Par effraction

Par effraction
Titre original:Par effraction
Réalisateur:Anthony Minghella
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:14 mars 2007
Note:
L'architecte Will Francis ressent une très grande distance entre lui et sa copine de dix ans, Liv. Cette dernière est complètement absorbée dans l'éducation de sa fille hyper-active Bea, alors que Will se jette corps et âme dans un projet urbain pour le quartier de King's Cross. Une série de cambriolages dans son cabinet va déclencher une suite d'événements qui donneront à Will l'occasion de chercher l'amour en dehors de son foyer.

Critique de Tootpadu

Les histoires d'infidélité au cinéma se déroulent souvent selon le même schéma : un homme ne supporte plus la vie de couple, soit parce qu'il n'aime plus sa femme, soit parce qu'il ne se trouve plus à la hauteur, et il va aller voir ailleurs, auprès d'une femme qui correspond mieux, ne serait-ce que temporairement, à ses fantasmes et ses idéaux. Pour apporter un peu d'originalité à cette trame très conventionnelle, il serait nécessaire d'interchanger les rôles, de choisir un milieu peu exploré au cinéma ou, simplement, de plonger entièrement dans le rapport voluptueux des corps, comme le faisait en quelque sorte Patrice Chéreau dans Intimité. Dans son sixième film, le réalisateur britannique Anthony Minghella ne fait rien de tout cela, pire encore, il reste si mollement attaché aux règles établies du genre que son film n'en est qu'un exemplaire de plus, interchangeable avec les centaines qui l'ont précédé et qui le suivront.
L'anémie provient en premier lieu du scénario, qui met très longtemps avant de passer à l'acte et qui ne sait pas davantage quoi faire une fois que l'adultère est consommé. Peut-être pour enrichir l'histoire très banale, Anthony Minghella y greffe toute une série de considérations existentielles sans force, comme l'histoire du renard qui rôde dans le quartier résidentiel de Will et qui est censé symboliser la partie sauvage dans sa vie qu'il a du mal à maîtriser. Le choix du cadre n'est pas plus concluant non plus, avec ce projet urbain bien dans l'air du temps et l'origine bosniaque du personnage de Juliette Binoche incroyablement confuse. Même certaines répliques sont d'une platitude agaçante, à l'image de l'échange dans la baignoire encore plus surchargé de clichés que le reste du film.
La mise en scène ne présente point de salut, tellement elle perpétue les prétentions du scénario. Les passages au flou réguliers et les constructions du cadre faussement parlantes (le jeu de miroir pendant la discussion sur la morsure) ne constituent que quelques indices clairs sur le décalage manifeste entre l'ambition, immense, et l'exécution, bancale.
Heureusement que quelques rayons de soleil subsistent dans cette fadeur ambiente ! Pas pour la première fois, Minghella sait en effet créer des personnages secondaires qui disposent d'une vitalité infiniment plus fascinante que les protagonistes exsangues. Ici, c'est Vera Farmiga qui fait une fois de plus, après La Peur au ventre et dans une moindre mesure Les Infiltrés, des merveilles dans un rôle pas plus gratifiant que ses emplois précédents. Sa pute et confidente revêche de Will est le seul point lumineux du film, à l'opposé des substituts artificiels, entre la boîte lumineuse et la maîtresse étrangère, avec lesquels le couple vedette se console. Au mieux, le policier atypique de Ray Winstone est à la hauteur de cette interprétation d'une force vive et d'une authenticité qui dénotent particulièrement dans ce film, gris et antipathique à souhait.

Vu le 6 mars 2007, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu: