
Titre original: | Irlandais (L') |
Réalisateur: | John Michael McDonagh |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 21 décembre 2011 |
Note: | |
Gerry Boyle est le chef de police peu orthodoxe du village de Galway, au fin fond de la campagne irlandaise. Sa quiétude de gardien de la paix instruit mais caractériel est perturbée par l’arrivée d’un nouveau adjudant, envoyé de Dublin. Le même jour, Boyle doit constater le meurtre d’un inconnu, apparemment la victime du premier tueur en série que ce coin paumé ait jamais vu. Finalement, le sergent imperturbable déduit qu’il s’agit du quatrième membre d’un groupe de trafiquants de drogues, sur le point de réceptionner une cargaison importante sur la côte locale. Contre son gré, Boyle devra assister l’agent du FBI Wendell Everett, venu spécialement des Etats-Unis pour intercepter les criminels.
Critique de Tootpadu
Pris individuellement, les différents éléments qui sont censés former le fil narratif de ce premier film irlandais fonctionnent plutôt bien. A commencer par la variation amusante sur l’antagonisme racial entre deux flics plus intègres et efficaces que les préjugés le laisseraient supposer, dans la lignée directe du chef-d’œuvre de Norman Jewison Dans la chaleur de la nuit. De même, le lien mi-affectif, mi-mélancolique que cette brute d’un flic entretient avec sa mère souffrante dévoile une facette supplémentaire dont la valeur complémentaire dépasse nettement celle de son pouvoir de distraction d’une affaire criminelle pas si haletante que cela. En effet, le trio de méchants intrigue plus par ses aspirations poétiques et par la mauvaise humeur imperturbable du seul Anglais de la bande que par la menace qu’il représente, qui est de toute façon évacuée d’emblée par une tournée de pots de vin généreux. Seule la veuve croate dénote un peu comme l’unique voie vers la respectabilité pour un protagoniste incorrigible, qui préfère s’amuser avec des prostituées pendant son sacro-saint jour de repos.
A partir de ces ingrédients relativement ingénieux et bien exécutés, la mise en scène de John Michael McDonagh ne réussit pourtant pas à façonner un récit aussi jouissif que celui de Bons baisers de Bruges de son frère Martin McDonagh. Le caractère disparate des différentes parties de L’Irlandais ne se laisse ainsi pas simplement dompter par quelques emprunts stylistiques auprès du cinéma des années 1960, comme les brèves coupes psychédéliques ou les gros titres en rouge à la fin du film. Il manque au film une signature globale et personnelle qui serait en mesure de canaliser ces divergences et de dissiper notre impression de n’assister en fin de compte qu’à un pastiche plaisant, mais creux.
Grâce à l’interprétation jubilatoire de Brendan Gleeson et de Don Cheadle, ce policier à l’humour noir arrive néanmoins à nous charmer. Leur confrontation ne vaut peut-être pas celle aux enjeux sociaux clairement plus marqués entre Rod Steiger et Sidney Poitier, mais en tant qu’hommage enjoué, elle remplit parfaitement son rôle de moteur principal d’une intrigue trop inégale pour réellement convaincre.
Vu le 2 janvier 2012, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 30, en VO
Note de Tootpadu: