Youth

Le nouveau film écrit et réalisé par le réalisateur italien Paolo Sorrentino (Oscar du meilleur film étranger en 2014 pour La grande bellezza) s’impose tout simplement comme l’un des meilleurs de cette année. Loin de chercher un sujet facile d’accès, le réalisateur et scénariste porte un regard frais et sensible sur la vieillesse, l’amour et le Cinéma (réalisateur, comédien…) et plus largement sur l’art en général. Ainsi, deux amis de longue date ayant réussi dans des domaines artistiques (la musique, la réalisation) se retrouvent dans un hôtel luxueux au pied des alpes et discutent de leur passé, de la vie, de leurs erreurs. Fred (magnifique Michael Caine) est un compositeur et chef d’orchestre retiré du métier et constamment courtisé par un représentant de la Reine d’Angleterre pour refaire un concert. Il retrouve dans cet hôtel sa fille Lema (Rachel Weisz) qui vient juste de rompre avec le fils de son ami Mick Boyle. Dans cet hôtel se repose également un comédien Jimmy Tree dont le rôle le plus apprécié est celui d’un androïde. Dans ce lieu de repos, Fred et Mick vont discuter longuement de leur métier, de leurs amours passés et tenter d’affronter leur avenir.

Youth malgré une affiche un peu trompeuse ne traite pas de personnages âgés tentant de retrouver leur jeunesse en fréquentant des jeunes femmes (Madalina Ghenea) mais s’apparente plutôt à une réflexion juste sur le monde du cinéma. La scène de la rencontre entre une ancienne comédienne Brenda Morel (touchante Jane Fonda) et le réalisateur Mick Boyle est représentative de la vision d’un âge d’or perdu hollywoodien. En cela le scénario de Paolo Sorrentino par sa sobriété et son classicisme vise juste et se révèle touchant et réussi. Alors que le sujet principal aurait pu faire craindre un drame insipide sur la vieillesse, le film ouvre plutôt à la réflexion sur l’art et particulièrement sur l’inspiration. Youth traite d’un état d’esprit et d’une volonté malgré l’âge de vouloir rester jeune et de continuer à s’épanouir. Le film bénéficie à ce titre d’un casting judicieux composé de quatre grands comédiens s’effaçant totalement devant le personnage. A ce titre, le comédien Harvey Keitel trouve un rôle poignant qui marque son grand retour dans un rôle principal après de multiples seconds rôles dans des films grand public.

L’originalité du propos fait de ce film une des plus belles réussites de cette année 2015. Un film émouvant, magistralement interprété sur un sujet difficile traité ici avec une pudeur rare. Une nouvelle fois la présence d’un grand scénario s’apparente à une partition musicale dans laquelle les comédiens peuvent jouer avec une réelle passion des personnages réalistes et attachants. Rien que pour retrouver Michael Caine dans un grand rôle principal, ce film mérite d’être découvert et défendu..

Vu le 29 juin 2015 au Royal Monceau, en VO

Note 4.5/5

Note de Mulder: