Abraham Lincoln Chasseur de vampires

Abraham Lincoln Chasseur de vampires
Titre original:Abraham Lincoln Chasseur de vampires
Réalisateur:Timur Bekmambetov
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:08 août 2012
Note:
Abraham Lincoln perd sa mère quand il est encore un enfant. Elle succombe à une étrange maladie, à l’origine de laquelle serait le mystérieux et maléfique propriétaire de plantation Jack Barts. Devenu adulte, Lincoln compte assouvir sa vengeance, quand il fait la connaissance de Henry Sturges. Celui-ci lui révèle la véritable nature de Barts : il fait partie d’une lignée de vampires qui sévit depuis des siècles dans les états confédérés du Sud. Sturges accepte le jeune homme en tant qu’élève, à condition qu’il ne cherche pas simplement à exécuter son ennemi intime, mais à mener le combat pour la survie de la race humaine.

Critique de Mulder

L'histoire de la construction unifiée des Etats-Unis met en avant la force de conviction de l'un des plus importants présidents de ce pays : Abraham Lincoln. Cet homme se voit ici recouvert de deux tâches : celles d'être d'abord tueur de vampires et ensuite président.

Le souci premier du film est le manque de charisme de l'acteur Benjamin Walker pour l'interpréter, une erreur de casting importante tant Liam Neeson aurait été parfait dans le rôle (Steven Spielberg dans son film Lincoln à venir lui avait proposé le rôle titre, mais suite au retard de démarrage du tournage, l'acteur avait dû refuser). Hormis Mary Elizabeth Winstead, dont la présence illumine certes le film, mais dont la jeunesse rend guère crédible ici son rôle de mère, l'intégralité du casting semble sonner faux, y compris pour l'un des rôles les plus importants du film, Dominic Cooper qui est censé être le mentor de Abraham Lincoln.

Après avoir réalisé notamment Wanted et la saga Night watch et Day watch, Timur Nuruakhitovich Bekmambetov semble guère inspiré en ce qui concerne la direction de ses acteurs. Le trop grand nombre de ralentis, pourtant très bien utilisés dans Wanted, fait que ce film ne parvient pas à rester dans nos mémoires de manière indélébile. L'idée de départ est pourtant très intéressante : ancrer une dimension fantastique dans cette période de la guerre de Sécession aurait pu réellement donner une fresque telle le Dracula de Francis Ford Coppola. Le scénario pourtant adapté par l'auteur du roman lui-même aurait dû être retranscrit de manière plus cinématographique et instaurer une certaine évolution dans l'intrigue. Le résultat final, bénéficiant pourtant d'un budget de 50 millions de dollars, n'atteint pas totalement son objectif premier de divertir son public, malgré certaines scènes réussies (celle de l'attaque du train, celle de la maison en Louisiane). La plupart des scènes réussies n'apporte rien de bien nouveau et semble être que du recyclage sans originalité.

La présence de Tim Burton à la production aurait pu sauver ce film du naufrage, mais ce n'est pas le cas. Même si le résultat n'est pas catastrophique, il ne s'impose pas comme une réussite exemplaire. La somme de talents indéniables (réalisateur, producteur) ne signifie pas réussite pour autant. N'est pas Christopher Nolan ou James Cameron qui le veut.

Par son originalité, ce film réussit à se rattraper, même si le traitement est calamiteux. Cette commande de studio aurait donc mérité une meilleure élaboration que celle prodiguée. Reste un film d'action construit comme un film de super-héros avec traumatisme de l'enfance, scènes d'entraînement, connaissance du point faible du héros (sa famille) et les scènes de combat qui en découlent.

Cette année, la Warner aura son Dark knight, Sony son Amazing Spider-man, Disney son Avengers et la Fox son justicier au long chapeau et à la hache : chercher l'intrus est très facile ...

Vu le 3 juillet 2012, au Paramount Opéra, Salle 2, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Nous ne connaissons pas bien l’œuvre du réalisateur kazakh Timur Bekmambetov. Il aura cependant suffi d’un seul film, Day watch, pour nous convaincre de son talent visuel, c’est-à-dire sa capacité à créer des univers plastiques dans lesquels on se perd volontairement, voire avec joie, peu importe la cohérence de l’intrigue qui se déroule dans ces labyrinthes directement sortis de l’imagination d’un visionnaire prometteur. Quelle immense déception alors, de constater que la magie n’opère pas une deuxième fois ici ! Pire encore, l’emploi du relief n’apporte strictement rien à cette transposition globalement très moche de la vie de l’icône américaine dans un contexte de vampires.
Les tons jaunâtres de la photo de Caleb Deschanel, son aspect numérique artificiel et trop contemporain, ainsi que des effets spéciaux peu convaincants, comme par exemple cette poursuite à dos de cheval tout à fait risible ou la chute interminable du train dans une mer de feu : ce sont là autant d’éléments formels qui nous rebutent forcément. Hélas, le scénario de Seth Grahame-Smith, dont la plume était encore infiniment plus inspirée dans le récent Tim Burton, Dark shadows, n’est pas non plus d’un grand secours, puisqu’il se contente de retracer superficiellement une histoire de vengeance aux affrontements aussi prévisibles qu’ennuyeux. A la limite, l’habillage aux couleurs du film du Manoir de Paris – une sorte de donjon aux nombreuses pièces et aux comédiens plus gentiment effrayants les uns que les autres – auquel les journalistes étaient conviés à la suite de la projection nous a paru plus réussi que l’intrigue de base elle-même, sans queue ni tête.
Espérons donc que le souvenir désagréable de ce film, qui ne l’est pas moins, se sera estompé d’ici la sortie dans quelques mois du prochain Spielberg, sur le même thème mais traité sérieusement. Sinon, on maudira encore plus ses lacunes formelles et narratives, son côté factice repoussant, et sa distribution antipathique, à l’exception d’Anthony Mackie, qui n’arrive pas à lui seul à sauver les meubles.

Vu le 3 juillet 2012, au Paramount Opéra, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: