Chansons d'amour (Les)

Chansons d'amour (Les)
Titre original:Chansons d'amour (Les)
Réalisateur:Christophe Honoré
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:23 mai 2007
Note:
Lorsque le couple de Julie et Ismaël bat de l'aile, les deux amoureux invitent Alice, la collègue d'Ismaël, à les rejoindre pour un ménage à trois. Mais au bout de quelques semaines, cette relation triangulaire ne satisfait plus tellement Julie.

Critique de Tootpadu

Pour la deuxième fois de suite, Christophe Honoré arrive à nous enthousiasmer pleinement. Alors qu'il confirme son rôle de maître de la mémoire vivante du cinéma français, après son vibrant hommage à la Nouvelle Vague de Dans Paris, il garde également un ton frais et accessible émotionnellement. Enfin, il réussit l'équilibre parfait entre la fiction, propre à chaque comédie musicale, et l'aperçu d'un réalisme palpable de la vie quotidienne à Paris.
D'un point de vue musical, ces Chansons d'amour s'inspirent avant tout de l'univers de Jacques Demy. Même si la répartition des séquences chantées peut faire penser à Jeanne et le garçon formidable, leur ton mélancolique fait plus amplement référence aux ballades de Demy. Faute de mélodie accrocheuse ou de rythme pimpant, elles expriment les différents états d'âme des personnages. Leur apport n'est toutefois pas que cosmétique, vu qu'elles participent très activement à la sublimation du récit. Sans elles, l'impact émotionnel du film serait sans doute moindre.
Car Christophe Honoré excelle une fois de plus dans la mise à nu des sentiments de ses personnages, et des nôtres, de leurs incertitudes et de leur incapacité de faire le deuil, après l'événement tragique à la fin du premier chapitre. Après l'insouciance des premières minutes, qui explorent une liberté des genres et des attaches émotionnelles dont on a pu trouver une variation en termes sexuels dans Shortbus, ce revirement tombe comme un coup de massue. Pendant le reste du film, il s'agit de recoller les morceaux de cette catastrophe, de faire le deuil impossible de l'événement le plus dévastateur émotionnellement au cinéma depuis très longtemps. Cette quête difficile de la paix de l'âme et des sentiments, Christophe Honoré l'orchestre avec une délicatesse magistrale. Les couples se forment et se délaissent, mais chaque rencontre est rempli d'une telle somme de promesses et d'incertitudes que l'interaction entre les personnages en devient carrément électrisante.
Enfin, ce quatrième film de Christophe Honoré est une fois de plus une déclaration d'amour passionnante à Paris. Après le sud-ouest de la rive gauche dans son film précédent, le réalisateur a élu domicile au nord-est de la capitale, entre la Gare de l'Est et Bastille. Ces quartiers, seulement filmés par l'infatigable Mocky ces dernières années, sont saisis avec une telle attention pour les petits détails et l'allure de ses habitants, qu'on en tombe une fois de plus follement amoureux !

Vu le 20 août 2007, au Saint-Lazare Pasquier, Salle 3

Note de Tootpadu: