Dans Paris

Dans Paris
Titre original:Dans Paris
Réalisateur:Christophe Honoré
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:04 octobre 2006
Note:
Deux jours avant Noël, l'heure n'est pas à la fête chez Paul et Jonathan qui habitent avec leur père au sud de Paris. Après s'être retiré à la campagne avec sa copine Anna, Paul est retourné chez lui, déprimé et incapable d'assumer la rupture avec son amie. Jonathan, plus jeune et désinvolte, tente alors de faire sortir son frère de la souffrance en le conviant au Bon Marché pour y admirer les vitrines décorées aux couleurs des fêtes.

Critique de Tootpadu

Même s'il n'en a pas l'étoffe, de prime abord, ce troisième film de l'auteur Christophe Honoré se dresse comme un des meilleurs films de Noël. Très loin des contes sirupeux qui avaient trouvé leur idéal sublime dans La Vie est belle de Frank Capra, l'histoire de cette famille décomposée et déboussolée entretient un lien plus complexe et tortueux, mais en fin de compte aussi plus gratifiant, avec les fêtes de fin d'année.
Le fil conducteur de ce récit exubérant et polymorphe est ainsi le personnage de Paul, suicidaire et désespéré de ne plus pouvoir aimer Anna comme auparavant, tel un prisonnier de sa propre impuissance affective. Vu la filmographie de plus en plus exquise de Romain Duris, il va presque de soi de considérer son interprétation une nouvelle fois comme excellente, d'une intensité et d'une douleur sourdes qui éclatent de façon déchirante. Mais ce qui nous touche justement dans ce personnage hors pair, c'est sa banalité et sa capacité tout à fait humaine d'intégrer la douleur en sachant qu'il reste toujours une issue, pessimiste ou optimiste.
Autour de cette force calme, voire léthargique, s'agence un récit d'une inventivité incroyable. Cette fausse originalité de la narration s'inspire évidemment des acquis de la Nouvelle Vague, avec ses changements de ton et de perspective incessants. Cependant, Christophe Honoré sait incorporer l'exubérance formelle de son film dans son histoire, qui garde un côté direct et sans fard des plus percutants. Depuis Sous le sable de François Ozon, au vocabulaire filmique bien sûr plus épuré, nous n'avons pas vu de film français qui savait allier l'histoire d'une force et d'une vérité humaine si universelles avec une forme aussi peu conventionnelle et pratiquement parfaite (à l'exception curieuse de la chanson finale qui était peut-être la touche en trop à éviter ...)!

Vu le 7 septembre 2006, au Club 13

Note de Tootpadu: