Good Night, and Good Luck.

Good Night, and Good Luck.
Titre original:Good Night, and Good Luck.
Réalisateur:George Clooney
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:04 janvier 2006
Note:
Au début des années 1950, les Etats-Unis se sont lancés dans une chasse aux communistes, dirigée par le sénateur zélé Joe McCarthy. En dépit du risque qu'ils courent d'être eux-mêmes convoqués devant la commission d'enquête de celui-ci, certains membres des médias contestent les méthodes injustes du politicien. Parmi eux, Ed Murrow, le célèbre présentateur d'émissions politiques et mondaines sur la chaîne CBS.

Critique de Tootpadu

L'Histoire se répète sans cesse, et même si la situation actuelle n'a plus rien à voir avec celle il y a un demi-siècle en termes médiatiques, un climat d'oppression et de réduction des libertés s'est décidément emparé des Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001. Grâce aux manoeuvres fortement intéressées et bornées de l'actuel occupant de la Maison blanche, le droit à l'information est quotidiennement bafoué et même les individus les plus crédules se rendent compte de la nature trompeuse des différentes actions qui sont censé apporter la liberté "à l'américaine" aux peuples opprimés. Le combat que l'acteur George Clooney mène avec son deuxième film en tant que réalisateur entretient donc un lien étroit avec les sujets préoccupants de nos jours, malgré l'aspect historique de l'intrigue.
D'une pertinence et d'une intelligence remarquables, ce film soigné est cependant en manque d'une chose essentielle pour être une réussite complète : le coeur. La mise en scène épouse tellement le style sec, entièrement basé sur des faits, de son protagoniste qu'elle en oublie en très grande partie l'impact émotionnel que la croisade d'Ed Murrow aurait pu avoir. Les quelques éléments susceptibles de pallier cette lacune sont au démeurant traités avec une maladresse suffisante pour anéantir un quelconque effet bénéfique. Au contraire, et l'histoire de couple entre deux collaborateurs de Murrow, et le drame personnel d'un de ses collègues, figurent parmi les épisodes les plus inutiles, pour le premier, ou les plus prévisibles, pour le deuxième, du scénario. George Clooney fait ainsi preuve d'une conviction louable, mais son film échoue à donner une âme et un entrain irrésistible à ce combat nécessaire. La structure dénudée et avare en flamboyance du film ne peut ainsi pas toujours camoufler des moments d'une introspection un peu gratuite (William Paley qui se promène tout seul, la nuit, dans le studio) ou un rythme peu ingénieux (les chansons récurrentes de Dianne Reeves).
La sobriété un peu froide de l'exécution se retrouve au sein d'un ensemble d'acteurs tous très solides. Avec l'interprétation retenue de David Strathairn comme guide, personne ne s'adonne à des numéros extravagants, dans un souci appréciable de laisser l'histoire parler pour elle-même. Seulement, cette histoire, telle qu'elle est racontée ici, manque de passion et de hargne pour en faire un thriller politique mémorable.

Vu le 30 janvier 2006, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 22, en VO

Note de Tootpadu: