Eyes find eyes

Eyes find eyes
Titre original:Eyes find eyes
Réalisateur:Jean-Manuel Fernandez, Sean Price Williams
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:08 juin 2011
Note:
L’expert en tableaux Ernst Ipsum, un Français basé à New York, a accepté de localiser pour le compte de la mafia locale un Caravage. Son assistant en retrouve la trace près de Paris, dans la maison d’un voleur de tableaux rares. Avant qu’il ne puisse mettre la main dessus, le voleur est arrêté par la police et son butin est soit saisi par la justice, soit brûlé par sa mère. Désormais incapable de satisfaire ses commanditaires, Ipsum cherche d’autres moyens pour se tirer de cette affaire.

Critique de Tootpadu

Le producteur portugais Paulo Branco est en quelque sorte le parrain européen de sa profession. Un véritable touche-à-tout, il investit des sommes raisonnables dans des œuvres éclectiques, permettant à la fois aux maîtres confirmés du Septième art comme Manoel De Oliveira et Raoul Ruiz de continuer à travailler même si les faveurs du public ne sont pas toujours au rendez-vous, et aux débutants de s’exprimer afin de trouver leur place dans la concurrence cacophonique qui règne sur le marché art et essai du vieux continent. Il est rare que Paulo Branco s’aventure jusqu’en Amérique. Et au vu de Eyes find eyes, on serait presque tentés de dire, tant mieux.
L’ambition artistique des réalisateurs Jean-Manuel Fernandez et Sean Price Williams ne fait aucun doute dès les premières images du film, qui nous plongent d’emblée dans l’atmosphère si typique de New York, dont Martin Scorsese peut être considéré comme le créateur officieux en termes cinématographiques. Sauf que les lumières de la ville qui rythment les plans serrés de l’action nocturne ne dépassent à aucun moment ici le stade de la pose prétentieuse, tel le cadre artificiel et maniéré d’une histoire qui ne l’est pas moins.
Le bagage filmique est si lourd et le fil de l’intrigue si alambiqué que nos sens étaient prêts à suffoquer, s’ils n’avaient pas été secourus in extremis et d’une façon en fin de compte insuffisante par deux bouffées d’air minimes. La première s’est avéré être un leurre, puisque la participation amicale de Ronald Bronstein, réalisateur du magnifique Frownland et acteur chez les frères Safdie dans Lenny and the kids, n’est point un gage de qualité, qui rapprocherait ce film-ci de ce que le cinéma indépendant américain fait de mieux, mais hélas juste une apparition anecdotique sans conséquences. La deuxième est déjà plus substantielle, puisque la caméra a su s’abstenir pendant quelques minutes des chichis agaçants qui caractérisent le reste du film, pour observer tout naturellement le geste simple et beau du peintre qui crée un tableau. L’influence néfaste du protagoniste antipathique ne tarde pas à pervertir cet élan artistique en une besogne stérile, à l’image de ce film au propos plus que nébuleux.

Vu le 25 mai 2011, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: