Eclaireur (L')

Eclaireur (L')
Titre original:Eclaireur (L')
Réalisateur:Djibril Glissant
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:17 mai 2006
Note:
L'été n'est plus loin à Saint-Denis, où le jeune Aton Diamanti se prépare à ses examens de fin d'année et à une compétition d'escrime. Son directeur de recherche vient de décéder et c'est le père d'Aton, le professeur Marco Diamanti qui le remplace. Quand Aton aperçoit une bête sauvage à l'extérieur du nouvel appartement de son père, il perd connaissance. Les nuits suivantes, il est accablé d'insomnies et il parcourt la cité tel un fauve.

Critique de Tootpadu

C'est l'histoire de l'homme qui devient un animal, un des motifs phares des récits fantastiques, le plus largement connu de nos jours grâce au Wolf de Mike Nichols, et qui a subi un traitement encore plus abstrait que dans ce premier film, tel un conte onirique et sublime, dans Tropical Malady d'Apichatpong Weerasethakul. Le travail de Djibril Glissant n'est pas pour autant moins méritoire, puisqu'il nous entraîne avec poésie dans une méditation sensuelle sur l'animalité chez l'homme.
Glissant se présente en fait comme un très habile agent d'associations ingénieuses. Le choc entre l'environnement urbain de la cité et la bestialité de la panthère sert de fil rouge à une histoire abstraite. Toutefois, cette abstraction qui prend comme source les croyances amazoniennes est régulièrement ramenée à la raison et à la banalité de la vie quotidienne. Si Aton est au début tellement peu disposé à s'abandonner à l'esprit animal, c'est parce qu'il se laisse trop accaparer par son emploi du temps surchargé d'étudiant ambitieux. L'opposition entre ces deux mondes, la sauvagerie imprévisible d'un côté et le respect méticuleux d'un plan personnel de l'autre, est par conséquent le moteur dramatique d'une narration qui s'intéresse davantage à l'abstraction visuelle et sonore.
A l'image de son sujet qui demande une licence fictive considérable au spectateur, le film emprunte des chemins secrets qui aboutissent à une beauté plastique étonnamment concrète. Le premier atout de cette démarche, qui tient à ce que les décors de la ville prennent vie, est le retour de la sensualité chez Grégoire Colin. Un des grands espoirs du cinéma français et l'objet de toutes les convoitises dans le magistral Beau travail de Claire Denis, le jeune acteur avait poiroté depuis cinq ans dans des rôles d'une mollesse affligeante, que sa prestation dans la farce de Catherine Breillat, Sex is comedy n'avait fait que confirmer. Ici, il incarne à la perfection les deux personnalités d'Aton, la force brute et féline la nuit, et la détermination propre à la jeunesse le jour. Son charme revêche et attachant à la fois est complété parfaitement par le gentiment désordonné Jackie Berroyer et la voluptueuse Romane Bohringer.

Vu le 27 mai 2006, au Reflet Médicis, Salle 3

Note de Tootpadu: