La proie d’une ombre

Cette année la sélection des films en compétition au festival du cinéma américain de Deauville a couvert un large panel de genres y compris celui horrifique avec le second long métrage de David Bruckner (The Ritual (2017)). Le scénario de Ben Collins et Luke Piotrowski revisite intelligemment la thématique de la maison hantée mais aussi aborde celle du deuil et de la reconstruction psychologique après la perte d’un être cher. 

Beth (Rebecca Hall) se retrouve seule dans la maison au bord du lac suite à la mort de son mari que celui-ci avait construite. Elle essaie tant bien que mal de garder le cap, mais elle est sous  l’emprise de plusieurs cauchemars et doit faire face à des événements incompréhensibles. Alors que des visions troublantes d'une présence dans la maison se multiplient et l’attirent , Beth n’a d’autres choix que de trouver une explication à ces événements qui semblent se déchainer et reliés à son passé.  Alors qu’elle commence à fouiller dans les affaires de son défunt mari, elle va se rendre compte qu’elle ne connaissait pas une certaine partie violente de lui et ses recherches sur des femmes lui ressemblant. 

Loin d’être un simple film horrifique tournant autour d’une maison hantée, La proie d’une ombre (The Night House) s’oriente vers le thriller psychologique et permet à la comédienne Rebecca Hall de montrer une nouvelle fois qu’elle est une excellente comédienne aussi à l’aise dans une comédie que dans un drame psychologique comme ici. Le réalisateur David Bruckner malgré des moyens limités réussit à retenir notre attention tout au long de ce film et surtout à réellement nous faire peur le temps de quelques scènes parfaitement amenées. L’environnement inquiétant du film créé une certaine fascination et le rythme rapide du film fait que nous suivons le personnage Beth avec attention et essayons de comprendre l’origine de cette entité invisible qui semble se déchainer contre elle. Les nombreux indices éparpillés tout au long du film font que nous essayons de reconstruire un véritable puzzle jusqu’au dénouement final nous montrant comment le mari de Beth est mort et quelle est l’origine de cette créature diabolique qui semble en vouloir réellement à Beth.

En mettant le deuil au centre même du récit et l’action pratiquement que dans une maison et de son proche entourage, La proie d’une ombre (The Night House) n’est pas qu’un simple nouveau film horrifique avec un déferlement incessant de scènes violentes et de sang jaillissant à l’écran sans commune mesure. Construit de la même manière que les classiques horrifiques des années 70 et 80, ce film s’impose comme une véritable expérience cinématographique intense. Le réalisateur David Bruckner s’est entouré d’un excellent directeur de la photographie afin de soigner l’image de son film mais également de son compositeur habituel Ben Lovett afin de renforcer l’ambiance inquiétante du film. Assurément, La proie d’une ombre (The Night House) fut l’une des excellentes surprises du festival du cinéma américain de Deauville et nous ne pouvons que vous encourager à le découvrir au cinéma malgré sa sortie tardive en France.

The Night House (La proie d’une ombre)
Réalisé par David Bruckner
Écrit par Ben Collins, Luke Piotrowski
Produit par David S. Goyer, Keith Levine, John Zois
Avec Rebecca Hall, Sarah Goldberg, Evan Jonigkeit, Stacy Martin, Vondie Curtis-Hall
Directeur de la photographie : Elisha Christian
Montage : David Marks
Musique : Ben Lovett
Sociétés de production : Anton, Phantom Four Films
Distribué par Searchlight Pictures (États-Unis), The Walt Disney Company (France)
Date de sortie : 24 janvier 2020 (Sundance), 20 août 2021 (États-Unis), 15 septembre 2021 (France)
Durée du film : 110 minutes

Vu le 6 septembre 2021 au Centre International de Deauville

Note de Mulder: