
Titre original: | Cornouaille |
Réalisateur: | Anne Le Ny |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 15 août 2012 |
Note: | |
Odile, la responsable d’une agence de voyages, n’a jamais vraiment su aimer. Orpheline de son père dès ses douze ans, elle est la maîtresse de Fabrice, qui a préféré fonder une famille avec une autre femme. Suite au décès de sa tante, Odile doit se rendre en Bretagne, afin de mettre en vente la maison sur la côte dont elle a hérité et sur laquelle pèse le souvenir douloureux de la mort de son père. Sur place, elle retrouve Loïc, un copain d’enfance qu’elle avait complètement oublié, mais qui lui permet de se réconcilier avec cet endroit, où les fantômes du passé la hantent sans cesse.
Critique de Tootpadu
Un doux air de ressemblance avec Les Aventures de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz souffle sur ce troisième film de la réalisatrice Anne Le Ny. Par son décor et par sa présentation des fantômes non pas comme des épouvantails, mais en tant que compagnons de route ou de vie qui permettent à une femme plus très jeune de redémarrer son existence, Cornouaille s’inspire de quelques points essentiels de l’histoire de la veuve qui tombe amoureuse du capitaine défunt. Le côté romantique y est moins prononcé, au profit du portrait sensible d’une folie, qui avance systématiquement vers une affirmation de la vie selon les règles qu’Odile s’est elle-même fixées.
Comme ce fut déjà le cas dans ses films précédents, Anne Le Ny ne cours pas après les effets narratifs faciles. Elle privilégie davantage un ton sobre et intelligent, qui – sans reproduire la pureté émotionnelle suscitée par Ceux qui restent – sait néanmoins prendre les conventions du genre traité à rebrousse-poil pour aboutir à une œuvre aussi singulière et intéressante que Les Invités de mon père. Les visions d’Odile y font partie intégrante d’une démarche hautement subjective, comme si le spectateur devait s’abandonner corps et âme au point de vue de cette femme meurtrie par la perte de son père, avant de pouvoir tirer les bénéfices, discrets mais certains, d’un film qui n’est à aucun moment convaincu de sa propre perfection.
Le style de la réalisatrice ne se démarque point par des affirmations sures et irrévocables. Il glisse plutôt le long d’un fil narratif qui laisse beaucoup de place au doute et à l’interrogation. Nous ne saurons jamais avec certitude si Odile est en proie à une dérive mentale inquiétante ou si toutes ces rencontres fantastiques ne sont que le reflet d’un esprit perturbé par la confrontation avec un passé trop longtemps mis de côté. Une chose est claire, cependant, c’est que le carcan d’une femme psycho-rigide – pour de vrai et pas seulement en guise de ruse pour obtenir un taxi – s’est fissuré à la fin, pour mieux laisser entrer la vie sous toutes ses formes.
Vu le 15 août 2012, au MK2 Quai de Seine, Salle 1
Note de Tootpadu: