Inception

Inception
Titre original:Inception
Réalisateur:Christopher Nolan
Sortie:Cinéma
Durée:148 minutes
Date:21 juillet 2010
Note:
Dom Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant – à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse : implanter une idée dans l’esprit d’un individu. S’ils y parviennent, il pourrait s’agir du crime parfait. Et pourtant, aussi méthodiques et doués soient-ils, rien n’aurait pu préparer Cobb et ses partenaires à un ennemi redoutable qui semble avoir systématiquement un coup d’avance sur eux. Un ennemi dont seul Cobb aurait pu soupçonner l’existence.

Critique de Tootpadu

Tandis que les détracteurs intransigeants du septième film de Christopher Nolan n'y verront qu'une resucée, aussi somptueuse soit-elle, du principe des univers parallèles introduit si brillamment, il y a onze ans, par Matrix des frères Wachowski, ses admirateurs inconditionnels le porteront aux nues comme une parabole magistrale aux richesses inépuisables sur la vie en général, et le cinéma avec ses mécanismes de tromperie des sens en particulier. La vérité - si une telle chose existait dans la science fort subjective de l'appréciation des oeuvres filmiques - se trouve probablement quelque part entre ces deux extrêmes. Propulsé par une ambition narrative et formelle indiscutable, Inception réussit le pari particulièrement osé de nos jours - où le monde des jeux virtuels a supplanté depuis quelques années déjà l'expérience d'évasion procurée pendant un siècle par le cinéma - d'immerger le spectateur dans un univers aux règles et à l'aspect visuel si fascinants, que l'on n'aimerait presque plus en sortir, même au bout de la durée considérable du film.
La construction gigogne du scénario, qui nous fait descendre jusqu'aux fins fonds de la perception temporelle, est certes si élaborée, que certains aspects doivent forcément en demeurer flous, voire pas tout à fait logiques. Mais la création d’un monde parallèle, aux origines plus réalistes que les piles humaines du film cité plus haut et néanmoins tributaire d’une imagination qui ne ressemble guère à notre espace onirique personnel, est mené avec une telle maestria qu’il serait criminel de ne pas succomber à cette invitation au rêve éveillé. Car Inception constitue avant tout une formidable acrobatie de l’esprit, qui abolit dans ses séquences les plus spectaculaires les règles de la pesanteur et qui nous fait douter avec une insistance grandissante de la faisabilité de l’opération que Dom Cobb et son équipe mènent dans le for intérieur de leur proie.
Tous les prétextes scénaristiques nécessaires à l’élaboration de la réalité subconsciente de l’intrigue s’évaporent ainsi l’un après l’autre, pour ne laisser subsister en fin de compte que la prise de plaisir brute face à un univers où tout paraît possible, et qui est pourtant régi par les obsessions, les passions, et les craintes intimes des personnages. A en juger par les quelques voix récalcitrantes de spectateurs ne souhaitant pas adhérer corps et âme à la construction farfelue et hautement abstraite, conçue par Christopher Nolan, la mise en réseau des esprits ne paraît pas tout à fait concluante. Rien que l’exécution de la matrice mentale jouit par contre d’une complexité suffisante pour nous enthousiasmer.
Contrairement à ses films de super-héros assez tendancieux et conventionnels dans la forme, le réalisateur anglais voit plus grand et plus loin ici. Grâce à sa narration aux pouvoirs d’hypnose indéniables, qui nous ferait presque oublier la chute à l’eau interminable du camion et la bande originale de Hans Zimmer, tonitruante même dans les moments qui auraient exigé plus de délicatesse, comme lors du dénouement artificiellement alambiqué, il nous livre donc son premier film de maturité : visionnaire, intense, et à déguster sans modération.

Vu le 8 juillet 2010, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Dans la vaste tapisserie du cinéma, Inception de Christopher Nolan est un joyau radieux qui continue de captiver et de mystifier le public avec ses couches complexes de narration et sa splendeur visuelle. Avec un mélange magistral des genres et une exploration de la psyché humaine qui donne autant à réfléchir qu'elle est visuellement stupéfiante, Inception prend place au panthéon des réussites cinématographiques, consolidant la réputation de Nolan en tant que véritable visionnaire.

Situé dans un monde où les frontières entre les rêves et la réalité sont floues, Inception nous présente Dom Cobb, interprété avec une gravité magnétique par Leonardo DiCaprio. Cobb est une âme tourmentée, un extracteur compétent qui navigue dans les couloirs labyrinthiques de l'esprit humain pour extraire les secrets cachés dans les rêves. Lorsqu'il est confronté au défi audacieux d'implanter une idée au lieu d'en extraire une, Cobb rassemble une équipe de spécialistes, chacun avec ses talents et ses démons uniques. Joseph Gordon-Levitt dans le rôle d'Arthur, le suave meneur de jeu, Ellen Page dans celui d'Ariane, la brillante architecte, Tom Hardy dans celui d'Eames, le maître du déguisement, et Ken Watanabe dans celui de l'énigmatique Saito, contribuent tous à former un ensemble envoûtant qui enrichit la profondeur émotionnelle du film.

Les prouesses de Nolan en matière de narration brillent lorsque le récit se déroule comme une série de rêves interconnectés. Chaque couche révèle de nouveaux mystères et défis, comme les facettes d'un puzzle multidimensionnel qui attendent d'être débloquées. Les effets visuels ne sont pas seulement spectaculaires, ils sont aussi un outil narratif qui défie les lois de la physique, pliant et déformant le monde autour des personnages. La musique évocatrice de Hans Zimmer sert de rythme cardiaque, palpitant de tension et d'émotion, nous guidant dans le labyrinthe complexe de l'esprit.

Pourtant, Inception n'est pas seulement un spectacle visuel ; c'est un voyage philosophique qui plonge dans l'essence même de la réalité et de la perception. L'exploration de la domination des entreprises et des dilemmes éthiques résonne puissamment à une époque où la technologie et le pouvoir s'entremêlent. Nolan tisse habilement ces thèmes dans la trame de l'histoire, invitant le public à s'interroger sur la nature de l'existence et sur l'impact de nos désirs subconscients.

Au fond, Inception est un récit de rédemption et de catharsis. Le parcours personnel de Cobb, hanté par le spectre de sa défunte épouse Mal (Marion Cotillard, envoûtante et captivante), ajoute des couches de profondeur émotionnelle au récit. L'interprétation de Cobb par DiCaprio est un véritable chef-d'œuvre, car il transmet un profond conflit intérieur alors qu'il est aux prises avec sa propre culpabilité et sa propre nostalgie.

L'éclat du film s'étend également à ses acteurs secondaires, qui insufflent la vie à leurs personnages, créant une tapisserie de relations complexes. Les scènes de combat de Gordon-Levitt, qui défient la gravité, et l'exploration du monde des rêves par Page, qui en est stupéfaite, sont les parfaits vecteurs de l'émerveillement et de la découverte du public.

Dans son exploration audacieuse de la psyché humaine, Inception nous invite à nous interroger sur la nature de la réalité et sur le pouvoir de nos pensées à façonner notre destin. Avec son récit déroutant, ses performances captivantes et ses images à couper le souffle, le film transcende son rôle de simple superproduction et devient une œuvre d'art qui remet en question nos perceptions et enflamme notre imagination.

Au fur et à mesure que les couches d'Inception se déploient, comme des rêves imbriqués les uns dans les autres, nous nous retrouvons pris au piège dans une toile d'intrigues et d'émotions, où chaque rebondissement nous laisse sur notre faim. Inception de Christopher Nolan témoigne des possibilités illimitées du cinéma, nous invitant à explorer les profondeurs de notre propre conscience et à embarquer pour un voyage qui dure longtemps après le générique. Inception n'est pas un simple film, c'est une expérience qui demande à être savourée, disséquée et revisitée, une incarnation de la magie et de l'émerveillement que seul le cinéma peut offrir.

Inception
Écrit et réalisé par Christopher Nolan
Produit par Emma Thomas, Christopher Nolan
Avec Leonardo DiCaprio, Ken Watanabe, Joseph Gordon-Levitt, Marion Cotillard, Elliot Page, Tom Hardy, Cillian Murphy, Tom Berenger, Michael Caine
Directeur de la photographie : Wally Pfister
Montage : Lee Smith
Musique : Hans Zimmer
Sociétés de production : Warner Bros. Pictures, Legendary Pictures, Syncopy
Distribué par Warner Bros. Pictures
Dates de sortie : 8 juillet 2010 (Odeon Leicester Square), 16 juillet 2010 (Etats-Unis et Royaume-Uni), 21 juillet 2010 (France)
Durée du film : 148 minutes

Vu le 8 juillet 2010, au Gaumont Marignan, Salle 1

Note de Mulder: