moyens, ni bons, ni mauvais, qui se sont organisés leur existence selon leurs propres critères. Autant certains des protagonistes débordent de l'ordinaire par leur aspect haut en couleurs, autant leurs échecs successifs et leurs rêves qui s'embourbent les rendent infiniment plus accessibles d'un point de vue réaliste.
Bien que ces qualités de description ne se retrouvent pas toujours lors de leur mise en action, faute d'avoir un terrain de jeu assez dramatique, elles sont soutenues sans faille par une interprétation remarquable. Ce sont surtout les trois rôles principaux qui passionnent :
Philippe Noiret en quadragénaire qui préfère la fuite à l'affrontement de ses démons, qui reste en dehors du bonheur qui se prépare doucement sous ses yeux et qui devient en quelque sorte la victime des manigances des autres,
Charlotte Rampling en femme fatale d'une beauté qui n'a d'égal que dans sa vanité, son attachement au superficiel et à l'éphémère,
et enfin, Peter Ustinov, comme le père tourmenté et amer qui tente de substituer un attachement malsain à sa fille à son acceptation et sa réussite dans le monde.
Rarement on a vu un film aux propos aussi adultes qui sait garder pourtant un côté nostalgique et profondément beau !

Vu le 9 juillet 2004, au Studio 28

Note de Tootpadu: