Divo (Il)

Divo (Il)
Titre original:Divo (Il)
Réalisateur:Paolo Sorrentino
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:31 décembre 2008
Note:
En avril 1991, le politicien italien Giulio Andreotti devient pour la septième fois président du conseil. Mais au lieu de finir sa carrière politique en beauté, en devenant président de la république, Andreotti se fait rattraper par les scandales de son passé au sein des institutions gouvernementales. Alors que l'assassinat d'Aldo Moro, le chef de son parti, en 1978, lui pèse le plus sur la conscience, Andreotti est davantage inquiété par les magistrats en raison de ses liens présumés avec la mafia.

Critique de Tootpadu

Vu de l'extérieur, depuis l'étranger et à travers le prisme forcément déformant d'un souvenir de plus en plus lointain, Giulio Andreotti était un homme plutôt fade, l'éminence grise de la politique italienne que l'on ressortait chaque fois qu'il y avait besoin d'un premier ministre intermédiaire ou quand il restait une place sur la photo du cabinet. Ce chef-d'oeuvre de Paolo Sorrentino, récompensé cette année par le prix du jury au festival de Cannes, ne dément pas entièrement cette impression partielle. Autour de la personnalité centrale, renfermée et peu séduisante, il sait cependant orchestrer un spectacle filmique enivrant, qui sublime le parcours d'un homme politique probablement indigne d'un tel traitement cinématographique royal.
Un peu à la façon d'Oliver Stone dans Nixon, Paolo Sorrentino prend la vie mouvementée et pas toujours très nette de son personnage principal comme canevas pour une oeuvre, qui dépasse de loin esthétiquement les imperfections de Giulio Andreotti. Il ne s'agit point d'esquiver ou d'embellir les zones d'ombre d'une existence corrompue par l'omniprésence du pouvoir, mais justement de les intégrer dans un récit épique, très proche de la tragédie antique. Comme dans un opéra, là encore en référence directe à un autre film marquant de l'histoire récente du cinéma américain, Le Parrain 3ème partie de Francis Ford Coppola, le destin de Giulio Andreotti dans ses déclinaisons intimes et publiques s'articule avec une pesanteur majestueuse.
Sauf que le réalisateur sait parfaitement dynamiser une narration d'une complexité aussi exigeante que séduisante. S'appuyant sur le montage excellent de Cristiano Travaglioli et des choix musicaux étonnants, le récit est d'une efficacité et d'une beauté esthétique enthousiasmantes ! La caméra arpente les couloirs du pouvoir sans prétendre à en révéler tous les secrets. Elle accomplit par contre une tâche infiniment plus délicate : de donner à une vie apparemment sans éclat une forme filmique ingénieuse, faite de clins d'oeil espiègles, voire satiriques, et de très beaux moments de solitude d'un homme, qui restera pour toujours un mystère.

Vu le 3 novembre 2008, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: