Gimme the loot

Gimme the loot
Titre original:Gimme the loot
Réalisateur:Adam Leon
Sortie:Cinéma
Durée:80 minutes
Date:02 janvier 2013
Note:
Malcolm et Sofia arpentent ensemble les rues de New York, afin de couvrir les rues de la ville de leurs graffitis. Provoqués par une bande rivale, ils décident de faire ce qu’aucun graffeur n’a accompli avant eux : tagguer la pomme géante de l’équipe des Mets. Or, il ne leur reste que quelques jours pour trouver les 500 dollars qui leur permettront d’accéder incognito au stade et laisser leurs noms sur le symbole sportif.

Critique de Tootpadu

Les jeunes héros de ce premier film ne sont point avares en actes d’incivilité : ils volent, ils fraudent et ils dégradent le mobilier urbain comme s’il leur appartenait. Et pourtant, ils disposent d’un capital de sympathie considérable, qui n’est même pas spécialement lié à leur activité contestataire de taggeur. En fait, on les voit assez rarement s’adonner à leur passion au fil de la courte durée de Gimme the loot, puisqu’ils passent le plus clair de leur temps à monter des combines pour réunir les fonds nécessaires à la réalisation de leur grand coup. Que pratiquement aucune d’entre elles n’aboutisse n’enlève rien au plaisir que nous a procuré ce petit film décomplexé, joueur, crâneur et optimiste.
Les vignettes succinctes qui rythment le récit servent en effet à mieux nous faire connaître les deux personnages principaux. Ces jeunes adultes mal assortis sont des artistes de la survie en milieu urbain, qui arrivent à toujours voir la vie du bon côté, peu importe les tuiles qui leur arrivent. Et les distractions ne manquent certainement pas au cours d’une histoire, qui s’écarte gaiement de sa finalité dramatique – le McGuffin fort classique d’une somme à réunir le plus vite possible – pour mieux plonger dans des quartiers de New York que le réalisateur Adam Leon filme avec un naturel désarmant.
Dans toute sa modestie formelle et sa légèreté de ton, ce film ne peut que subjuguer, notamment grâce aux interprétations séduisantes, parce que nullement complaisantes, de Tashiana Washington et Ty Hickson dans les rôles principaux. L’authenticité de leur jeu et leur complicité manifeste sont pour beaucoup dans la réussite d’un film qui ne paie pas de mine, mais qui sait divertir vite et bien.

Vu le 3 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le festival du cinéma américain de Deauville s’était fait connaître dans ses premières années comme étant le tremplin indispensable des grosses productions américaines. Ce temps est révolu, mais ce festival continue à être indispensable, car il permet de découvrir depuis ces dernières années de jeunes réalisateurs, qui ne sont pas encore courtisés par les grandes majors californiennes, mais qui livrent des films intéressants et souvent intimistes - petit budget oblige. Hormis le film Francine, la sélection officielle du festival aura été encore un bon cru cette année. Les thématiques de la crise économique et de la famille recomposée semblent s'y dégager clairement.

Gimme the loot s’impose comme une bonne surprise et marque la première réalisation du jeune Adam Leon, qui signe également ici le scénario. L’histoire est assez simpliste et suit la trajectoire dans le Bronx de deux personnages, Sonia (Tashyana Washington) et Malcom (Ty Hickson), qui ont comme projet de peindre un graffiti conséquent afin de marquer leur territoire. Pour cela, ils doivent rassembler de l’argent en empruntant des chemins illégaux (vols dans des magasins et dans un appartement).

Ce qui attire notre attention est cette étude de comportement très ancrée dans le monde réel de deux jeunes afro-américains livrés à eux-mêmes, qui doivent survivre tout en ne comptant que sur eux-mêmes. Ce milieu très pauvre, qui n’a pas accès à des études universitaires, se replie sur l’éducation que lui donne le monde de la rue. Le réalisateur ne prend aucun jugement sur le comportement de ces deux jeunes. Il dresse un portrait d’une Amérique guère flatteuse, où la notion de succès et de réussite laisse beaucoup de monde (les pauvres) loin derrière. Cette sincérité de ton est la force de ce film qui emporte notre adhésion, car nous sommes ici loin du monde aseptisé des grosses productions américaines. Le monde des contes de fées n’existe pas et pour Malcom et Sonia la seule façon de s’en sortir et de s’exprimer semble donc passer par laisser leur empreinte (graffiti) sur les murs de leur quartier.

Le cinéma indépendant de New York, dont ce film est l’exemple parfait, repose sur des situations ordinaires et des acteurs non professionnels. Il est produit avec soin et surtout un dépassement de soi, afin de montrer que même avec des moyens étriqués, il est toujours possible de faire de bons films intelligents, dignes d’intérêt et enrichissants. Cette peinture sociale mérite donc d’être découverte et surtout montrée aux écoles de cinéma, comme l'exemple réussi d'un premier film.

Vu le 3 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: