Infiltrés (Les)

Infiltrés (Les)
Titre original:Infiltrés (Les)
Réalisateur:Martin Scorsese
Sortie:Cinéma
Durée:151 minutes
Date:29 novembre 2006
Note:
A Boston, Billy Costigan et Colin Sullivan terminent en même temps leur formation à l'école de police. Alors que le premier est envoyé par l'Unité spéciale comme agent infiltré auprès de Frank Costello, le chef de la pègre irlandaise, le second monte rapidement dans les rangs de cette même unité, tout en fournissant des informations vitales à Costello, son bienfaiteur depuis l'enfance. Mais l'étau se resserre autour des deux mouchards, puisque et Costello, et les chefs de police se doutent qu'il y a des fuites.

Critique de Tootpadu

Le remake du policier extrêment solide Infernal Affairs porte plus les marques des qualités et des défauts du cinéma américain que celles du style de son réalisateur. Martin Scorsese mène certes avec brio le récit complexe de l'infiltration en double. Mais dans toute son efficacité, Les Infiltrés reste un divertissement lisse en comparaison avec les tourments du film hong-kongais.
La trame narrative est resté sensiblement la même dans cette transposition de l'histoire sur les rives de la Charles River. Au point de voir les mêmes séquences clefs défiler devant nos yeux, le plus souvent au détriment de ce film-ci. Que ce soit la transaction surveillée ou le premier piège sur les toits, l'impact est moindre ici. Cela n'est pas tellement dû à la mise en scène, vigoureuse et rythmée à souhait, mais plutôt à une fâcheuse impression de déjà vu. Bien que nous ayons vu le film d'Andrew Lau et Alan Mak il y a plus de deux ans, ces moments forts nous sont restés en mémoire d'une façon particulièrement vive. Il va de même avec l'intrigue dans son ensemble, qui gagne en efficacité ce qu'elle perd en ambiguïté. A chacun de choisir alors, s'il préfère un divertissement dense, mais finalement superficiel, ou bien un film de genre presque magistral.
Martin Scorsese mène son récit tambour battant, avec tout juste des essoufflements passagers lors des séquences qui s'appuient plus sur la parole que sur l'action. Pour une fois, l'excès formel est largement absent et vous chercherez vainement les prouesses baroques qui ont rendu ses autres épopées de gangster aussi impressionnantes que pompeuses. Les amples mouvements de caméra sont toujours présents, mais ils épousent parfaitement l'agitation qui caractérise ce film nerveux. En comparaison, le film original avec Andy Lau et Tony Leung Chiu-Wai inspirait un plus grand sentiment de lassitude et d'épuisement, voire de trouble moral, face à l'infiltration de longue haleine. Curieusement, Les Infiltrés avec sa durée supérieure de presqu'une heure, paraît plus elliptique et chahuté dans sa narration. Quoiqu'il en soit, le travail de Scorsese est d'une solidité à toute épreuve, malgré un clin d'oeil final (le rat qui se promène sur la balustrade du balcon) un peu trop insistant.
Quant à l'interprétation, elle est également solide, mais largement dépourvue de surprises. Tandis que Leonardo DiCaprio commence doucement à prendre de la carrure dramatique au fil de ses films avec Scorsese, Matt Damon est très, très loin des interrogations et incertitudes intérieures qu'exprimait avec tant d'excellence et de subtilité Andy Lau. Seule Vera Farmiga arrive à tirer réellement son épingle du jeu, dans un rôle pourtant assez ingrat. C'est elle, la véritable révélation du film, après une apparition prometteuse dans l'ignoble Peur au ventre, et non pas Mark Wahlberg, qui tente en vain de se fondre dans l'apparence d'un policier moyen et passablement aigri, la coupe de cheveux immonde en prime.

Vu le 8 décembre 2006, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: