Les gouts et les couleurs

« La musique, qui occupe une grande place dans ma vie depuis longtemps. J’ai composé une centaine de chansons, fait partie de plusieurs groupes et à 20, voire 25 ans, j’avais davantage l’ambition de faire de la musique que du cinéma. J’ai commencé le cinéma en réalisant les clips de mon groupe et j’ai toujours essayé de mettre le plus possible de chansons dans mes films. Je devais donc forcément me confronter un jour ou l’autre plus directement à cette passion. La musique, et la chanson en particulier, sont un marqueur social et culturel fort : « dis-moi qui tu écoutes je te dirai qui tu es ! ». Si vous préférez Dominique A à Louane (un exemple parmi d’autres), il y a de fortes chances que vous viviez en centre-ville, soyez CSP+… » - Michel Leclerc

Assurément le réalisateur et scénariste Michel Leclerc dénote dans le paysage cinématographie français tant chacun de ses films lui a permis de créer son propre univers dans lequel ses thématiques de prédilections reviennent constamment que cela soit la famille, les milieux sociaux et leur contraste, sa place dans la société et la recherche du véritable amour. Loin de ce cinéma français commercial trop souvent sans réelle surprise qui se contente de proposer au public ce qu’il attend comme divertissement sans réelle innovation. Ainsi après J'invente rien (2006), Le Nom des gens (2010), Télé Gaucho (2012), La Vie très privée de Monsieur Sim (2015) et La Lutte des classes (2019), son nouveau film et plus réussi à ce jour lui permet de conjuguer sa passion du cinéma avec celle pour la musique et de nous livrer une histoire remplie de chansons et de personnages atypiques. Une fois de plus son film est dans l’air du temps et ne cherche pas à en mettre plein les yeux aux spectateurs mais plutôt de lui montrer que les apparences sont souvent trompeuses et qu’il faut dévorer la vie pour en apprécier toute son éphémérité.

La musique est au centre même de cette histoire et nous rappelle qu’un film doit avoir sa propre musicalité pour se forger une réelle identité et plaire aux spectateurs. Dans le cas présent, on se retrouvera tout au long du récit avec la volonté de chanter tout comme le font si bien les deux comédiennes principales Rebecca Marder (Marcia) et Judith Chemla (Daredjane). Nous découvrons ainsi une jeune chanteuse passionnée Marcia qui vit de sa passion et a pu collaborer sur l’écriture de son nouvel album avec son idole Daredjane, une rock star des années 1970 qui a disparu de la scène et vis recluses dans son bel appartement sur l’ile Saint Louis à Paris. Lorsque celle-ci se suicide en sautant d’un pont, Marcia se voit contrainte de retrouver son ayant droit, un certain Anthony (Félix Moati) qui travaille comme placier sur un marché d’une petite ville. Ce dernier n’a jamais réellement compris sa lointaine parente et n’a pas écouté sa musique. Les différences entre Judith et Anthony vont les amener à apprendre l’un de l’autre et surtout donner naissance à un véritable amour sur fond musical.

Pour tous ceux qui aiment découvrir de nouvelles comédies musicales, Les gouts et les couleurs est assurément un film à découvrir au cinéma tant l’alchimie entre les comédiens Rebecca Marder et Félix Moati et celle-ci avec Judith Chemla fonctionnent à la perfection. Entre le choc culturel, social, il y a dans ce film un véritable feeling good movie comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma.

Les gouts et les couleurs 
Écrit et réalisé par Michel Leclerc
Produit par Isabelle Grellat Doublet
Avec Rebecca Marder, Félix Moati, Judith Chemla, Philippe Rebbot, Eye Haïdara, Artus, Baya Kasmi, François Morel
Musique : Jérôme Bensoussan, David Gubitsch
Image : Pierre Dejon
Montage : Annette Dutertre
Sociétés de production : Mandarin Films
Distribué par Pyramide International
Date de sortie : 22 juin 2022 (France)
Durée du film : 110 minutes

Vu le 9 juin 2022 à l’UGC Ciné-cité Les Halles salle 11

Note de Mulder: