Marches du pouvoir (Les)

Marches du pouvoir (Les)
Titre original:Marches du pouvoir (Les)
Réalisateur:George Clooney
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:26 octobre 2011
Note:
Les primaires du parti démocrate en vue de l’élection présidentielle rentrent dans la phase chaude. A quelques jours de l’élection dans l’état de l’Ohio, les deux derniers candidats en lisse sont au coude à coude dans les sondages. Stephen Meyers, le jeune directeur en communication de la campagne du gouverneur Morris, croit dur comme fer en la supériorité de son poulain. Une offre compromettante de la partie adverse et une affaire avec la stagiaire Molly mettront cependant en branle cette certitude.

Critique de Tootpadu

Il n’y a plus d’honneur dans la politique américaine. Au plus tard depuis l’affaire Watergate, les politiciens ont troqué leur aura exemplaire de meneur imperturbable d’une nation contre quelque chose de moins recommandable. Même chez les meilleurs présidents et autres leaders charismatiques, il reste toujours un arrière-goût amer, empreint de suspicions envers ceux qui sont trop irréprochables pour être vrais, comme Barack Obama, ou d’une certaine déception à l’égard de ceux qui ont osé entacher leur règne par des scandales pitoyables, comme Bill Clinton. En somme, l’aristocratie politique des Etats-Unis n’est plus ce qu’elle était et cette perte irrévocable de prestige est forcément accompagnée par un regard filmique lui aussi moins grandiose. Nous sommes en effet loin des années 1960, où des films comme Tempête à Washington de Otto Preminger et Que le meilleur l’emporte de Franklin J. Schaffner ont encore su déceler les dernières bribes d’intégrité auprès des agitateurs opportunistes du marasme de la capitale américaine.
Pour son quatrième film en tant que réalisateur, George Clooney ne cultive ainsi pas l’ambition de voir trop grand pour cette histoire, qui est assez semblable à celle de Primary colors de Mike Nichols. Les similitudes entre les deux films sont en effet troublantes, puisque et dans l’un, et dans l’autre, il est question d’un jeune assistant de campagne, qui devra traverser un nombre d’épreuves quasiment identique avant de se soumettre à la force corruptrice du pouvoir. Faute de point de repère précis dans l’actualité, Les Marches du pouvoir n’arrive cependant jamais entièrement à se défaire d’un petit côté opportuniste, comme si le réalisateur avait besoin d’un film supplémentaire, après le déjà suffisamment explicite Good Night, and Good Luck., pour transmettre l’essentiel de son point de vue progressiste. Or, les temps ont changé, heureusement, depuis le pamphlet contre la lâcheté des médias face à la main-mise du gouvernement Bush sur l’opinion publique au moment de la guerre irakienne, et le propos de ce film-ci souffre par conséquent d’une vacuité abstraite, dépourvue de l’urgence de créer une telle mise en question de l’appareil politique américain à ce moment précis.
La facture très solide du film rejoint en quelque sorte son côté utile, mais guère indispensable. La distribution truffée de noms prestigieux remplit de la même façon convenablement son rôle, sans pour autant exceller dans des feux d’artifices dramatiques. A bien y regarder, il n’existe qu’un seul élément dans ce film respectable qui aspire à quelque chose de plus puissant et c’est la musique majestueuse d’Alexandre Desplat. Les émotions que le récit dans toute sa sobriété n’arrive pas à transmettre, la bande originale s’en charge avec une subtilité et une aisance, qui confirment définitivement le niveau supérieur de ce compositeur autrement plutôt discret dans ses illustrations musicales.

Vu le 15 novembre 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 24, en VO

Note de Tootpadu: