De rouille et d'os

De rouille et d'os
Titre original:De rouille et d'os
Réalisateur:Jacques Audiard
Sortie:Cinéma
Durée:122 minutes
Date:17 mai 2012
Note:
Ali s’est installé avec son fils dans le sud, chez sa sœur. Il y trouve un travail comme videur dans une boîte de nuit, où il fait la connaissance de Stéphanie, une dresseuse d’orques. Cette première rencontre ne mène à rien, jusqu’à ce que la jeune femme reprenne contact, à la suite d’un accident professionnel qui l’a laissée infirme. Dès lors, ce couple mal assorti vivra une histoire improbable, entre des tournois de lutte clandestins et des moments d’intimité torrides.

Critique de Tootpadu

La bestialité et la normalité se livrent une fois de plus une bataille féroce dans le nouveau film de Jacques Audiard. Il vaudrait en effet mieux faire l’impasse sur tout ce qui relève de l’édifiant et du socialement exemplaire, pour apprécier à sa juste valeur ce conte plutôt fascinant sur deux écorchés vifs. Car les deux personnages principaux de De rouille et d’os n’ont plus grand-chose à perdre et se comportent en conséquence. Néanmoins, à partir de cette posture d’un désespoir recroquevillé sur lui-même, Ali et Stéphanie réussissent à atteindre un terrain d’entente improbable, une sorte de refuge du regard désapprobateur de la société sur la brute et l’infirme, qui leur permet tant soit peu de se reconstruire.
Dans ce couple inégal, Matthias Schoenaerts doit porter une fois de plus le lourd fardeau du mâle irascible. Que son rôle est exempt des pieds d’argile qui minaient la virilité de son personnage dans Bullhead constitue une différence minime dans le contexte global de ces deux interprétations quasiment interchangeables. Ainsi, son Ali est moins un homme maudit, qu’un crétin tragique, qui ne manque pas une occasion pour faire exactement la pire chose imaginable. Quand une simple pause pipi amène le dernier virement catastrophique d’un récit qui en connaît un nombre trop élevé, c’est la proverbiale goutte qui fait déborder le vase de notre tolérance de spectateur face à un tel misérabilisme mélodramatique.
En comparaison, Marion Cotillard s’en sort bien avec cette femme qui apprend à se relever, suite à un accident lourdement handicapant. La mise en scène toujours aussi appuyée de Jacques Audiard ne transforme pas le long calvaire de son rétablissement en un hymne idéaliste à la vie, dans les tonalités d’une joie débordante comme dans Intouchables. Elle s’évertue davantage à puiser de la force dans les moments de rejet, qui produisent contre toute attente une détermination et une volonté de fer, en mesure de porter ce personnage impressionnant au-delà des abîmes d’une conclusion sensiblement trop consensuelle pour l’action éprouvante – dans la forme et dans le fond – qui l’a précédée.

Vu le 24 mai 2012, au Cinéma du Panthéon

Note de Tootpadu: