Exes

Exes
Titre original:Exes
Réalisateur:Martin Cognito
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:04 octobre 2006
Note:
Une libraire est sauvagement assassinée dans sa boutique, où la police la trouve égorgée, avec les cordes vocales amputées et le récit de sa mort dans la bouche sous forme de la première page du roman "Exes". Le couple étrange d'Exes, un jeune homme aux tendances androgynes, et de Song, une fille muette, s'inspire en effet des meurtres décrits dans le livre afin de remonter jusqu'à son auteur.

Critique de Tootpadu

Le cinéma français se permet parfois des écarts déroutants de tout ce que nous aimons et savons du Septième art. Ces intrusions violentes de l'amateurisme le plus criant bouleversent nos habitudes de vision, mais au lieu de nous intriguer par leur fausse naïveté narrative et esthétique, ils nous agacent au plus haut point. Notre dégoût face à Little Capone ou On ne devrait pas exister ne découle pas de leur aspect très bon marché, mais de leur prétention artistique atrocement mal assumée. Aucune prouesse stylistique n'y vient compenser l'absence flagrante de scénario. Et l'assaut de platitudes ou de concepts nébuleux vient très vite à bout du spectateur le mieux disposé.
Ce pseudo-polar s'inscrit donc parfaitement dans notre programme trimestriel involontaire de la création prétentieuse indigeste made in France. Peut-être qu'il n'y a rien à comprendre dans cette odyssée dégoûtante, faussement provocante et maladroitement érotique. Peut-être qu'il s'agit seulement de la deuxième rencontre accidentelle entre le monde du porno débile et de la fiction risible, depuis le film de HPG. Mais la différence essentielle entre ces deux oeuvres inaccessibles est qu'On ne devrait pas exister était au moins animé par une interrogation artistique, aussi agaçante soit-elle, là où ce jeu de mot excessif et inutile tourne en rond, sans le moindre but. Les exagérations de la plupart des acteurs, les effets hautement ennuyeux et l'intrigue sans intérêt étouffent par conséquent le film dans une grande mare de n'importe-quoi prétentieux et gâché.
Il demeure cependant un élément dans ce marasme artistique qui nous interpelle, qui nous inspire au moins un peu d'étonnement face à tant d'audace créative. L'interprétation de Grégoire Colin ne ressemble en effet à rien que l'on ait pu voir auparavant, de lui ou d'un autre comédien. Son aura érotique et son magnétisme sexuel se décomposent devant nos yeux dans un rôle qu'il prend à bras le corps. Le passage des années grassouillettes et fades paraît en fait définitivement derrière lui, puisqu'il se sert une fois de plus de son corps séduisant comme un outil de travail redoutable. Malheureusement, la nature de son personnage, mystérieux, androgyne et bizarrement asexué, ne lui permet pas des tours de force érotiques aussi intenses que dans Beau travail et, dans une moindre mesure, L'Eclaireur. Mais cet acteur français en tous points sublime persévère admirablement dans son parcours professionnel de l'interrogation de la sexualité. Il est juste dommage que la plupart de ses films ne soient pas à la hauteur de son investissement physique et mental.

Vu le 12 septembre 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées

Note de Tootpadu: