Booster

Booster
Titre original:Booster
Réalisateur:Matt Ruskin
Sortie:Cinéma
Durée:73 minutes
Date:00 2012
Note:
Simon est un petit voleur à l’étalage, qui vit de la revente de son butin. Il est le seul à rendre visite à sa grand-mère, puisque son frère aîné est trop occupé avec ses affaires de drogues. Lorsque Simon apprend que son frère a été arrêté pour avoir braqué une laverie et qu’il risque de partir pour longtemps en prison si Simon ne répète pas le crime une ou deux fois afin de l’innocenter, le jeune homme se trouve face à un dilemme insurmontable.

Critique de Tootpadu

Après les crachats, l’apologie du crime ? La programmation de ce festival de Deauville fait preuve d’une drôle de dynamique alors qu’elle s’approche de son point central. Heureusement, plus personne ne suit la manie du personnage de Paul Dano dans For Ellen de cracher en toute circonstance. Le nouveau thème récurrent de cette sélection paraît plutôt être un regard décomplexé sur la façon peu légale adoptée par certains jeunes Américains pour pouvoir subsister matériellement en ces temps de crise. Sauf que, comme ce fut déjà le cas dans Gimme the loot, cette banalisation du vol n’est qu’un prétexte pour mieux explorer le malaise d’une génération en manque de repères, et confrontée à des défis insensés. A l’image des graffeurs adolescents dans le film précité, nous ne voyons le protagoniste de Booster exercer son activité qu’au tout début du film. Ce qui suit ne servira qu’à démentir cette première impression d’un petit truand sans scrupules.
Car Simon est tout sauf une crapule. Son « métier » n’a rien d’honorable, soit, mais il fait preuve d’un sens de responsabilité envers ses proches qui le met à part dans un environnement social en pleine dégringolade. Les tourments qui l’agitent de l’intérieur – dont on ne sait d’ailleurs jamais si c’est de la lâcheté ou un sentiment plus noble – ne se frayent que rarement un chemin jusqu’à la surface, comme pour mieux suggérer que le style de vie minable du protagoniste n’est que le pis-aller d’une vie qui aurait facilement pu tourner encore plus mal.
La mise en scène de Matt Ruskin est tout à fait à la hauteur de ce conte moral bref, mais poignant. Elle réussit, séquence après séquence, à trouver un trait d’humanité dans un milieu défavorisé, qui est tellement morcelé qu’il ne trouve même plus l’énergie de crier sa colère. C’est cette humanité même qui garde ce premier film prometteur à l’écart des cliches sur les malfrats sans avenir et le cercle vicieux dans lequel ils risquent de sombrer à chaque instant.

Vu le 4 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après avoir signé un documentaire en 2006, The Hip Hop project, Matt Ruskin signe ici son premier film.

L’intrigue assez simpliste nous conte la décision importante d’un « booster » (un voleur) concernant son frère. Ainsi lorsque son frère est arrêté pour vol à main armée dans une blanchisserie, Simon se voit dans l’obligation de commettre des délits identiques dans des blanchisseries s’il veut que ce dernier ait une chance de voir sa peine réduite. Pris entre sa loyauté envers son frère et son indépendance, Simon doit décider du devenir de son frère ou du sien.

La sélection officielle de Deauville cette année est pratiquement constituée de premiers films de réalisateurs inconnus du grand public (hormis Bobcat Goldthwait et Lynn Shelton). Matt Ruskin non seulement signe la réalisation mais également occupe les postes de scénariste, chef monteur et producteur. Il maîtrise ainsi totalement son premier film. Pour faire face à un budget étriqué, il s’appuie sur un casting d’acteurs inexpérimentés dont c’est pour la plupart leur premier film (hormis l’acteur Seymour Cassel). Booster dresse ainsi le portrait d’un voleur professionnel pris entre l’affection qu’il a pour une vendeuse qui ne l’a pas dénoncé, sa grand-mère en maison de retraite, un vieillard dans la même maison de retraite et un ami, ancien truand et bien entendu son grand frère (un drogué).

Ce film nous montre sans fioriture le milieu de la mafia bostonienne, loin de la représentation hollywoodienne vue auparavant. Mi drame intimiste, mi film de mafia classique, Booster se regarde et s’oublie aussitôt vu. Reste que les films du cinéma américain se regardent avec un regard différent que le cinéma traditionnel popcorn. L’influence du cinéma européen reste importante dans ce premier film et nous attendons de découvrir dans une prochaine session du festival de Deauville le prochain film de ce réalisateur inspiré.

Tous le étudiants qui se sentent l’âme d’un réalisateur en herbe devraient découvrir ce film et y puiser certains idées de montage intéressantes.

Vu le 4 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: