Bons baisers de Bruges

Bons baisers de Bruges
Titre original:Bons baisers de Bruges
Réalisateur:Martin McDonagh
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:25 juin 2008
Note:
Après avoir bâclé un contrat à Londres, les deux tueurs à gages Ken et Ray sont envoyés à Bruges, en Belgique, par leur patron Harry, pour se mettre à l'abri. Alors que Ken apprécie les qualités touristiques de la ville médiévale, Ray s'y ennuie fermement. Cela change, lorsqu'il fait la connaissance de Chloé, qui travaille sur un tournage. Mais la donne change encore, quand Harry appelle pour indiquer la nouvelle cible.

Critique de Tootpadu

Le ton cinglant de ce premier film de Martin McDonagh, l'ancien enfant terrible du théâtre anglais et oscarisé il y a deux ans pour son court-métrage Six Shooter, ne s'arrête devant rien. Les personnes de petite taille, les Belges, évidemment, les suicidaires, les femmes et les enfants, tous en prennent pour leur grade. Toutefois, cette posture moqueuse ne découle pas tellement du mépris de la race humaine, mais plutôt d'une franchise sans borne, dont les personnages se font l'agent à tour de rôle. On rit ainsi pas mal face à l'humour exacerbé de cette farce sanglante, sans que le poids un brin caricatural de l'intrigue n'enlève leurs caractéristiques trop humains à cette bande de malfrats haute en couleur.
La qualité du scénario est indéniable. Rien de moins étonnant de la part d'un dramaturge célébré à travers les scènes internationales. Martin McDonagh y associe brillamment le cadre pittoresque de Bruges, l'action meurtrière et les particularités sensiblement décalées de ses personnages. Le comportement ordinaire et prévisible n'est en effet pas à l'ordre du jour dans ce récit rocambolesque et sombre. Et pourtant, dans la mollesse touristique initiale, tout comme dans la frénésie de l'action qui s'ensuit, il subsiste toujours assez de crédibilité pour ne pas faire décoller le récit vers le grand n'importe quoi.
Alors que le talent scénaristique de Martin McDonagh n'est plus à prouver, ses capacités en tant que réalisateur ne déméritent pas non plus. Il sait profiter au mieux du cadre féérique de Bruges, pour établir un fond rassurant devant lequel ses personnages guère recommandables s'agitent, et pour tirer, dans le même temps, de ce contraste de respectabilité un décalage supplémentaire. Enfin, sa direction d'acteurs est, elle aussi, exemplaire, puisqu'elle sait aiguiller tous les comédiens vers des interprétations au moins très solides. Surtout Colin Farrell, qui montre une fois de plus son côté sensible, tel le prolongement logique de son rôle d'assassin récalcitrant dans Le Rêve de Cassandre, et Ralph Fiennes, dont le patron impitoyable ferait fuir Ben Kingsley dans Sexy Beast, se démarquent positivement.

Vu le 27 mai 2008, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: