Shortbus

Shortbus
Titre original:Shortbus
Réalisateur:John Cameron Mitchell
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:08 novembre 2006
Note:
A New York, Jamie et Jamie vivent en couple depuis cinq ans, mais ils veulent tenter de nouvelles expériences en invitant un troisième homme dans leur intimité. Sofia est une conseillère de couple qui n'arrive pas à admettre ses propres frustrations sexuelles à son mari Rob. Et Severin a perdu toute capacité à établir une relation sentimentale, à force de gagner son argent comme prostituée dominatrice. Ils se retrouveront tous au "Shortbus", un endroit où tout est permis.

Critique de Mulder

Shortbus est un film pas comme les autres de John Cameron Mitchell qui fut présenté pour la première fois à Cannes. Ce réalisateur avait remporté précédemment un prix au festival du film américain de Deauville en septembre 2001 pour son film "Hedwig and the Angry Inch". Shortbus, comme nous le rappelle le dossier de presse, désigne le bus scolaire plus petit que le schoolbus jaune, réservé aux enfants handicapés, aux enfants caractériels ou aux surdoués, à tous ceux qui sont hors normes et ont besoin d'une attention particulière.

Les premières images du film donnent rapidement la donne : une mise en scène surprenante avec beaucoup de couleurs et de sexe entre homosexuels, bisexuels, hétérosexuels ... Beaucoup d'effets aussi sont utilisés : la ville de New York est reproduite en une maquette où la caméra s'engouffre pour entrer dans la vie intime des jeunes New-Yorkais. Entre la femme qui simule l'orgasme à son mari depuis des années et la vie de couples homosexuels, les tabous tomberont vite. Le sexe de l'homme n'est plus caché.

A posteriori, on en vient vite à penser que ce film est assez pro homo et que l'hétéro dans tous ça se ressent un peu délaissé. Selon John Cameron Mitchell, le plaisir est trouvé dans l'homosexualité. Honnêtement, sur ce point, mon opinion est totalement différente de la sienne. Avec ce film, John Cameron Mitchell nous présente donc une comédie new-yorkaise très chaude à tendance homosexuelle qui nous fait réfléchir.

Ce film, qui risquera de choquer beaucoup de monde, reste très drôle (la scène de la reprise de l'air national américain fera pouffer de rire n'importe quel hétérosexuel). Il est donc une belle petite réussite, même si les scènes de cul sont dignes des productions X gays du moment ce qui réduit notre plaisir de cinéphile hétérosexuel ...

Vu le 26 septembre 2006, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Au bout d'à peine cinq minutes de film, tous les personnages principaux de cette ode jubilatoire au sexe ont joui. Ce qui laisse amplement le temps d'explorer par la suite les rapports complexes qu'ils entretiennent avec leur sexualité. Car Shortbus est à notre connaissance le premier film à aborder le sujet de la sexualité, conspué par le cinéma généraliste et inoffensif, de front dans une immense partouze filmique qui ne devient cependant jamais vulgaire. Porté par une force irrésistible de libération, le film balaie tout ce qui relève de l'exploitation gratuite et de la pornographie pour se consacrer entièrement à une sexualité à dominante jouissive, qui révèle autant les peurs que les désirs de ce petit monde finalement très à l'aise avec son corps.
Le point de départ de ce deuxième film de John Cameron Mitchell, après le déjà excellent Hedwig and the Angry Inch, ne diffère sans doute pas des ambitions à l'origine de quelques fleurons lamentables d'un certain cinéma d'auteur français (On ne devrait pas exister et Exes). Mais son approche pratiquement révolutionnaire fait fi de toute pudibonderie et de toute tentative d'appropriation de la sexualité pour un but qui ne serait pas le sien. Le sexe en tant que prolongement de la sexualité humaine se suffit ici à lui-même. Tous les personnages ont beau s'identifier à travers leur sexualité, celle-ci existe en quelque sorte en dehors d'eux, telle une manifestation gigantesque de la capacité jouissive de l'homme et de la femme. Ce n'est donc pas par hasard qu'un immense orgasme libérateur redonne à la fin du jus à toute une ville, réinventée à travers des maquettes numériques séduisantes.
Encore plus que lors de son opéra rock précédent, John Cameron Mitchell s'impose comme un maître du ton débridé, qui sait pourtant soutenir des émotions délicates dans un environnement littéralement bordélique. Les séquences magistrales abondent alors dans ce kaléidoscope d'une sexualité qui se fraie un chemin vers le plaisir premier au sein d'une époque en manque de sensations.

Vu le 26 septembre 2006, au Club de l'Etoile, en VO
Revu le 9 novembre 2006, au MK2 Bibliothèque, Salle 6, en VO

Note de Tootpadu: