
Titre original: | Femme du Cinquième (La) |
Réalisateur: | Pawel Pawlikowski |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 84 minutes |
Date: | 16 novembre 2011 |
Note: | |
L’écrivain américain Tom Ricks arrive à Paris, afin d’y retrouver sa fille Chloé. Mais son ex-femme tient à le garder à distance, quitte à prévenir la police quand Tom passe à l’improviste chez elle. Après avoir été dépouillé de ses affaires pendant qu’il dormait dans le bus, Tom se trouve à la merci de Sezer, le patron d’un hôtel miteux dans les quartiers populaires du nord parisien. Alors qu’il passe ses nuits à surveiller pour le compte de Sezer le va-et-vient des clients dans un sous-sol, Tom commence à fréquenter la traductrice Margit Kadar, une femme énigmatique dont il a fait la connaissance lors d’une soirée littéraire.
Critique de Tootpadu
Pour un auteur à la mode qui jouit des faveurs du grand public, Douglas Kennedy écrit des histoires pas toujours faciles d’accès. Un an après l’adaptation par Eric Lartigau de L’Homme qui voulait vivre sa vie ou comment un trentenaire frustré n’arrive pas à couper les ponts avec son existence bien rangée, voici le deuxième roman de Kennedy porté à l’écran en France, qui dresse au contraire le portrait opaque d’un homme qui s’accroche aux fragments d’une vie ordinaire avant de lâcher prise. Aussi antipathique le protagoniste de La Femme du Cinquième soit-il, la disposition assez brouillonne de l’intrigue lui réserve néanmoins de rares parenthèses de sympathie, ne serait-ce que lors de ses tentatives infructueuses d’établir un peu d’ordre autour des toilettes communes dans le taudis où il a été obligé d’élire domicile. Ces quelques écarts dans le ton ne réussissent pourtant pas à revigorer un récit, qui bat sinon sérieusement de l’aile.
Contrairement à d’autres aventures d’Américains échoués à Paris, comme le relativement haletant Frantic de Roman Polanski ou le bêtement trivial Taken de Pierre Morel, le nouveau film du réalisateur polonais Pawel Pawlikowski ne bénéficie pas d’une dynamique narrative qui serait à même de rendre le périple de cet écrivain déboussolé plus engageant. Un parfum d’étrangeté flotte certes au-dessus de cette histoire pour le moins nébuleuse, mais l’apparition de l’intrus dans un monde passablement sordide – et pourtant tributaire d’une banalité quelconque qui ne montre jamais de front le danger – ne permet point de concrétiser les enjeux de l’intrigue.
Entre le style visuel contemplatif de la mise en scène, qui était plus approprié à la sensualité estivale du film précédent du réalisateur, et la présence rayonnante et en même temps subtilement perverse de Kristin Scott Thomas – tout au moins jusqu’à ce que son personnage change mollement de registre –, on se sent par conséquent un peu perdu, comme si ce film inégal n’était au fond qu’un prétexte anodin pour troubler les sens.
Vu le 8 novembre 2011, au Racine Odéon, en VO
Note de Tootpadu: