Guerrier silencieux (Le)

Guerrier silencieux (Le)
Titre original:Guerrier silencieux (Le)
Réalisateur:Nicolas Winding Refn
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:10 mars 2010
Note:
Aux premiers siècles de notre ère, le Borgne, un guerrier féroce et silencieux, est le prisonnier d'un clan barbare. Ce dernier gagne de l'argent avec lui, grâce à son invincibilité dans les tournois de combats à mains nues et jusqu'à la mort. Un jour, le Borgne réussit à s'enfuir. Il rencontre alors un groupe de guerriers chrétiens, qui sont en chemin pour libérer la Terre sainte.

Critique de Tootpadu

Le réalisateur danois Nicolas Winding Refn n'a décidément pas fini de nous étonner. Après son film précédent, la magnifique chronique du plus dangereux prisonnier d'Angleterre, voici une autre histoire d'enfermement et de violence crue, qui n'aurait pas pu être plus différente. Au tempérament explosif de Michael "Bronson" Peterson, qui a fait de la provocation gratuite un art, succèdent ainsi le calme et le détachement mystique du Borgne. Il est toujours question d'isolation et de colère sourde dans ce film. Mais le traitement que le réalisateur a réservé à cette épopée minimaliste d'une autre époque se démarque profondément de la rage et la fureur de Bronson.
Les influences à peu près reconnaissables, qui font du Guerrier silencieux un film aussi étrangement hypnotique, sont à chercher du côté de Terrence Malick et de Jim Jarmusch, la poésie en moins. La beauté plastique tape-à-l'oeil ne figure en effet pas parmi les priorités du film, qui s'applique en premier lieu à créer une ambiance étrangement menaçante. Que le seul contraste visuel notable consiste en l'opposition entre les tons gris de l'intrigue et le rouge sang des rêves, ou plutôt des prémonitions du Borgne ne fait alors que renforcer encore la nature radicale des choix esthétiques. La narration sort de même sans le moindre embarras des sentiers battus. Au fil de six chapitres explicitement titrés, elle tient avant tout à convier un ton crépusculaire, plutôt que d'entonner un hymne à la gloire des exploits héroïques des guerriers.
Enfin, les premiers chrétiens sont une fois de plus la cible d'une raillerie mi-amusée, mi-horrifiée cet hiver, après leur évocation déjà peu valorisante dans Agora de Alejandro Amenabar. Leur fanatisme illuminé sied cependant bien à une époque heureusement révolue, où la mort était omniprésente et où les rudiments de notre civilisation se faisaient à peine sentir. Aussi volontairement pondérant et abstrait ce film soit-il dans sa forme, il s'applique admirablement à retranscrire en parallèle l'état d'esprit de cette période barbare.

Vu le 26 janvier 2010, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Nicolas Winding Refn réussit une nouvelle fois, après Bronson et malgré un budget très étriqué, à nous faire passer un bon moment de cinéma. Là où le film Amer échoue à créer un film d'ambiance, Le Guerrier silencieux réussit à nous envoûter pendant toute sa durée.

Ce film, construit sous forme de chapitres, nous conte l'histoire de One Eye, un guerrier muet et sauvage, qui arrive à s'échapper d'un redoutable clan et part avec un enfant, qui l'avait aidé dans son évasion. Dans leur fuite, ils embarqueront avec des vikings en direction d'une terre soit-disant bénie. Ils devront alors affronter un ennemi redoutable et invisible.

Par sa mise en scène dépouillée (aucun décor hormis la nature) et sa musique envoûtante, ce film peut être perçu comme un film d'ambiance. Loin des mises en scènes prônant le superflu, ce film s'impose par la conviction de son réalisateur de nous livrer un film d'action brut, fort et puissant. Le côté statique de la mise en scène a comme revers que le film ressemble par certains moments à une pièce de théâtre filmé.

La réussite de ce film incombe également à son acteur principal Mads Mikkelsen, qui de film en film s'impose comme un véritable acteur physique. Il avait débuté sous la direction du réalisateur de ce film (Pusher en 1996), avant de s’imposer dans Le Roi Arthur (2004) et surtout comme Le Chiffre dans Casino Royale (2006). Nous pourrons le retrouver dans un des films évènements de cette année, soit Le Choc des Titans. Par sa présence animale, et surtout malgré son absence de parole, il réussit à communiquer autrement avec son entourage.

Ce film nous rappelle, en beaucoup plus violent, Conan le barbare. L'emprisonnement du personnage principal nous renvoie à la scène, où Conan tourne une roue avec d'autres prisonniers et finit par être l'unique survivant.

Le Guerrier silencieux n'est certes pas un film d'action incontournable, comme le sont les mastodontes blockbusters américains, mais il mérite d'être découvert en salle.

Vu le 26 janvier 2010, au Club 13, en VO

Note de Mulder: