Black Phone

Le réalisateur et scénariste Scott Derrickson ne cesse de nous surprendre et confirme de nouveau qu’il est bien un maitre de l’horreur comme ses illustres prédécesseurs comme John Carpenter, Wes Craven, Tobe Hooper. Son nouveau film montre qu’il sait parfaitement créer une ambiance inquiétante sans avoir recours à des effets spéciaux spectaculaires ou des déferlements de litres de sang à l’écran. On comprend aisément que son enfance trouve un écho tout particulier dans la nouvelle de Joe Hill et que ce film lui tient particulièrement à cœur pour exorciser d’une certaine manière ses démons intérieurs personnels. 

Issue du recueil de nouvelles 20th Century Ghosts publié en octobre 2005 en Angleterre et ensuite aux Etats-Unis en octobre 2007, cette nouvelle de Joe Hill (fis de Stephen King) a marqué la mémoire des lecteurs qui l’ont lu notamment celle du réalisateur de ce film. Dans cette nouvelle John Finney est un jeune élève de 13 ans qui se fait kidnapper par un homme appelé Al. Piégé dans une pièce au sous-sol. Les choses prennent un tournant encore plus qu’inquiétant lorsqu’un téléphone (noir) déconnecté accroché au mur de la cave se met à sonner la nuit et laisse échapper les chuchotements des victimes précédentes (et maintenant mortes) du kidnappeur. 

Le scénario co-écrit par Scott Derrickson, C. Robert Cargill reprend la même trame que cette nouvelle en développant les personnages renforce également le climat inquiétant du film tout en mettant le cadre de l’année à la fin des années 70. La reconstitution très réaliste de cette période et le rythme parfait du film plongent les spectateurs dans une ambiance inquiétante dans laquelle un jeune héros va devoir se battre contre un dangereux psychopathe qui a tué de nombreux enfants. En découvrant ce film il est également impossible de ne pas penser aux classiques horrifiques des années 70 qui ont marqué le cinéma notamment le film Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chain Saw Massacre) (1974) qui est clairement cité dans l’une des scènes du début du film. Impossible également de ne pas penser non plus à l’ombre de Stephen sur la nouvelle originale de Joe Hill dont il est le père. Le fantastique est ainsi amené peu à peu dans un monde réaliste dans lequel un dangereux psychopathe portant un masque semble prendre un malin plaisir à torturer psychologiquement de jeux enfants. 

Après avoir marqué nos mémoires avec des films d’horreur comme Hellraiser: Inferno (2000), The Exorcism of Emily Rose (2005), Sinister (2012), Deliver Us from Evil (2014), Scott Derrickson s’est imposé comme un des maitres actuels du cinéma horrifique. Son cinéma se veut immersif et sait jouer parfaitement avec les nerfs des spectateurs. Si The Black fonctionne aussi bien c’est que les scénaristes ont su trouver la parfaite approche pour proposer un thriller angoissant dans lequel le fantastique est présent que par l’intermédiaire des rêves prémonitoires de la sœur de Finney Shaw et de la présence de ce téléphone permettant de communiquer avec les anciennes victimes de ce dangereux psychopathes. En mettant le film au niveau du regard des enfants de cette petite ville du Colorado et en arrivant à plonger les spectateurs dans les années 70 par une reconstitution parfaitement maitrisée, Black phone réussit là où de nombreux films d’horreur soit faire réellement faire peur et faire sursauter les spectateurs sur leurs fauteuils. Le film donne également l’impression que le réalisateur Scott Derrickson bénéficie d’une réelle liberté artistique loin des contraintes des blockbusters américains comme Doctor Strange (2016). 

Alors que certaines adaptations cinématographiques de courtes nouvelles ont souvent tendance à manquer de rythme voire d’idées, Black phone s’impose comme le modèle parfait de que ce que devrait être une transposition sur grand écran. Le scénario tenant en haleine tout le long, la mise en scène inspirée d’un réalisateur surdoué qui ne cherche à aucun moment à recourir à la simplicité et des comédiens inspirés et parfaitement dirigés font assurément de The Black phone un des films incontournables de cette année surtout le meilleur thriller vu en salles depuis longtemps.

Black Phone (The black Phone)
Réalisé par Scott Derrickson
Scénario par Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Basé sur The Black phone de Joe Hill
Produit par Jason Blum, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Jeremy Davies, James Ransone, Ethan Hawke
Cinématographie : Brett Jutkiewicz
Montage : Frédéric Thoraval
Musique : Mark Korven
Sociétés de production : Blumhouse Productions, Crooked Highway
Distribué par Universal Pictures
Dates de sortie : 25 septembre 2021 (Fantastic Fest), 22 juin 2022 (France), 24 juin 2022 (Etats-Unis)
Durée du film : 102 minutes

Vu le 17 juin 2022 au Gaumont Disney Village, Salle 8 place A19

Note de Mulder: