Travelling at Night with Jim Jarmusch

Au fil de son œuvre unique, Jim Jarmusch a su s'imposer comme une figure absolument incontournable du paysage cinématographique depuis près de trente ans, en nous offrant toute l'excellence dont le cinéma indépendant américain est capable. Ce n'est donc pas étonnant que ce talentueux cinéaste ait fasciné la réalisatrice Léa Rinaldi, dont la filmographie se résume à deux documentaires sur lui. Le premier, intitulé Behind Jim Jarmusch (2009), nous plongeait ainsi au cœur du tournage de son film The Limits of Control (2009). Cette fois-ci, son second documentaire nous transporte sur le plateau du dernier film en date de Jarmusch : Only Lovers Left Alive (2013).

Travelling at night with Jim Jarmusch est un documentaire plutôt atypique qui se passe de l'utilisation de voix off ou de tout autre artifice superflu qui aurait probablement alourdi le résultat final. Ici, Jim Jarmusch ne s'adresse jamais à nous, ne se confie pas à la caméra et ne nous apprend finalement rien de plus que ce que les images captées la caméra de Léa Rinaldi veulent bien nous révéler. Et pourtant, on observe tout de même avec beaucoup d'attention et de plaisir la façon dont il dirige ses acteurs (ici tTilda Swinton et Tom Hiddleston en fins amateurs d'hémoglobine) et procède lors des différentes étapes de la réalisation de son film. Les fans du cinéaste ou tout simplement les spectateurs qui ont apprécié sa dernière œuvre seront conquis par la manière dont le documentaire nous en montre l'envers du décor.

Toutefois, Travelling at night with Jim Jarmusch ne serait finalement qu'un simple making-of presque dénué d'intérêt si sa réalisatrice ne lui avait pas conféré une ambiance si particulière et si proche de celle du très réussi Only Lovers Left Alive. On serait même tenté de dire que le premier fait parfaitement écho au second, et cet enchaînement de déambulations nocturnes de Jim Jarmusch et de son équipe dans les rues de Tanger s'avère être un projet plus intime que prévu. Le soin particulier accordé à l'image en fait un documentaire finalement assez beau et poétique, tandis que la musique du groupe SQURL accompagne des mouvements de caméra surprenants.

Pas d'inquiétude si vous n'avez pas vu le film dont il est question dans Travelling at night with Jim Jarmusch. Il n'y a nul besoin de cela pour apprécier cet intéressant documentaire, qui aurait cependant grandement gagné à dresser un portrait davantage profond et surtout à être un peu plus long.

Vu le 16 Juin 2014, à l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, au Lincoln, en VO.

Note de Noodles: