Host (The)

Host (The)
Titre original:Host (The)
Réalisateur:Bong Joon-ho
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:22 novembre 2006
Note:
Après la fermeture d'un laboratoire américain, des liquides toxiques sont versés en masse dans la rivière Han. Six ans plus tard, un monstre mutant sème la panique sur les berges du fleuve. Il tue plusieurs personnes et emmène avec lui la petite Hyun-seo, la fille de Gang-du et la fierté de toute la famille Park. Alors qu'il est mis en quarantaine avec tous les autres témoins de l'attaque du monstre de peur d'un virus, Gang-du reçoit un appel de Hyun-seo. Puisque les autorités sont convaincues que la jeune fille n'a pas survécu, la famille Park devra mener par elle-même la recherche dans les égouts.

Critique de Mulder

The Host de Bong Joon-ho pourrait pour certains apparaître comme le pendant coréen du Godzilla japonais. Mais ce serait passer à côté de beaucoup de détails traités avec brio dans ce film. Le vrai sujet de celui-ci n'est donc pas d'être un énième film de monstre géant de plus, mais plutôt un hymne à famille. Pour le réalisateur, il est clair que seule une famille unie peut venir à bout des plus grands dangers. La famille Park, dont le patriarche tient une petite épicerie à proximité d'une rivière, devra donc faire face à un mutant aquatique, résultant de déversements toxiques d'une base américaine dans cette dernière. Il faut reconnaître à ce film son efficacité et un style d'une grande profondeur. En effet, se côtoient ici différents genres : la comédie (par l'intermédiaire d'un père qui dort tout le temps), le thriller (la petite fille pourra-t-elle s'extraire de la tanière de ce monstre vorace ?), le film de monstre (très belle créature au passage, digne d'un Alien).

Ce film pourrait aussi apparaître comme la tête de file de toute une nouvelle ère du cinéma coréen. En effet, si ce film fonctionne partout dans le monde comme prévu, il ne serait pas inattendu de voir débouler plein d’autres films sur le même thème et pourquoi pas une suite, car la fin reste un peu ouverte comme vous pourrez le constater par vous-mêmes.

Ce film est donc, contrairement à tous les films japonais godzilliens aux trucages approximatifs, une très belle réussite. Certes le film de genre dont il fait partie ne pourra pas le sortir d'un statut étriqué de petit film, mais le réalisateur Bong Joon-ho est un réalisateur dont on attend le prochain film.

A voir d’urgence au cinéma !

Vu le 8 novembre 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Le cinéma américain est le berceau du film de monstre et d'action, des aventures fantastiques et du thriller. Il a su imposer sa marque sur tous ces genres, au point d'être considéré comme le standard de qualité et d'efficacité incontournable. Seulement, cette tranche du cinéma populaire américain ne va pas très fort récemment, avec des blockbusters dont l'esthétique formelle est la seule source d'adrénaline (cf. Miami Vice). Pire encore, la plupart des films à grand spectacle ne sont plus que l'ombre aseptisée et finalement fade d'un courant plein de promesses et d'étincelles créatives jadis, dans les années 1970. Il n'est alors pas très étonnant que l'inventeur même du blockbuster d'été, Steven Spielberg, tombe victime de cette tendance à la surenchère trop maîtrisée et calibrée. Sa Guerre des mondes est l'exemple parfait d'un film qui manie aisément les codes du genre, mais qui reste en fin de compte trop sage et prévisible pour nous enthousiasmer.
La raison de ce long préambule, qui n'a à première vue aucun rapport avec le cinéma coréen, est justement que ce troisième film de Bong Joon-ho est exactement la fête électrifiante que le film de Spielberg précité aurait dû être. Le réalisateur fouille en effet en profondeur dans les trousseaux d'une multitude de genres pour arriver à une oeuvre foisonnante, hautement divertissante et, avant tout, vivante ! Sa mise en scène ne fait guère dans la subtilité, mais en multipliant les pistes et en inscrivant l'histoire de monstre dans une problématique plus vaste - qui se permet même de critiquer les autorités nationales, sous la botte des Américains -, il redonne en quelque sorte ses lettres de noblesse à un cinéma populaire trop exsangue récemment.
Aucun moment de répit ne vous sera donc accordé dans cette chasse folle et désemparée d'un monstre plutôt convaincant. Les effets spéciaux, importés des Etats-Unis, ont en effet beau être très solides, ce n'est point l'aspect inquiétant du monstre qui terrifie et qui divertit considérablement. L'atout majeur du film consiste davantage en sa capacité d'intégrer la peur ancestrale du monstre dans un contexte très contemporain (la peur d'attaques chimiques et biologiques & la pollution de l'environnement), tout en gardant un recul lucide qui se manifeste par le biais d'un humour ironique dévastateur.

Vu le 10 octobre 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées, en VO
Revu le 8 décembre 2006, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16, en VO

Note de Tootpadu: