Miami Vice Deux flics à Miami

Miami Vice Deux flics à Miami
Titre original:Miami Vice Deux flics à Miami
Réalisateur:Michael Mann
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:16 août 2006
Note:
Sonny Crockett et Ricardo Tubbs, deux officiers de la police de Miami, travaillent sur une affaire de prostitution, lorsqu'Alonzo, un ancien indicateur, les appelle au secours. Il a été mêlé à un trafic d'armes initié par le FBI pour piéger des fanatiques de l'extrême droite. Mais les agents fédéraux ont été trahis et massacrés lors de l'échange. Crockett et Tubbs doivent alors infiltrer l'organisation columbienne qui fournissait les néonazis afin de démasquer la faille dans les rangs du FBI.

Critique de Tootpadu

Michael Mann reste plus fidèle à lui-même qu'à la célèbre série policière des années 1980, qu'il avait supervisée à l'époque en tant que producteur. Dans son neuvième long-métrage de cinéma, le réalisateur poursuit son portrait sans complaisance du quotidien des forces de l'ordre qu'il avait délaissé depuis son chef-d'oeuvre Heat, il y a plus de dix ans. Sombre et dangereuse, la mission de Sonny Crockett et Ricardo Tubbs n'aspire point au théâtre héroïque, mais au récit réfléchi et par moments pondérant sur le métier sans gloire des policiers infiltrés.
Le cadre du film, une ville de Miami ensoleillée qui paraît pourtant constamment au bord de l'orage, a beau être léché, son histoire est bien moins étincelante. En dépit de quelques prouesses techniques, notamment en termes d'une photographie numérique tout à fait bluffante ici, c'est surtout la sobriété du film qui intrigue, son approche assez pessimiste de l'existence de ses deux protagonistes. Le ton distant, voire froid, qui caractérise le film ne facilite évidemment pas l'identification avec des héros troubles et renfermés, mais il donne un aperçu réaliste et peu glorieux d'un rapport de forces précaire entre des criminels et des policiers désillusionnés. Rendre compte de ce malaise existentiel, de cette incertitude à chaque instant a sans doute été l'intention de Michael Mann. Et il réussit admirablement à traduire la précarité et le dilemme moral pesant qui oppriment ses deux héros. Ce refus catégorique de l'optimisme de façade et d'un rythme narratif lisse rapproche favorablement Miami Vice de la rencontre mythique de Pacino et De Niro dans le film précité.
Toutefois, les véritables morceaux de bravoure manquent dans ce blockbuster qui semble s'être trompé de saison. Les séquences de tension palpable sont très rares et même la fusillade finale reste bien en dessous de celle, magistrale, dans Heat. Les préoccupations de Mann sont toutes autres, puisqu'il accorde une place importante au côté sentimental de son histoire. Le véritable enjeu du film est en effet la relation entre Crockett et Isabelle, un point clé qui trouve simultanément un reflet et un modèle dans celle entre Tubbs et Trudy. La répétition des retrouvailles sous la douche n'est alors qu'un élément d'un renvoi sophistiqué entre les deux policiers. Bien que Crockett occupe le devant de la scène, il est étroitement lié à son partenaire. Très semblables, au point d'être dépourvus de styles de travail personnels, les deux flics infiltrés ne forment au fond qu'une seule unité, une image récurrente notamment au début du film avec les bateaux et les avions impossibles à distinguer au radar.
L'intelligence du scénario et son cheminement narratif peu conventionnel ne le protègent malheureusement pas de quelques incohérences flagrantes et d'ellipses parfois abusives. Si ce n'était pour ces quelques facilités énormes qui ébranlent un peu trop violemment une structure narrative pas vraiment vigoureuse, notre curiosité de revoir ce film tout de même fascinant aurait été un peu plus titillée. Comme ce fut déjà le cas avec Collateral, nous sommes persuadés que ce film se bonnifie avec le temps. Il ne trônera jamais au sommet de l'oeuvre de son réalisateur, mais il représente l'exemple parfait d'un style un peu à l'écart de la norme hollywoodienne.

Vu le 25 juillet 2006, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO
Revu le 12 octobre 2010, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: