
Titre original: | Sucker punch |
Réalisateur: | Zack Snyder |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 30 mars 2011 |
Note: | |
Après la mort de sa mère, Babydoll reste seule avec sa petite sœur sous la tutelle de leur beau-père. Celui-ci ne met pas longtemps avant de chercher à abuser des filles. Lors d’une altercation avec lui, Babydoll tue accidentellement sa sœur. Admise à l’asile psychiatrique du méchant surveillant Blue, Babydoll doit y être lobotomisée quelques jours plus tard. Grâce à la complicité de quatre autres patientes, elle tente de s’enfuir de cet endroit malsain avant la date fatidique.
Critique de Tootpadu
La grandiloquence est sans bornes dans le nouveau film de Zack Snyder. Dès l’exposition hautement affligeante dans son empressement de tout souligner lourdement à travers un style visuel surchargé jusqu’à l’asphyxie, les pires travers de la mise en scène de ce réalisateur, pas vraiment connu pour la légèreté de son langage cinématographique, ont libre cours pour abasourdir l’œil et l’oreille du spectateur. Les premières minutes de ce supplice filmique donnent certainement le ton pour ce qui va suivre, en privilégiant la forme – pompeuse jusqu’à devenir risible – au détriment d’un fond dépourvu de la moindre originalité. Il nous arrive en effet rarement d’être dégoûté d’un film aussi rapidement et avec une telle aversion viscérale.
Les choses paraissent s’arranger quelque peu par la suite, quand le réalisateur copie grossièrement sur Christopher Nolan et Inception, en conférant un semblant de profondeur au récit par le biais d’une structure narrative en forme de poupée russe. Mais là encore, la pose prime sur la logique d’une histoire de plus en plus déroutante. Tandis que le premier niveau ressemble à un pastiche raté de Baz Luhrmann et ses couleurs éclatantes du Moulin Rouge, le second n’est plus qu’un prétexte pour enchaîner des univers fantastiques tout droit sortis de l’éprouvette d’une usine de jeux vidéos sans âme. Pendant que nous subissons donc le rythme répétitif d’un scénario, qui alterne avec un peu trop d’insouciance et pas assez de consistance entre des stéréotypes machiavéliques et un regard tendancieux, voire misogyne, sur ses personnages féminins, notre seul espoir que tout ce carnage filmique rimera peut-être à quelque chose, repose sur le dénouement, censé apporter un minimum de logique à ce délire sans queue, ni tête. Hélas, Zack Snyder n’a pas trouvé mieux qu’une philosophie bancale, comparé à laquelle les deux suites de Matrix des frères Wachowski passeraient presque pour un regard éclairé et sage sur le monde.
En somme, il n’y a strictement rien à sauver dans Sucker punch : ni la bande son tonitruante sans cesse et sans raison, qui vous donne l’impression d’avoir passé des heures en boîte à la sortie de la salle ; ni l’aspect visuel, filtré à travers tant de procédés numériques qu’il n’en reste en fin de compte que l’exemple parfait d’une esthétique de la laideur, qui poursuit l’agression des sens dans laquelle – au moins – ce navet excelle ; et certainement pas sa mise en scène et son scénario, qui sont l’œuvre d’un péteux, qui a dû penser que le fait d’avoir autant de moyens techniques à sa disposition lui donnait le droit de faire abstraction de toute logique narrative. Pire encore, en échange de deux heures de notre vie irrémédiablement perdues, Zack Snyder nous a prouvé qu’il ne valait guère mieux qu’un Michael Bay, qui, lui, dispose au moins de l’éthique professionnelle de soigner son style en quête de la vacuité suprême. Snyder, en revanche, paraît réellement prendre au sérieux les énormités illogiques et déplaisantes avec lesquelles il nous agace sans discontinuer.
Vu le 24 mars 2011, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Zack Snyder est l'un de ces réalisateurs virtuoses ayant commencé sa carrière dans le domaine de la publicité et passé à la réalisation d'un film d'horreur (L'Armée des morts). Passionné par les comics, il réussit avec brio l'adaptation de deux œuvres marquantes, soit 300 et Watchmen. Films cultes lui ouvrant les portes d'Hollywood et lui permettant d'accéder à la création d'un film dont il est le principal instigateur (double casquette de scénariste et de réalisateur). Sucker punch est donc un événement cinématographique à plus d'un égard.
L'intrigue est très classique à première vue : suite au décès de leur mère, Babydoll tue par accident sa jeune sœur en voulant la protéger du beau-père et se retrouve incarcérée dans l'asile psychiatrique Lennox. Pour fuir cette réalité cauchemardesque, Babydoll trouve refuge dans un monde imaginaire en guerre, peuplé de zombies, de dragon et de samouraïs géants. Avec les conseils d'un sage de cet autre monde et l'appui de Sweet Pea, Rocket, Blondie et Amber, elle va tenter d'obtenir sa liberté.
Zack Snyder n'a pas son pareil pour créer un monde imaginaire violent et trousser des scènes d'action brillantes et clouant littéralement le spectateur dans son fauteuil. A ce niveau, Sucker punch est un vrai choc visuel, un film qui, touché par la magie, nous submerge dans un défilé de plans plus incroyables les uns que les autres. Certains ne verront dans ce film qu'une histoire trop simpliste, que le réalisateur a voulu sauver en intégrant des scènes d'action inédites. Cela serait une mauvaise appréciation de cette œuvre. Ce film est voulu par son réalisateur comme une immersion, un voyage sans retour possible, et surtout un comics live. A bien regarder des éléments du monde réel vont se retrouver dans le monde de substitution et la solution pour Babydoll, relative aux éléments permettant son évasion, relie les deux mondes intrinsèquement.
Un tel film sans la présence derrière la caméra d'un réalisateur surdoué et passionné par l'univers des comics aurait donné l'impression d'une baudruche boursouflée. Dans l'état actuel des choses, Zack Snyder se révèle être non seulement un virtuose, mais surtout un conteur hors pair d'un conte sadomasochiste pour adultes. Le quatuor féminin est le fantasme ultime de tous les geeks nourris de jeux vidéos et de films et fait de Zack Snyder le maître de cérémonie de ce spectacle hors norme et flamboyant.
Enfin, on pourra noter pour les spectateurs ayant succombé à ce véritable feu d’artifice, l’excellente idée de proposer en pré-vente un coffret ultimate prévu pour début août, comprenant le blu-ray du film, le livre de 225 pages (que nous avons remarqué lors de la projection de presse), la musique du film et autres collectors, et en complément les blu-rays de 300 et Watchmen.
J’attends avec une impatience intense l’année prochaine, pour enfin pouvoir assister à la vision de Zack Snyder de l'homme d'acier, figure incontournable de DC Comics.
Vu le 24 mars 2011, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO
Note de Mulder: