Bronson

Bronson
Titre original:Bronson
Réalisateur:Nicolas Winding Refn
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:15 juillet 2009
Note:
Dès son adolescence, Michael Peterson s'est fait remarquer par son comportement violent. Arrêté et condamné à sept ans de prison pour son premier crime, le braquage raté d'un bureau de poste avec un fusil à canon scié fait maison, Peterson ne fait pas de cadeau à ses gardiens et ses codétenus. Son passage d'une prison à l'autre ne calme pas plus ses ardeurs violentes que son internement chez les fous. Désormais le prisonnier le plus dangereux et le plus coûteux d'Angleterre, Peterson est finalement remis en liberté. Il prend alors le nom de guerre Charles Bronson, d'après l'acteur, et ne mettra pas longtemps avant de se retrouver derrière les barreaux, voire en isolement cellulaire.

Critique de Tootpadu

La violence n'est pas un jeu. Et pourtant, la façon dont elle est habilement glorifiée dans ce film anglais correspond tout à fait à notre époque, où les combats sanglants et virtuels enthousiasment la jeunesse. Il serait en effet facile de reprocher à Bronson l'apologie du crime et la célébration d'un protagoniste en marge de la société, et même en guerre contre elle. Mais ce serait ignorer le recul instauré par une stylisation prononcée, ainsi que la rédemption finale d'un héros aussi fascinant que menaçant.
La bestialité de Charles Bronson est au moins aussi radicale que les partis pris formels du réalisateur danois Nicolas Winding Refn, qui orchestre le récit d'une vie malgré tout gâchée, entre une narration cadre à la Bob Fosse et de forts accents d'opéra. L'influence de la musique lyrique va jusqu'à rapprocher ce film d'une autre biographie filmique atypique, le magnifique Il divo de Paolo Sorrentino. Positionnés aux extrémités opposées du spectre social, Charles Bronson et Giulio Andreotti se révoltent pourtant, chacun à sa manière, contre le statu quo. Et ils échouent tous les deux dans la quête d'une célébrité ou au moins d'une notoriété durable. Leur combat incensé et narcissique nous réserve cependant deux des films les plus marquants des mois passés !
Contrairement aux stratagèmes fourbes qui caractérisent le politicien italien, le prisonnier anglais est une tête brûlée qui fonce droit dans le mur sans réfléchir. Son spectacle imaginaire fournit certes un cadre sophistiqué à son existence destructrice. Mais au fond, Charles Bronson est une bombe à retardement, une aberration de notre civilisation qui rétablit d'une façon tordue notre lien avec la bestialité, qui sommeille en chacun d'entre nous. Avant de trouver sa vocation artistique, le personnage n'est qu'un trublion ultra-violent. Ce grain de sable dans le fonctionnement autrement bien huilé de notre société est le symbole même de la négation, le héros douteux d'une contestation dépourvue d'idéal ou de but constructif.
Tom Hardy dans le rôle titre est une révélation comme on en trouve au mieux une par an. Son implication et sa force brute, prête à exploser à tout moment, nous rappellent les interprétations tout aussi magistrales et à fleur de peau de Nicolas Cazalé dans Le Clan de Gaël Morel et de Yann Trégouët dans Itinéraires de Christophe Otzenberger. Tom Hardy réussit brillamment à faire vivre toute la démesure et le grain de folie indubitable de son personnage, sans pour autant escamoter son côté sombre et antipathique.

Vu le 9 juin 2009, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: