Une fiancée pas comme les autres

Une fiancée pas comme les autres
Titre original:Une fiancée pas comme les autres
Réalisateur:Craig Gillespie
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:24 décembre 2008
Note:
Maladivement timide, Lars Lindstrom vit reculé dans le garage de sa maison d'enfance, que son frère Gus et la femme de celui-ci, Karin, occupent depuis la mort du père. Son seul contact social consiste en la messe dominicale et quelques repas en famille, auxquels sa belle-soeur l'invite avec persévérance. Alors que Karin attend sous peu son premier enfant, Lars se réjouit d'avoir enfin trouvé sa compagne idéale : une poupée de femme grandeur nature au nom de Bianca. D'abord désarçonnés par ce nouveau membre de la famille et plus très sûrs de la santé mentale de Lars, Gus et Karin jouent finalement le jeu. Le village entier s'applique alors à reconnaître Bianca comme une vraie personne, afin d'aider Lars à retrouver son équilibre mental.

Critique de Tootpadu

Monique de Valérie Guignabodet a fait des émules. Sauf que l'humour à la française plutôt bancal est remplacé dans le cas présent par une douceur très attachante, à l'antipode de tout fantasme salace. La poupée ne joue pas ici le rôle de la libératrice sexuelle, objet des désirs de tous les hommes qui la contemplent, mais celui, bien plus subtil, de révélateur de la solitude de Lars et de son entrée, en tâtonnant, dans la communauté de son village.
Aussi utopique soit-elle, l'histoire du film suit la trajectoire du conte sur une réintégration lente et compliquée dans la société. Le plus étonnant n'est alors pas la difficulté d'adaptation du protagoniste névrosé, mais la bienvaillance, amusée ou incrédule, avec laquelle tout le monde accepte la folie douce de ce dernier. Le ton du film laisse transparaître alors une conception sincère des valeurs positives de l'Amérique, et non pas la raillerie ironique, qui est davantage la norme, depuis des années déjà, dans les comédies trop conscientes d'elles-mêmes. Une fiancée pas comme les autres est un récit magnifique autour de la victoire incertaine sur la solitude et l'acceptation ludique de la différence, peu importe son degré de loufoquerie.
Le scénario excellent de Nancy Oliver et la mise en scène délicate de Craig Gillespie, méconnaissable depuis la fadeur de Monsieur Woodcock, assurent une narration enthousiasmante dans sa sobriété. A aucun moment, le trait n'est forcé ou le sujet sensible du film n'est détourné pour se moquer gratuitement de cette situation incongrue. Le film respire au contraire une authenticité salutaire, qui repose également sur l'interprétation sans défaut et sans fausse note de tous les personnages, Ryan Gosling, Emily Mortimer, et Patricia Clarkson en tête.
Le plus beau film sur la folie douce assumée depuis Harvey de Henry Koster et un lauréat potentiel du Meilleur scénario original bien plus méritant que Juno par Diablo Cody à la dernière cérémonie des Oscars, nous arrive enfin en France !

Vu le 12 novembre 2008, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: